mardi, 06 avril 2021
L’ABBÉ YANN-VARI PERROT : POUR LA FOI ET LA BRETAGNE
Youenn Caouissin
Article paru dans le n°56 de la revue Synthèse nationale.
N’en déplaise à certains, l’abbé Yann-Vari Perrot (1877-1943) fut la plus grande personnalité du « Mouvement breton » de la première moitié du XXe siècle, et de nos jours il le reste, étant donné la pénurie d’élites authentiquement bretonnes, dans tous les domaines…
L'abbé Perrot, fils d’une fa-mille paysanne léonarde, très tôt orphelin, fut élevé par un oncle et une tante, avec leurs cinq enfants, dans l’amour de la foi et de la Bretagne, et bien évidemment, dans la langue bretonne. À l’âge de 12 ans, il entre à l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes de Guingamp, où on lui fait comprendre qu’il ne doit plus parler breton, sinon c’est la punition. Il en est ainsi dans la plupart des écoles chrétiennes, et ce, malgré les recommandations des évêques de défendre et promouvoir la langue bretonne. Mais cette interdiction l’est plus encore dans les écoles de la République. Pour le petit léonard qui n’a jusque-là parlé que breton, c’est le choc. Très éveillé d’esprit, c’est de cette interdiction que va naître sa vocation de défendre sa langue maternelle dont il perçoit les immenses richesses. Après ses années de séminaire où sa personnalité « d’entraîneur d’hommes » est remarquée par ses supérieurs, il est ordonné en juillet 1903 en la cathédrale de Quimper. C’est aussi le temps des persécutions religieuses. Le gouvernement français aux mains des anticléricaux, des francs-maçons (dont les plus beaux spécimens sont Émile Combes ou Georges Clemenceau) rejoue la Révolution française en spoliant l’Église de ses biens, en chassant les congrégations religieuses de leurs couvents, de leurs monastères, en leur interdisant l’enseignement et toute action sociale. Parallèlement, le gouvernement mène une guerre acharnée contre la langue bretonne, aussi bien à l’école qu’à l’église. Il ne lui a pas échappé que combattre la foi et la langue en Bretagne participe d’un tout. Le jeune abbé Perrot, avec ses compatriotes qu’inquiètent ces persécutions, sont dès lors décidés à rendre « coup pour coup » à cette engeance jacobine, anti-bretonne, anti-chrétienne, qui entend détruire la Bretagne. Ce sont aussi les années qui voient, avec une nouvelle génération, naître le premier Parti nationaliste breton (PNB). Dès lors, le combat breton ne va plus se contenter d’être l’œuvre d’aimables cercles régionalistes de notables érudits, se consacrant exclusivement à l’Histoire, le culturel, l’archéologie. Désormais, il va investir le terrain politique est investi. L’abbé Perrot qui se défend de se mêler de politique, surtout en tant que prêtre, sait parfaitement que les combats pour la langue, la culture bretonne et la foi ne peuvent se soustraire à ce combat, car finalement tout est politique, car l’ennemi est politique et même idéologique.
Le Bleun-Brug, un Puy du Fou avant l’heure
En 1905, au château de Kerjean en Saint Vougay, dont il est recteur, l’abbé Perrot fonde la fête du Bleun-Brug (Fleur de Bruyère). Cet événement, pour lequel il reçoit les soutiens de l’Église, de tous les notables, dont la majorité appartient à la noblesse bretonne encore très influente, mêle, loin de tout folklore, le culturel et le spirituel. L’enjeu est d’importance, car par le festif intelligent, il s’agit de rendre aux Bretons leur fierté de… Bretons. Fierté de leur langue, de leurs traditions, de leurs costumes, de leur culture, de leur Histoire dont ils ignorent tout. Parmi les personnalités qui vont promouvoir et défendre l’œuvre naissante de l’abbé Perrot, le Comte Albert de Mun qui œuvre avec La Tour du Pin à l’application de lois sociales en conformité avec la Doctrine sociale de l’Église. Justement, le programme éminemment social catholique du Bleun-Brug le séduit au point d’en accepter la présidence d’honneur, et de le défendre jusque dans l’enceinte du Palais Bourbon. C’est ainsi que jusqu’en 1914, le Bleun-Brug va aller de succès en succès, et être un événement vraiment populaire.
