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mardi, 02 juin 2015

A propos du nouveau livre de Pierre de Laubier "L'école privée de liberté"

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Article de Robert Spieler publié dans Rivarol du 21 mai 2015

Pierre de Laubier est l’auteur de ce petit ouvrage qui raconte comment, après avoir été libraire, il devint professeur dans une école dite « catholique ». Pas pour longtemps : 9 mois durant lesquels il eut à subir quelques déceptions qu’il nous raconte dans une écriture et un style excellents. Ceci est suffisamment peu répandu pour être souligné. Il  raconte la naissance de sa vocation, lui qui n’avait jamais envisagé d’enseigner, si ce n’est le catéchisme au collège que fréquentait son second fils. Il relève avec humour qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis mais qu’ « il est abusif d’en conclure que changer d’avis serait une preuve d’intelligence : abandonner une idée fausse pour une autre tout aussi fausse n’en est pas une ; abandonner une idée vraie pour une fausse est encore plus mauvais signe. » Le seul diplôme qu’il possédait était, raconte-t-il, « le baccalauréat, document d’aussi peu de valeur qu’un titre d’emprunt russe ou une liasse d’assignats ». Mais il existe un concours permettant, sous condition d’expérience professionnelle, de rejoindre la filière. L’auteur décrit son expérience à Saint-Vincent-de-Paul, dont il ne garde pas spécialement un bon souvenir. Il dépeint la directrice qui prétend faire profession de franchise, assénant : « On se dit tout », à tout va. Laubier, qui connaît son Proust rappelle que celui-ci faisait remarquer que la franchise consiste non pas à déclarer : « Je suis franc », mais à pratiquer la franchise, sans éprouver le besoin de le dire. Et puis, notre professeur relève cette réalité que nous avons tous pu constater : « Une affirmation trop souvent répétée veut souvent dire le contraire de ce qu’elle prétend. Il y a dans ce livre des maximes qui viennent tout naturellement sous la plume de Pierre Laubier, qui rendent sa lecture des plus agréables. Exemple : « On ne peut pas penser à tout (alors qu’il est tout à fait possible de ne penser à rien ». L’auteur évoque le cauchemar administratif auquel il fut confronté, er raconte qu’il découvre « le caractère délirant de l’administration en général » et que « ce qu’on observe de l’extérieur ne donne qu’une faible idée de la réalité ». Il s’en prend bien entendu au’ collège unique’ et relève qu’il y a « quelque chose de gratifiant et de presque magique dans cette expression que la propagande qualifie aussi de ‘collège pour tous’. Il note : « Céder à la magie des mots creux est une tentation irrépressible pour les hommes politiques : peu d’entre eux résistent à la gloire de promouvoir la culture pour tous, les loisirs pour tous, voire le mariage pour tous. » Le collège unique est évidemment une calamité, inventée sur des considérations purement idéologiques. Il repose sur l’idée que tous les enfants sont également doués, et que les inégalités de parcours découlent des seules origines sociales et, en dernière analyse « de noirs complots ourdis par les classes bourgeoises en vue de réserver le savoir et la réussite à leurs propres rejetons ».

Les écoles catholiques sont-elles mieux que les écoles publiques ?

