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samedi, 28 février 2015

De la chatte de Lagerfeld à la mise à sac de Mossoul : les ravages de l’idolâtrie

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Marie Delarue Boulevard Voltaire cliquez ici

Dans la France du chômage, de la crise, des attentats des fous d’Allah et de l’impossible réforme, l’événement qui agite le Tout-Paris est la reprise du Divan d’Henry Chapier par Marc-Olivier Fogiel. Ou quand un people travesti en journaliste confesse ceux qui en sont ou voudraient bien en être, y compris un Mélenchon entre deux manifs contre le libéralisme. Sur quoi ne grimperait-on pas pour montrer son derrière…

Donc, mardi soir dernier, ledit Fogiel confessait l’ineffable Karl Lagerfeld. Un homme plein de talent et d’argent, pétri de culture et de suffisance, dont on ne sait jamais – mais lui non plus, peut-être – où il situe la frontière entre sincérité et morgue provocatrice.

L’homme au catogan, aux éternelles lunettes noires et aux mitaines destinées à dissimuler ses taches de vieillesse, va sur ses 82 printemps. Bien cachés. Et depuis qu’il a franchi ses octante ans, le couturier/photographe/éditeur/libraire est amoureux. Fou éperdu de sa chatte Choupette, chose que nul aujourd’hui ne saurait ignorer.

Le prince de Hambourg Karl Otto Lagerfeld l’a donc redit à Fogiel, Choupette emplit sa vie comme personne jusqu’ici : « Si elle va chez le docteur pendant deux heures, je trouve que l’atelier est mort.[…] Quand je suis en voyage, toutes les heures on m’envoie une image. […] Je veux savoir qu’elle est contente, qu’elle n’est pas malade. Le vétérinaire a dit qu’il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi hystérique que moi avec ce chat… ». Alors, logiquement, Karl Lagerfeld en a fait son héritière.

« Choupette est une fille riche », dit le chattolâtre. Un bon parti en somme. Il l’a richement dotée, place sur un compte à son nom les fonds qu’elle retire de ses (incessantes) séances de pose, de la ligne de vêtements et d’accessoires qu’il lui a consacrée, des royalties issues de la vente de son livre Choupette, la vie enchantée d’un chat fashion, publié l’an dernier chez Flammarion. Choupette a deux nounous, un iPad pour faire mumuse avec des souris numériques qui défilent sur l’écran. Présente sur Twitter, Instagram et Facebook, elle aurait plus de 90.000 followers. « Elle a sa propre petite fortune, c’est une héritière : s’il m’arrive quelque chose, la personne qui s’en occupera ne sera pas dans la misère », conclut l’homme à la perruque poudrée.

« Vous ne trouvez pas ça un peu too much ? », lui demande quand même Fogiel. « Ça n’encombre personne, ça ne gêne personne… », répond Lagerfeld.

Peut-être que oui, mais peut-être que non. On peut y réfléchir. Que Lagerfeld découvre l’amour transgenre à bientôt 82 ans et idolâtre sa chatte siamoise est en effet une affaire qui ne concerne que lui, ou plutôt ne devrait concerner que lui. La vérité, c’est que lorsqu’il en fait la publicité mondiale et un objet de culte sur la Toile, cela devient une obscénité. Obscénité sociale, économique et culturelle.

Fait du hasard, Lagerfeld partage aujourd’hui l’actualité avec Daech dont les troupes barbares, utilisant comme lui la publicité des réseaux sociaux, nous offrent le spectacle de la mise à sac du musée de Mossoul, en Irak. En vidéo diffusée sur toute la planète : le « massacre des idoles ». Qu’ils disent. Des antiquités millénaires réduites en poussière à coups de massue et de marteau-piqueur, soit la perte incommensurable pour l’humanité d’un pan de son art et de son histoire la plus ancienne.

Considérant les choses sous cet angle, je ne suis pas sûre que l’idolâtrie de Karl Lagerfeld pour sa Choupette soit sans conséquence. Je suis même persuadée du contraire, certaine que le perruqué et sa siamoise offrent aux djihadistes une raison de plus de vomir notre Occident dégénéré.

11:03 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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