Août 1914, c’est la guerre, la mobilisation générale. Un monde s’apprête à disparaître, mais personne ne le sait. Toute l’œuvre de reconquête de l’âme, de la culture bretonne qu’a suscité en 10 ans le Bleun-Brug est anéantie ; l’abbé Perrot est contraint de suspendre la publication de sa revue Feiz ha Breiz qui était « La Voix du Bleun-Brug et de la renaissance bretonne ».
L’abbé Perrot est mobilisé. La République, qui n’a de cesse de diffamer, de persécuter les prêtres, est bien aise de les mobiliser pour sa défense, et le clergé breton paiera un lourd tribut du sang dans cette boucherie européenne. Comme beaucoup de ses confrères, l’abbé Perrot remplira sans hésiter, en tant qu’infirmier-brancardier, ses devoirs et sera le compagnon d’infortune de ses compatriotes si nombreux à se faire tuer pour les « valeurs de la République ». Il va même se comporter en héros, n’hésitant pas, au risque de sa vie, à prendre la place d’un père de famille qui était envoyé en mission au cœur du front et avait toutes les chances d’y laisser sa peau. Pour ce sacrifice risqué, mais réussi, l’abbé Perrot sera cité à l’Ordre de la Nation et recevra la Croix de guerre du combattant et la Médaille militaire Interalliée de la Victoire. Plus tard, à ceux qui l’accuseront par son militantisme breton de nourrir et diffuser un « esprit anti-français », il n’hésitera pas à mettre sous le nez de ses accusateurs ses états de service au front.
Une société bretonne totalement bouleversée
En quatre années de guerre, la société bretonne a été plus bouleversée que par les quatre siècles d’union à la France. De retour du front, l’abbé Perrot ne reconnaît plus la Bretagne qu’il avait laissée quatre ans plutôt ; tout a changé : les mentalités, les habitudes, l’habillement où domine chez les hommes l’affreuse casquette prolétaire qui a remplacé l’élégant et fier chapeau breton, et chez les jeunes filles et les femmes, ce n’est guère mieux. La langue bretonne, les traditions ont partout reculé, y compris à l’église. La guerre a accéléré la francisation des Bretons. Désormais, beaucoup, fiers de leur nouveau statut de héros de guerre, ne se considèrent plus que comme français et tournent le dos à la société bretonne d’avant, incarnée par le costume ou la langue. C’est dans ce contexte d’une société blessée au cœur, où domine les veuves, les orphelins, les mutilés, que l’abbé Perrot va relancer son Bleun-Brug, sa revue Feiz ha Breiz. Il peut toujours compter sur les notables qui le soutenaient avant la guerre, mais leur influence a beaucoup diminué. La guerre a aussi porté un coup fatal à la petite noblesse bretonne, au clergé, et le combat breton s’annonce difficile. Bien que les Bretons, les prêtres, se soit montrés exemplaires au front, le gouvernement français, sans reconnaissance, va reprendre sa guerre contre tout ce qui est breton. Ce sera la célèbre insulte aux Bretons du député De Monzie : « Pour l’unité de la France, la langue bretonne doit disparaître ! », parfait résumé de l’entreprise d’acculturation menée par la France républicaine, jacobine, maçonnique.
De 1920 à 1943, malgré bien des difficultés, des oppositions de toute nature, l’œuvre du Bleun-Brug va, comme avant-guerre, aller de succès en succès, et c’est bien pour cela qu’il va être l’objet d’attaques constantes visant à entraver sa marche en avant. Si l’abbé Perrot peut compter sur le sotien de sa hiérarchie, ce soutien est néanmoins un frein car le regard que l’Église porte sur la question bretonne diffère de celui de l’abbé Perrot, non sur le fond, mais sur la forme : la vision de l’Église est culturelle, celle de l’abbé Perrot est franchement nationaliste, d’où les conflits continuels avec son évêque, Monseigneur Duparc, et plus encore avec son vicaire général, Joncour.
En 1930, pour « calmer » les ardeurs nationalistes de l’abbé Perrot, son évêque le nomme recteur de Scrignac. Cette commune rurale des Monts d’Arrée, entièrement déchristianisée, est un fief communiste, tant et si bien qu’on l’appelle « la montagne rouge » ou encore « la petite Russie bretonne ». Cette nomination en un lieu où l’Église est haïe est indiscutablement une sanction pour l’abbé Perrot, et va se révéler par la suite être lourde de conséquences.
