jeudi, 29 octobre 2015
Chronoque de la France asservie et résistante
Robert SPIELER - RIVAROL N° 3207 du 22 octobre 2015
PAS DE gros souci pour Florian Philippot qui a tranquillement placé trois de ses ami(e)s sur les listes pour les élections régionales en Ile-de-France. Ils ou elles sont à la fois attaché(e)s parlementaires de l’eurodéputé Philippot et membres de son équipe au siège du parti. C’est un peu plus compliqué pour Marion Maréchal. Elle explique, assez habilement dans Var-Matin, alors qu’elle est confrontée à la menace de voir se constituer une liste dissidente en Paca, menée par le maire d’Orange Jacques Bompard, et composée notamment d’anciens fidèles de Jean-Marie Le Pen : « Moi, je ne suis pas en rupture avec Jean-Marie Le Pen, je le vois, je discute avec lui. Je sais ce que je lui dois ! ». Jean-Marie Le Pen pose ses conditions, déclarant : « Je pense que Marion doit faire ce qu’il faut pour intégrer tous les patriotes de Paca dans sa liste […] Je pense que l’intérêt de la liste soutenue par le FN […] est d’intégrer le maximum de bonne volontés ». Il vient de demander lors de la dernière séance plénière du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, vendredi 16 octobre, à ses soutiens de se “rallier” à Marion Maréchal, évoquant « l’intérêt supérieur de la Paca et de la France ». Il a déclaré : « Stratégiquement, je demande à mes amis de ne pas se présenter (en dehors de la liste officielle du FN) et je demande à Marion Maréchal de faire une liste qui soit réellement ouverte, jusqu’au Front national ». Etrange formule… Le Front national ne serait-il plus dans le Front national, comme « Rome n’était plus dans Rome » pour reprendre l’affirmation de Quintus Sertorius dans la tragédie de Corneille ? Jean-Marie Le Pen explique : « Je lui ai fait mes suggestions » avec « une dizaine de noms » tout en affirmant que la composition des listes n’avait pas été abordée oralement lors de leur entretien. « Nous n’avons parlé que de choses bourgeoises », dit-il. Il estime (et il n’a certes pas tort) que « la présentation d’une liste dissidente » est « stratégiquement difficile ». JMLP espère sans doute ainsi pouvoir sauver de la guillotine mariniste quelques-uns de ses fidèles, ce qui semble cependant illusoire.
LA RÉCONCILIATION EN MARCHE EN PACA ?
La réconciliation serait-elle en bonne voie en Paca ? Vous plaisantez ? Marion Maréchal Le Pen a indiqué, il y a quelques jours à Toulon, qu’il n’était « pas question de chantage ou même de négociations ». « Je considère que je vais peut-être (peut-être !) défendre un certain nombre d’élus sortants en commission nationale d’investiture (CNI) mais de toute façon c’est la CNI qui tranche ». Et puis l’énervée en chef, Marine Le Pen, précise de façon assez méprisante : « Marion fait ce qu’elle veut pour organiser ses listes, elle les présente à la CNI (la commission nationale d’investiture) et c’est la CNI qui tranche ». Autant dire que ceux qui ont déplu un jour ou l’autre à l’excitée sont guillotinés d’avance. Dans quels bains de sang tout cela finira-t-il ? En attendant, les résistants ne baissent pas les bras. Plusieurs anciens conseillers régionaux, dont Lydia Schénardi, ont confirmé rejoindre les listes « Union des droites » du député-maire d’Orange Jacques Bompard (Ligue du Sud). Jean-Marie Le Pen, quant à lui, assure ne pas être « en guerre » contre sa fille, ajoutant : « Je suis un pacifique. J’ai multiplié les gestes de conciliation et réconciliation. J’espère qu’ils aboutiront ». Alors qu’on lui demandait quel message il voulait envoyer à sa fille Marine en se ralliant à sa petite-fille Marion : « Quel message ? Eh bien, je dis “aime-moi !” » Souhaitons-lui bon courage… La suite, sanglante, forcément sanglante, au prochain épisode…
JEAN-MARIE LE PEN À L’OFFENSIVE CEPENDANT
Ceux qui avaient imaginé que le Menhir se laisserait égorger sans réagir en sont pour leurs frais. Le 14 octobre il a assigné en justice le Front national pour demander sa réintégration au sein du parti dont il avait été exclu le 20 août et réclame également deux millions d’euros au FN au titre de dommages et intérêts. Et ce en réparation « du très grave préjudice » porté « à la fonction de président d’honneur » ainsi qu’« à sa dignité, à son honneur, à sa notoriété et à son action politique ». Dans l’assignation déposée au siège du FN, il exige aussi sa « réintégration parmi les membres » du parti et demande à la justice de « constater en tout état de cause que l’exclusion prononcée ne saurait avoir pour effet de remettre en question [sa] qualité de président d’honneur » et « de le priver des droits et devoirs statutaires attachés à cette qualité ». Dans cette assignation (de 65 pages !), l’avocat de JMLP, Frédéric Joachim, exige que le président d’honneur puisse siéger dans toutes les instances du parti. Depuis le 20 août, Le Pen n’a eu de cesse de contester son exclusion, estimant que ses “exécuteurs” — les quatre membres dirigeants du FN ayant voté la sanction — étaient « juges et parties » pour les uns, aux ordres de Marine Le Pen pour les autres. « La décision était prise à l’avance, par une formation dépourvue de toute objectivité, qui avait reçu l’ordre de la présidente d’exclure coûte que coûte M. Le Pen au mépris de toute impartialité, la réunion n’étant qu’un simulacre destiné à habiller cette exécution d’un semblant de démocratie interne », juge Frédéric Joachim dans son assignation. L’audience pourrait se tenir début 2016, selon L’Opinion qui nous raconte cet épisode du « totalen Krieg » (la guerre totale) qui l’oppose à Marine Le Pen. Il vient de remporter trois victoires judiciaires contre le parti squatté par sa fille. Sera-ce la quatrième ?
