jeudi, 23 avril 2015
L’Italie submergée
Xavier Eman Présent cliquez ici
Les drames liés à la pression migratoire chaque jour croissante ne cessent d’endeuiller les côtes italiennes. Les cadavres que charrie la Méditerranée sont le terrible et tragique révélateur d’une situation de plus en plus intenable : l’explosion ces derniers mois de l’arrivée, dans des conditions toujours plus précaires, d’immigrés clandestins en provenance d’Afrique. Plus de 11 000 pour la seule première quinzaine d’avril ! Une situation dont les Italiens rendent en partie responsables – non sans une certaine légitimité – la France et plus particulièrement l’ex-président Nicolas Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères-bis Bernard-Henri Lévy qui, en déstabilisant la Libye et en faisant assassiner le président Kadhafi, ont fait sauter le dernier verrou contrôlant des flux migratoires de plus en plus massifs.
C’est désormais le plus grand désarroi qui règne dans une Italie déjà lourdement frappée par la crise économique et en cours de paupérisation. Le peuple italien, écartelé entre son émotion face aux drames du canal de Sicile et son exaspération devant le chaos suscité par l’afflux de clandestins, se sent abandonnée par l’Union européenne et par ses voisins. Dans les grandes villes, les couches populaires ont de plus en plus de difficultés à accepter de voir des établissements publics récemment fermés pour causes de restrictions budgétaires (maisons de retraite, centres sociaux, crèches…) rouvrir subitement pour accueillir des immigrés clandestins, et les incidents ne sont pas rares entre les communautés.
Des gouvernants sans réponses
Face à cette situation de plus en plus explosive, le gouvernement de Mateo Renzi semble totalement dépassé, se bornant à des discours larmoyants et des « appels à la solidarité » qui recoupent largement les déclarations des autorités de l’Eglise catholique. Celles-ci ne parviennent en effet pas à dépasser les imprécations sur « l’accueil » et la « charité », dans l’acception la plus étroite et la plus aveugle de ces deux termes, se refusant à considérer les drames innombrables que risque de provoquer dans l’avenir proche une « charité » inconséquente et déconnectée des réalités politiques et sociales.
Pour sa part, Matteo Salvini, le chef de file de la Ligue du Nord, parti identitaire et anti-immigration, a déclaré : « Qu’est-ce qui a changé en 18 mois à Lampedusa ? Faudra-t-il encore 700 morts pour se décider à bloquer les départs des bateaux de migrants ? Si les institutions de l’Union européenne ont un tant soit peu de bon sens, elles doivent organiser un blocus maritime et déterminer qui est un véritable réfugié et qui est un immigré clandestin. C’est l’hypocrisie de Renzi (ndlr : le président de centre gauche du Conseil italien) et d’Alfano (ndlr : le ministre de l’Intérieur de centre droit) qui provoque ces morts ! »
Une colère partagée par Simone Di Stefano, le vice-président du mouvement de la droite radicale Casapound Italia qui, de son côté, a affirmé : « L’Europe nous a abandonné. Il est temps de se rendre en Libye et d’occuper militairement la côte d’où partent les barges de clandestins, c’est la seule solution ! Sans cela, rien n’arrêtera une invasion qui a déjà franchi depuis longtemps le seuil de tolérance. Le peuple italien n’en peut plus, il faut agir. »
Une déclaration vigoureuse qui tranche avec l’impéritie du pouvoir italien et ses impuissantes jérémiades, le président de la région Toscane appelant même les Italiens, à « ouvrir leurs maisons aux réfugiés ».
Quant aux « responsables » de l’Union européenne, ils ont annoncé qu’ils allaient « se réunir très rapidement », sans doute jeudi, pour trouver les réponses qui s’imposent, mais, comme le dit avec justesse l’écrivain et militant de la droite radicale Gabriele Adinolfi, « comment ose-t-on ainsi nous avouer que l’on n’a pas encore réfléchi sérieusement à une question qui se pose depuis des années et met en cause, non seulement la sécurité des migrants, mais aussi l’identité des Européens » ? Une nouvelle démonstration, encore plus tragique que les autres car souillée de sang, de l’incapacité des institutions bruxelloises à gérer efficacement les dossiers les plus sensibles pour l’avenir des peuples européens qu’elles prétendent représenter.
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