Quoi qu’il en soit, cet exil, loin de calmer les ardeurs bretonnes de l’abbé Perrot, va au contraire décupler son zèle combatif. L’abbé va faire de son presbytère de Scrignac un « haut lieu du nationalisme breton et de la culture bretonne », où va se retrouver toute une jeunesse militante, non seulement bretonne mais aussi des autres pays celtiques. L’abbé Perrot est un prêtre rassembleur, il a en horreur les querelles stériles entre Bretons qui militent pour la même cause, la Bretagne, et tout le monde se le tient pour dit. Il est intransigeant sur deux points non négociables : la Foi et la Bretagne, sa devise-programme pour le relèvement de la Bretagne n’est-elle pas Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne).
Historien, poète, musicien, dramaturge, linguiste, bâtisseur
C’est sur plusieurs fronts qu’il va mener son combat, car pour le relèvement de la Bretagne tout se tient. Il est donc indispensable de prendre en compte tout ce qui fait l’âme de la Bretagne : son histoire, (le plus grand des défauts des Bretons étant, par la faute de la République, d’ignorer qu’ils ont aussi une histoire), sa culture (chants, musique, littérature, et bien évidemment la langue qu’on lui avait interdit de parler quand il était jeune. Ses Bleun-Brug sont l’occasion de défendre, de promouvoir tous les tous les aspects de l’identité bretonne, par la culture, le théâtre… Ces années d’entre-deux-guerres sont extrêmement riches en initiatives, grâce à des associations comme les Seiz Breur (les sept Frères) ou An Droellen (la Spirale) qui regroupent ce qu’il y a de meilleur dans l’artisanat, l’art breton. Le mot d’ordre est alors que tous ce qui se crée soit source de beauté, de sacré et puise aux racines les plus profondes de l’âme, de la culture bretonne, celte.
L’abbé Perrot est aussi un prêtre bâtisseur. À son époque, le patrimoine architectural breton, qu’il soit religieux ou profane, est dans un état très proche de la ruine, et porte toujours les stigmates du vandalisme des sans-culottes. Son rêve : effacer toutes les plaies de la Révolution en restaurant églises, chapelles, calvaires, manoirs.
C’est dans cet esprit qu’en 1935, dans les ruines de l’abbaye de Landévennec, il lance le projet de la reconstruire. Ce rêve, il n’en verra pas l’aboutissement car il ne deviendra réalité qu’en 1953, Aujourd’hui, si ce lieu de culte est ressuscité, c’est grâce à l’abbé Perrot. Malheureusement, celui-ci en a été bien mal récompensé : son intervention est totalement occultée et l’abbaye, gagnées aux lubies conciliaires, progressistes et apatrides, ne perd pas une occasion de trahir l’idéal breton qui lui a permis de renaître.
Le chef-d’œuvre de l’abbé sera la reconstruction de la chapelle Notre-Dame de Koad-Kéo en Scrignac, elle aussi ruinée par la Révolution, rebâtie dans un style néo-breton, mais en fidélité aux racines architecturales de l’esprit celte. Il avait encore bien des projets, comme repeupler toutes les niches intérieures et extérieures des églises et chapelles, des statues de saints abattues par les sans-culottes. De quoi donner du travail aux granitiers et sculpteurs durant toute leur vie, tant ces niches se comptent par milliers. Il voulait aussi ériger au sommet du Menez Home, qui domine la Baie de Douarnenez, une gigantesque statue (17 mètres de haut) de Sainte Anne. Mais, comme la Première Guerre mondiale, la Seconde va réduire à néant ces autres vingt années de luttes, et rendre irréversible la francisation, la laïcisation de la Bretagne.
