samedi, 12 mars 2022
Tyrannie à la canadienne
La chronique flibustière de
Georges Feltin-Tracol
Au moment où le monde entier se focalise avec raison sur le sort de l’Europe orientale, des politiciens occidentaux plus ou moins gâteux traitent leurs homologues de « dictateurs » alors qu’une authentique tyrannie s’établit en silence au Canada.
Le 28 janvier 2022 débutait sur les autoroutes du royaume américain le célèbre et imposant « Convoi de la Liberté » qui allait bientôt déferler sur Ottawa dans l’ordre, la bonne humeur et la propreté. Propriétaires de leur outil de production, leurs camions, les chauffeurs routiers s’élevaient contre l’obligation vaccinale imposée pour franchir la frontière avec les États-Unis. À cette revendication initiale s’en ajoutèrent d’autres comme l’exaspération des contraintes sanitaires liberticides et une franche hostilité envers le gouvernement fédéral du libéral Justin Trudeau.
Sous prétexte d’être atteint par le covid-19, surtout désorienté par cette fronde massive inouïe inédite, Trudeau quitta piteusement la résidence officielle du Premier ministre et se réfugia dans une maison de campagne. Pendant quelques jours, les autorités municipales d’Ottawa, provinciale de l’Ontario et fédérales du Canada se trouvèrent désemparées. Incapables de comprendre cette vigoureuse protestation populaire et professionnelle, elles pratiquèrent la désinformation de masse et le détournement de l’actualité. Réfugié dans sa tour d’ivoire, en bon libéral progressiste, Justin Trudeau ne commença aucune discussion avec les camionneurs, les méprisant ouvertement.
Puis, le 14 février, aidé au Parlement par l’extrême gauche du Nouveau Parti démocratique, il activa la loi sur les mesures d'urgence. Adopté en 1988 pour remplacer la loi sur les mesures de guerre de sinistre mémoire, ce texte instaure l’état d’urgence sécuritaire. Outre l’arrestation de tout opposant et l’interdiction de manifester, ces dispositions exceptionnelles prévoient l’illégalité des occupations sur la voie publique et des blocages routiers. Pis, elles facilitent le gel immédiat du compte en banque des manifestants ainsi que leur éventuel licenciement, prémices d’une mort sociale certaine. Sans oublier un matraquage médiatique considérable en faveur du régime en place. Depuis cette date, le Canada détient des prisonniers politiques. Qui s’en soucie ?
Justin Trudeau est bien le digne rejeton de son père, l’ignoble Pierre-Eliott Trudeau. Ce dernier usa en 1970 de la loi martiale contre le réveil national québécois. L’attitude hautaine de son gamin se comprend facilement. La révolte des camionneurs férocement réprimée entrave son projet ultime déjà mûri par le paternel de lugubre mémoire : transformer le Canada en premier État multiculturaliste, cosmopolite et post-national de l’histoire. Cette volonté délirante s’inscrit dans la diffusion et l’encensement des théories multiculturalistes les plus démentes afin de noyer, d’étouffer et de fondre la spécificité ethno-culturelle et linguistique canadienne-française (Québécois, Acadiens, communautés francophones de l’Ouest) dans un magma contractuel consumériste égalitaire civico-moral…
Le multiculturalisme officiel se prolonge aujourd’hui en idéologie wokiste. En 2019, le gouvernement fédéral a versé une subvention de 163 000 dollars au nom de la décolonisation des sciences physiques. Il importe de les libérer de leur matrice européenne ! Wokiste acharné, Justin Trudeau s’agenouille huit minutes en mémoire du délinquant multirécidiviste George Floyd. Il attend en revanche onze jours avant de condamner du bout des lèvres l’assassinat de Samuel Paty peut-être coupable à ses yeux d’être Européen… Dommage que Justin Trudeau n’ait pas de jumeau; ils auraient été les Dupont et Dupond de la politique - spectacle internationale. Trudeau a l’habitude de s’habiller à la mode locale quand il se rend en voyage officiel dans un État exotique au risque de susciter des remous diplomatiques inattendus.
Sur le plan intérieur, le Premier ministre canadien accumule autant les scandales politico-financiers que les gaffes. En pleine séance de la Chambre des Communes, il tance la députée conservatrice Melissa Lantsman coupable de soutenir les convoyeurs de la Liberté dont certains brandiraient des croix gammées. Or, cette élue accusée de néo-nazisme implicite est de confession juive…
Le tournant despotique du gouvernement canadien se caractérise enfin par une série de projets de loi destinés à combattre la haine et les discriminations. Par exemple, un texte encore en discussion considérerait comme discriminatoire et donc passible de poursuites judiciaires le non-respect de l’identité et de l’expression de genre. Un autre entend renforcer la répression des « discours de haine ». Il prévoit qu’un certain Tribunal canadien des droits de la personne prononcerait de lourdes amendes à tous ceux qui useraient d’un « langage haineux ». Toujours dans le cadre de ce projet de loi, les individus pourraient aussi porter plainte à titre préventif, donc avant qu’ils entendent l’éventuelle infraction, envers des individus susceptibles de tenir des « propos haineux ». Il va de soi que ce tribunal considère déjà comme un « langage de haine » tout ce qui va à l’encontre du discours officiel, de la doxa médiatique dominante et de la rhétorique gouvernementale.
Devant cette chape de plomb intellectuelle qui avance inexorablement, rares sont les associations supposées défendre les libertés d’expression et d’opinion qui s’en offusquent ! Ailleurs dans le monde non occidental, les condamnations morales tomberaient aussitôt… À l’instar de son complice néo-zélandais, le Premier ministre féminin Jacinda Ardern très en pointe dans la gestion orwellienne des foules, Justin Trudeau agit en potentat ploutocrate. Avant de se faire violemment expulsés, les participants du Convoi de la Liberté n’avaient pas hésité à décrypter Trudeau en Tyrant, Ruthless, Unrealistic, Damaging, Egotistical, Arrogant et Uncivil, soit, si on traduit rapidement, « tyran », « impitoyable », « irréaliste », « déglingué », « égoïste », « arrogant » et « impoli ». Tous ces qualificatifs finement trouvés conviennent parfaitement à ce triste sire.
Salutations flibustières !
« Vigie d’un monde en ébullition », n°23, mise en ligne le 9 mars 2022 sur Radio Méridien Zéro.
00:43 Publié dans Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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