mercredi, 11 février 2015
Le vrai vainqueur de la partielle du Doubs, c'est Christophe Guilluy
André Bercoff
Le Figaro cliquez ici
Le vrai vainqueur des élections partielles dans le Doubs, ce n'est ni le PS qui se frotte encore les yeux d'être pour une fois le miraculé de Lourdes, ni le FN qui avance spectaculairement vers le lit conjugal de la République mais n'arrive pas encore à concrétiser ; et encore moins, évidemment, l'UMP qui ressemble de plus en plus à la célèbre métaphore de Lautréamont : la rencontre d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table à dissection. Pour une fois, la victoire appartient aux analystes, à ceux qui ont eu - ils sont rares - la lucidité de mettre les vrais mots sur les vraies choses. Je pense notamment à Christophe Guilluy, l'auteur de «La France périphérique», lecture recommandée à tous ceux qui ont envie d'aller au-delà des apparences, à l'instar de quelques autres : Jean-Pierre Le Goff, Michèle Tribalat et tous ceux qui n'ont pas peur de braver l'omerta de la bien-pensance en rappelant que le Roi est nu, la politique aussi.
On l'a bien vu hier, en modèle réduit: les villes (Audincourt) ont voté largement PS, mais les bourgades, encore plus largement, FN. En France, les métropoles productives qui rassemblent bobos et immigrés votent pour les partis de gouvernement. La périphérie, les villes pavillonnaires, les villages, les campagnes, face au train de la mondialisation et autres Swissgate, qu'ils regardent passer médusés et qui représentent plus de la moitié de la population: paysans, ouvriers, employés, petits commerçants, artisans, retraités etc… se sentent de plus en plus laissés pour compte et ne savent plus dans quel pays ils habitent, devenus inconsciemment variables d'ajustement pour des gouvernants qui les ont, depuis longtemps, passés par pertes et profits. Du coup, ayant voté RPR puis UMP et ayant apprécié les résultats, apporté leurs suffrages au PS et constaté à quel point le changement, c'est maintenant, ils se retournent vers la seule offre politique non encore essayée. Les aberrations économiques du programme marinesque ne les effrayent pas, eu égard à la situation régnante. Quant au Front républicain, n'y croient plus que certains bateleurs dont le disque dur s'est arrêté aux années 50. Car de deux choses l'une : ou le FN est un parti fasciste et factieux et il faut l'interdire, ou il appartient en propre au paysage politique et il faut l'accepter comme tel, quitte à le combattre avec les armes de la raison et de l'esprit critique.
Pour le moment, nous sommes nombreux à ne pas avoir attendu les résultats du Doubs pour dresser le constat de décès d'une certaine manière de faire de la politique et la décadence absolue d'une Vème République mise à nu par ses célibataires mêmes. Entre les merveilleux tapis volants de la HSBC et le ras-le-bol des cocus de la quotidienneté, il faut choisir. D'urgence.
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