Défenseur de l’école chrétienne, contre toutes les idéologies
L’abbé Perrot sait parfaitement que le combat breton se situe aussi, et d’abord, au niveau de l’enseignement. La République et ses « Hussards » le savent aussi et emploient tous les moyens pour déraciner les petits Bretons. Dans ce combat, l’abbé Perrot a le soutien de sa hiérarchie, mais est trop souvent contré par des confrères, des religieuses que séduisent les idées modernistes en embuscade. Une phrase résume sa pensée, phrase d’une grande actualité, tant pour la France que pour toutes les nations d’Europe, à l’heure où les mondialistes s’efforcent de déraciner leurs jeunesses : « Il y a des écoles où l’on enseigne à renier Dieu. Dans presque toutes on leur apprend à renier leur patrie. Est-il un crime plus grand que de dresser un peuple à ne pas croire en Dieu, à ne pas croire en la patrie ? », constat d’une grande actualité, tant pour la France que pour toutes les patries d’Europe où les mondialistes s’efforcent prioritairement de déraciner leurs jeunesses.
Dès le début de son sacerdoce, il va se faire connaître comme un farouche ennemi de toutes les idéologies anti-chrétiennes qui ont en germe le mondialisme niveleur des patries : franc-maçonnerie, laïcisme, jacobinisme, progressisme, qu’il soit laïque ou « chrétien », communisme... De ce fait, il va se faire beaucoup d’ennemis. Il dérange d’autant plus que tous les Bretons conscients de leur identité le reconnaissent comme chef et « père spirituel ». Toute l’engeance anti-chrétienne, anti-bretonne a reconnu dans le recteur de Scrignac l’homme à abattre. Chateaubriand disait : « La Révolution justifiait ses crimes par des calomnies pour faire ensuite de ses calomnies le prétexte de ses crimes ». C’est exactement à quoi vont s’employer ses ennemis. La Seconde Guerre mondiale, l’Occupation, la Résistance vont offrir autant d’occasions de passer à l’acte. Éliminer l’abbé Perrot, et du même coup décapiter le mouvement breton devient une urgence. Ce sera chose faite à la « Libération ». C’est bien parce qu’il s’opposait à toutes les forces destructrices des patries et du christianisme qu’il est assassiné en 1943. Or, de nos jours, ces forces révolutionnaires continuent de poursuivre de leur haine Yann Vari Perrot. Ainsi, en avril 2018, soixante-quinze ans après le meurtre, sa tombe ainsi que la chapelle Notre-Dame de Koat-Keo, à Scrignac, ont été profanées (croix celtique renversée et tags « antifas »). Puis, en juillet 2019, trois mois après Notre-Dame de Paris, la chapelle a été la proie d’un terrible incendie…
L’abbé Perrot va être accusé de collaboration avec l’occupant, une accusation facilitée par la présence d’une petite Kommandantur dans son presbytère. La publication dans sa revue, Feiz ha Breiz du massacre de Katyn qu’il attribue aux Soviétiques, sa dénonciation des bombardements criminels des villes bretonnes, françaises, allemandes signent en quelque sorte son arrêt de mort. Il justifie son article sur Katyn par le fait qu’il ne veut pas que les forêts bretonnes deviennent de nouveaux Katyn en cas de victoire des Rouges, Mais ce que les communistes ne pardonnent pas à l’abbé Perrot, c’est qu’il est parvenu, malgré bien des épreuves, à ramener à Dieu une grande partie des Scrignaciens, à les détourner du communisme. Il était donc urgent d’en finir avec un curé qui ne se contentait par de dire la messe et de confesser, comme ses confrères et qui avait l’outrecuidance de donner une conscience bretonne aux Bretons, à la jeunesse.
En septembre 1943, un « tribunal » se réunit à Scaër, et des juges autoproclamés décident la mort de l’abbé, « convaincu d’avoir dénoncé des patriotes aux Allemands ». Le 12 décembre 1943, jour de la Saint Corentin, l’abbé Perrot s’en va dire la messe du saint dans la chapelle Saint Corentin de Toul ar Groaz qu’il a restaurée treize ans plus tôt. Sur le chemin du retour, en compagnie de son petit enfant de chœur, son assassin, Jean Thépot, désigné pour exécuter la sentence, l’attend, révolver au poing. Il est midi. Deux coups de feu retentissent dans la campagne. L’abbé, mortellement atteint, tombe, exactement au même endroit et dans les mêmes circonstances (tout en marchant il disait son chapelet) que son prédécesseur, l’abbé Klaoda Jegou, abattu en 1797 par les sans-culottes. Il va agonir sur le bord de la route, dans son sang, la boue et le froid, durant trois heures, sans secours, sinon celui de sa servante Anna Le Douce, accourue, qui pleure et le sert dans ses bras. C’est seulement vers 15 heures que, prévenus, les Allemands viennent le chercher et l’emmener au Presbytère où il décédera à sept heures du soir.