MORANO GAGNE TRENTE POINTS AUPRÈS DES ÉLECTEURS FN !
Une enquête Ifop-Fiducial récemment réalisée pour Paris-Match et Sud Radio nous l’apprend : Nadine Morano a gagné au niveau national cinq points d’opinions favorables, passant ainsi de 27 % à 32 %. Elle se retrouve ainsi au même niveau que Marine Le Pen, la présidente du Front National. Jamais elle n’a été aussi populaire depuis qu’elle a parlé de la France comme étant « un pays de race blanche ». L’enquête révèle ainsi que, dans le détail, la popularité de l’ancien ministre a grimpé de huit points chez les Républicains et de trente points chez les frontistes ! Elle obtient le même score que Philippot auprès des électeurs du FN (55 % d’opinions favorables). Mais la pauvre perd, on se demande pourquoi, huit points chez les socialistes. En attendant, elle veut être candidate aux primaires de 2016. Sarkozy n’a pas fini de souffrir… Après avoir sanctionné Morano, le leader des Républicains recule globalement de 2 points dont 6 points dans sa famille politique passant derrière Alain Juppé et François Fillon.
TROP DRÔLE ! LE PORTE-PAROLE DU KREMLIN SE MOQUE D’UN JOURNALISTE
Question dans le registre de la gravité du journaliste : « Comment différenciez-vous, lors des bombardements en Syrie, les terroristes normaux des rebelles modérés ? » Réponse du porte-parole du Kremlin : « Depuis le début des opérations militaires en Syrie, nous avons pris cela en considération. Contre les terroristes normaux, nous utilisons des bombes normales, et contre les terroristes modérés, nous avons recours seulement à des bombes modérées. Nous nous sommes orientés dans ce sens, autrement dit, dans le sens de la Justice. »
Le journaliste, sans doute un peu handicapé de la comprenette, lui demande : « Excusez-moi, mais pouvez-vous me dire en quoi les bombes modérées sont différentes des bombes normales ? »
Réponse : « Nos bombes normales se différencient des bombes modérées, exactement comme les terroristes normaux se différencient des terroristes modérés. Les secondes sont en fait peintes avec d’autres couleurs, aux tons décidément plus doux et plaisants. » Excellent !
MEIN KAMPF RÉÉDITÉ EN FRANCE
L’ouvrage manifeste écrit par Adolf Hitler, Mein Kampf, avait déjà été publié en France en 1934. Cette version (mal traduite) du livre écrit par le fondateur du national-socialisme est toujours disponible en France. 2500 exemplaires de ce pensum (800 pages), plutôt indigeste, ont été vendus en France en 2015. Le Land de Bavière était, curieusement, propriétaire des droits. Las, les meilleures choses aillant une fin, il n’en sera plus propriétaire à partir du 1er janvier. Du coup, l’éditeur Fayard s’empresse de le rééditer. Il n’y a, certes pas, de petits profits (voir la chronique d’Hannibal page 12). Oui mais, attention, on ne plaisante pas avec ces choses, d’autant que « le ventre de la bête est », comme nous le savons, « toujours fécond » (Brecht). Du coup, ces Tartuffes prennent la pose : « Un comité scientifique d’historiens français et étrangers » sera constitué indique la maison d’édition. Elle promet de fournir en début d’année prochaine des détails « sur le dispositif scientifique et académique encadrant cette publication, les partenaires associés à cette entreprise ainsi que sur l’institution destinataire des éventuels bénéfices ». Nous sommes impatients de savoir… En attendant, une édition, Dieu merci “critique”, est aussi attendue en Allemagne le 1er janvier prochain. Mais au Japon, que se passe-t-il ? Ça va, tranquille, merci. Dans le quartier Akihabara de Tokyo, on vend l’uniforme du soldat de la Wehrmacht ou la tenue de camouflage SS pour 185 euros. Et on y trouve Mein Kampf en version manga (bande dessinée japonaise). La version originale du livre d’Adolf Hitler est évidemment disponible dans toutes les bonnes librairies…
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