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vendredi, 07 janvier 2022

Comment Macron installe la zizanie civile

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Yvan Rioufol

 Un vœu pour 2022 ? Sortir de là. En finir avec ce monde diabolique construit sur la division, la suspicion, la délation, la vulgarité. Cet univers affreux a été créé par Emmanuel Macon, enivré de son pouvoir discrétionnaire.

« Je suis quelqu’un de très humain », avait- il dit le 15 décembre. Lors de ses vœux, il avait émis un souhait brumeux: «Restons du côté de la vie.» En réalité, son bilan illustre la réflexion  de Chateaubriand: «Un gouvernement pervers introduit le vice chez les peuples, comme un gouvernement sage fait fructifier la vertu. » Les appels à l’« apaisement » du chef de l’État ont consisté à monter les uns contre les autres : mondialistes contre populistes, européistes contre souverainistes, déracinés des métropoles contre enracinés des périphéries, « élites » contre « gilets jaunes ». Et désormais vaccinés contre non-vaccinés.

La peur et la haine ont toujours fait bon ménage. Tous deux se confortent dans la surenchère mimétique. Aussi ne faut-il pas s’étonner des effets produits par la constante dramatisation officielle du Covid, en dépit de sa faible létalité (0,05% de la population). La mortalité est encore plus réduite avec le dernier variant Omicron. C’est Jean Castex qui, le 17 décembre, avait donné son feu vert à la loi des suspects, en désignant les non-vaccinés comme cibles de la terreur sanitaire : « Il n’est pas admissible que le refus de quelques millions de Français de se faire vacciner mette en risque la vie de tout un pays (...) » Ce recours au bouc émissaire permet au gouvernement de faire oublier sa responsabilité dans la faillite du système hospitalier, et son erreur d’avoir tout misé sur un vaccin à l’efficacité modeste, sauf pour les plus fragiles. Le virologue Jean-Michel Claverie le qualifie même d’ « escroquerie ». Cependant, cette chasse à l’homme, relancée mercredi par Macron, est ignoble.

Macron n’est plus en guerre contre un virus, mais contre des Français coupables de résister à l’hystérie sanitaire. Dans Le Parisien, il a dit vouloir « emmerder » les non-vaccinés, qualifiés d’« irresponsables » et de non-citoyens. Cette zizanie est de l’huile jetée sur le feu. L’agression est soutenue par Olivier Véran, ministre de la Santé. Il compare certains non-vaccinés à « un magma des gens enkystés (...) dans une forme de délire ». Une meute de sycophantes, encouragés par l’État, dressent des listes de non-vaccinés, les insultent, les accusent d’être des assassins. Dans le JDD, un professeur de médecine, André Grimaldi, suggère aux non-vaccinés de renoncer à être réanimés en cas de forme grave de Covid, afin de laisser leur place. Faudrait-il écarter des soins les fumeurs, les buveurs, les chauffards et tous ceux qui ne vivent pas en charentaises ?

Oui le covid rend fou.

Le pouvoir hygiéniste ne peut consolider son autotitarisme qu’en poursuivant sa fuite en avant dans l’angoisse sanitaire, en dépit des faits « 70% des patients en réanimation ne sont pas vaccinés », martèle la propagande, reprise par les perroquets. En réalité la Direction de la recherche, des études, des évaluations et des statistiques (Dress) a comptabilisé, en octobre, 51 % de non- vaccinés en soins critiques, et 42 % de vaccinés. Il est vrai que les non- vaccinés sont neuf fois plus vulnérables que les vaccinés. Mais la Raison, dont Macron se dit le dépositaire, devrait l’inciter à abandonner sa politique disproportionnée et ses obligations absurdes. Forcer à la vaccination sans la rendre obligatoire revient à extorquer un consentement, en violation de la Constitution qui veut, depuis 1789, que « nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle (la loi) n’ordonne pas ». L’État de droit est atteint.

Parler aux gens

L’infantilisation des Français a assez duré. Ceux qui se révoltent ont de bonnes raisons. Au prétexte de « protéger » et de « sauver des vies », le pouvoir ne sait plus parler aux gens sinon en les terrorisant et en les insultant. Cette panique n’est pas propre à la France. Cependant ce gouvernement est devenu maître dans la fabrique de la peur et de la haine. Sa défiance vis-à-vis des citoyens est telle que ses technocrates multiplient sans entraves des interdits ubuesques, comme de rester debout au bar d’un bistrot ou de ne plus grignoter dans un train. Le « raz de marée Omicron », brandi par Véran pour justifier le passe vaccinal et la généralisation du masque y compris aux enfants, est construit sur le récit apocalyptique imposé depuis deux ans. Ce dernier est indifférent aux données objectives. Or les observateurs constatent que cet Omicron, qui toucherait surtout les vaccinés, est plus contaminant mais moins dangereux.

Les vendeurs de trouille reprochent aux non-vaccinés de ne pas regarder la réalité des admissions hospitalières. Mais ils refusent eux-mêmes d’admettre que le vaccin génétique a échoué à endiguer l’épidémie et st la cause d’effets secondaires parfois graves. «  Il n’y a pas d’autres choix que le vaccin », répète Castex sans vouloir évoquer la solution des soins. Macron a réduit son programme à trois mots : « Vacciner, vacciner, vacciner. » La démocratie y laisse des plumes.

Rien ne justifie, vu la médiocrité du vaccin et la banalisation du virus, la précipitation du gouvernement à vouloir faire appliquer son énième projet de loi sanitaire avant le 15 janvier. Imposer le passe vaccinal, c’est-à-dire une société de contrôle numérique et de surveillance pour les gestes les plus anodins, est un basculement sociétal. Il est prévu que des « vérifications de concordances documentaires » (contrôles d’identité) pourront être déléguées aux bistrotiers ou aux restaurateurs eux-mêmes ! Les atteintes aux libertés individuelles crèvent les yeux. Lundi soir, le refus des députés d’opposition de cautionner des débats « à la sauvette » - en retardant symboliquement le calendrier arrêté par l’Élysée - est venu rappeler ce qu’était devenu le Parlement : une chambre d’enregistrement des décisions du chef de l’État. Ce dernier a pris les pleins pouvoirs sur le dos de la démocratie. Les décisions sont arrêtées dans l’entre- soi de l’opaque Conseil de défense sanitaire, conseillé par un Conseil scientifique impénétrable. Pourtant, les députés Républicains ont voté ce passe de la honte, contesté par le RN et LFI. Les libéraux ont, ici, changé de camp...

Nerfs à vif

Le vaccin sera, avec l’Europe, le terrain de prédilection du probable candidat Macron. C’est à son bon plaisir que, le 31 décembre, le drapeau européen a remplacé le drapeau national sous l’Arc de triomphe. Un geste vite corrigé a vu des protestations. L’opinion a les nerfs à vif.

Source : Le Figaro 7/01/2022

12:29 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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