Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 29 septembre 2015

PAR DELA LA DROITE ET LA GAUCHE

9 JNI Ph Randa.jpgLa Chronique

de Philippe Randa

En politique, les changements d’étiquettes électorales sont courants… Quand ce ne sont pas les partis – généralement ceux de droite ou du centre – qui changent de noms au grée d’une pâtée électorale, de la prise en main d’un nouveau leader ou d’une stratégie de « renouveau » qui s’avère généralement un bluff de communication… ou les scissionnistes, s’imaginant que leur départ portera un coup fatal à leur formation délaissée et que les électeurs se laisseront inévitablement séduire par la création d’un nouveau parti, ce sont les transfuges qui rythment la vie politique.

Ainsi, François Meunier, conseiller municipal Front de gauche d’Antony (Hauts-de-Seine) tweetait récemment pour qu’on vienne le rencontrer sur son stand à la Fête de l’Humanité, mais ça, c’était au début du mois : aujourd’hui, il a rallié le Front national ! Car, explique-t-il, même si certaines prises de positions du parti à la flamme tricolore, notamment sur la nécessité de fermeture des frontières, ne sont pas les siennes, « on ne peut pas toujours adhérer à toutes les idées d’un parti (mais celui-ci est désormais le seul) à défendre la classe ouvrière (et) sur beaucoup d’autres sujets, notamment économiques, Front de gauche et Front national ne sont pas si différents » : une déclaration qui fera sans doute grincer quelques dents chez les intéressés.

Et pourtant, pour ce qui concerne les convictions réelles de François Meunier, remarquons qu’un véritable opportuniste aurait davantage été enclin à prendre à l’origine sa carte au Parti socialiste s’il est de gauche ou chez Les Républicains (ex-UMP) s’il est de droite – ou même encore chez les centristes – qu’au Front de gauche, au Front national, voire à Europe Écologie-Le Verts et ne parlons même pas d’autres formations, toutes groupusculaires.

En adhérant et en se faisant élire par le passé sous l’étiquette Front de Gauche, François Meunier bénéficie incontestablement d’une présomption de sincérité militante ; l’avenir le confirmera ou non.

Sur les grands débats actuels (choix entre souverainisme et européisme, entre politique d’ouverture ou de fermeture aux vagues migratoires, entre énergie renouvelable ou non, entre libéralisme ou  dirigisme économique, Mariage  pour tous, guerres internationales,…) ou plus anciens (suppression peine de mort, dépénalisation de l’avortement…), le citoyen peut revendiquer des convictions contraires au programme d’un parti auquel il apporte son suffrage.

Alors, est-il hérétique ou non de nouer des alliances ou de franchir le pas en rejoignant des camps supposés inconciliables ?

Si c’est le cas, à quoi bon alors organiser d’incessantes consultations électorales ? S’il doit être moralement interdit à un candidat d’évoluer, de changer de stratégie, pourquoi donc le serait-il permis davantage à un électeur, au risque qu’il passe lui aussi pour un indécis chronique, prêt à se laisser séduire, à défaut de convaincre, par le premier bonimenteur venu ?

Jusqu’à quand le citoyen supportera-t-il, toujours et encore, cette division arbitraire entre « droite » et « gauche », en surfant sur des définitions aussi brillantes que parfaitement creuses, puisqu’interchangeables, telle « gauche du travail et droite des valeurs », sous-entendant qu’à gauche on ignorerait les valeurs (lesquelles, d’ailleurs ?) et qu’à droite on mépriserait les travailleurs (Ah bon !)…

N’est-il pas plus judicieux de se positionner – et de s’opposer ! – sur des valeurs, dont celle du travail en particulier, par-delà la droite et la gauche ?

L’histoire a pourtant montré que les notions de « droite » et de « gauche », apparues à la Révolution française, n’ont jamais eu la moindre constance idéologique, toujours ballottées sur l’échiquier politique au gré des événements… et qu’elles n’ont d’autres utilitées en France de nos jours, qu’à assurer une rente électorale aux partis faillis de la Ve République.

Les commentaires sont fermés.