Pierre de Laubier, évoquant son expérience n’en est pas du tout sûr que tous les établissements catholiques soient mieux que les établissements publics. En tout cas, il est sûr que Saint-Vincent-de-Paul ne l’est pas. Il cite notamment le cas de ces trublions qu’il n’était pas question de sanctionner : une faiblesse déguisée en indulgence qui voudrait se faire passer pour de la charité, dit-il. Mais une charité bien mal placée dont les élèves de bonne volonté sont les victimes. Il note qu’on ne parle plus guère d’écoles « libres », on préfère désormais évoquer des écoles « privées ». Les empiètements de l’Etat sur les libertés scolaires sont connus. Ce qui l’est moins, et que l’auteur nous dévoile, c’est le rôle des directions diocésaines laïcisées, bureaucratisées, voire noyautées. Ce sont des organismes opaques et illégitimes, qui ont confisqué les droits d’écoles que l’on n’ose plus qualifier de libres. Au point, écrit-il, que bien des catholiques convaincus s’y sentent désormais considérés comme des gêneurs. Laubier raconte une anecdote « signifiante » au sujet de l’école où il enseignait, la qualifiant de « mauvais établissement qui trompe les clients sur le poids et sur la qualité de la marchandise » et dont le qualificatif de « catholique » n’est pas mérité.  Sa colère s’alluma un 20 décembre, dernier jour avant les vacances de Noël. C’était, comme ils disent dans leur jargon une « journée banalisée »  . Parmi les « propositions » faites en l’honneur de la fête de Noël, il y avait d’une part une messe, ce qui est la moindre des choses, et une visite de représentants de diverses associations charitables. Et enfin des ateliers consacrés à la réalisation de panneaux. On pouvait imaginer, par exemple, des panneaux racontant la vie de saint Vincent de Paul. Pas du tout. Il s’agissait de réaliser des panneaux sur la vie de Mandela, ou plutôt à sa gloire. Quel rapport avec la nativité de Jésus ? Aucun !

 Enseigner « autrement »

Pierre de Laubier évoque en une litanie toutes les absurdités du système d’enseignement, des élucubrations pédagogiques qu’il a connus. Il aborde ce monstre qu’est la célèbre méthode globale d’apprentissage de la lecture et affirme : « Le fait qu’elle aille au rebours du bon sens est une des raisons qui fait que l’éducation nationale y tienne tant, malgré les preuves irréfutables  de son caractère inefficace et même nuisible. Il note fort justement que l’invention de la méthode semi-globale est, du point de vue intellectuel, encore pire. Cela revient, dit-il, à dire : « Si vous sautez par la fenêtre du dixième étage, vous allez vous tuer, alors sautez seulement du cinquième ».Excellent formule ! Son commentaire fort pertinent : « A la limite, demeurer de bonne foi enfermé dans une erreur me paraît plus défendable, d’un point de vue moral cette fois, que de réparer son erreur qu’à moitié une fois qu’on l’a constatée. » Il note la catastrophe que représente cet objectif absurde d’amener « quatre-vingts pour cent d’une génération au bac » et relève qu’en pratique, l’enseignement public est administré par les syndicats, et donc organisé pour servir avant tout les intérêts des professeurs, le bien des enfants et les désirs des familles venant loin derrière. Mais que faire des mauvais enseignants ? Eh bien, il faut pouvoir s’en séparer. Son propos : « Tant que les professeurs continueront à jouir de l’emploi à vie, comme tous les fonctionnaires, il faudra bien s’accommoder de la présence des mauvais, et que les bons se contentent, en guise de récompense de leurs talents et leurs efforts, de satisfactions purement morales ».

« L’enseignement catholique ne sert à rien »

Pierre de Laubier constate : « Ce qui m’attriste, c’est de voir quelle quantité de dévouement et d’abnégation qui reste à la disposition des écoles catholiques, de la part de professeurs, d’ecclésiastiques, de surveillants, de parents d’élèves et aussi, ne l’oublions pas, d’élèves, se trouve gaspillée, à cause de chefs d’établissement indignes de leur fonction et d’une organisation qui œuvre au rebours de sa mission. Conclusion du livre : « Dans ces conditions, à quoi sert aujourd’hui l’enseignement catholique ? La réponse est d’une grande simplicité : il ne sert à rien. La seule chose qui soit nécessaire, ce sont des écoles catholiques.

L’Ecole privée… de liberté, de Pierre de Laubier, 165 pages, à commander à Synthèse nationale, 116, rue de Charenton 75012 Paris ou sur le site synthese-editions.com - 14 euros franco de port

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