La nouvelle de son assassinat est un choc terrible pour l’ensemble du mouvement breton, pour tous les nationalistes qui viennent de perdre leur Père. Les communistes n’ont pas frappés au hasard, mettant ainsi en place un engrenage répressif irréversible. Les obsèques de l’abbé Perrot attirent à Scrignac toute l’élite bretonne, et bien des personnalités du monde celtique ; elles sont présidées par Monseigneur Duparc, et leur solennité est digne des obsèques d’un « Prince de l’Église », d’un chef d’État, et surtout du martyr, du saint qu’il est devenu par son sang versé pour la Foi et la Bretagne. La cérémonie a lieu sous haute surveillance allemande, car les maquisards communistes ont fait savoir leur intention de tuer tous ceux qui seraient présents, l’occasion étant trop belle pour en finir avec le mouvement nationaliste breton.
Le 27 janvier 1944, en l’église Saint Germain de Rennes, le Comité Consultatif de Bretagne dont était membre l’abbé Perrot fait célébrer une messe solennelle de Requiem. Comme à Scrignac pour les obsèques, toute l’élite culturelle et politique bretonne est présente, ainsi que divers corps constitués. Monsieur Abel Bonnard, ministre de l’Éducation nationale, a tenu au nom du gouvernement à s’y faire représenter. Cet hommage réaffirme l’aura indiscutable de l’humble recteur de Scrignac.
Un sacerdoce exemplaire
Ses ennemis, certains confrères, parfois sa hiérarchie et des amis lui ont reproché de « sacrifier son ministère à ses combats bretons ». Ce reproche injuste le faisait pleurer et entrer dans une sainte colère. Il répliquait qu’il était « Soldat du Christ avant tout ». Sa de-vise Feiz ha Breiz en témoignait : la Foi d’abord, la Bretagne ensuite, mais pour lui, il n’y avait pas de problème car les deux était indissociables. La Bretagne ne pouvant être véritablement bretonne qu’en étant chrétienne, alors elle serait. L’abbé Perrot avait pour souci la jeunesse « sa plus belle couronne ». Pour lui, la défense du mariage, de la famille nombreuse, cellule sacrée du pays, garante de son avenir, était un combat d’urgence, face aux menaces des lois mortifères de la République. Il aimait la beauté, le sacré d’une belle liturgie qui élève l’âme vers Dieu et ancre l’homme dans la foi. L’abbé Perrot était un prêtre exemplaire, un monument d’humilité et de charité, calquant tout son sacerdoce sur l’exemple des saints bretons dont il était un grand spécialiste. En cela, il fut, et il reste le modèle parfait du prêtre au service de son peuple, comme le fut le prêtre polonais, le père Jerzy Popieluszko, assassiné par les communistes en octobre 1984, et pour les mêmes raisons puisqu’il disait que « son cri était celui de sa patrie ». Le cri de l’abbé Perrot fut aussi « le cri de sa patrie bretonne » menacée dans toute son identité par cette République apostate, niveleuse des petites patries. Perrot, Popieluszko, deux prêtres témoins de la barbarie communiste.
Malheureusement, les Bretons et l’Église ignorent l’abbé Perrot, perpétuent la doxa communiste, alors que les Polonais ont reconnu le Père Popieluszko comme héros, et surtout comme martyr et saint. Nous pouvons affirmer que si la Bretagne avait suivi la voie que lui montrait l’abbé Perrot, à savoir une fidélité sans failles à ses racines bretonnes, chrétiennes, elle ne serait pas aujourd’hui le clone d’une France décadente, submergée, au bord de la disparition. L’abbé Perrot disait en 1930 que « Si la France est tombée si bas, c’est parce qu’en elle, depuis la Révolution, toutes les vertus chrétiennes se sont éteintes les unes après les autres, et qu’elle risque de ne plus s’en relever ».
Un avertissement d’actualité, pour la France, pour la Bretagne, pour l’Europe, pour notre civilisation…
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