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vendredi, 13 janvier 2023

Un nouveau livre de Franck Abed consacré à Napoléon

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Franck Abed est passionné par l'Histoire de France et par la politique. D'ailleurs, l'un va rarement sans l'autre. Militant, il anime tout un réseau de médias alternatifs. Il fut l'un des premiers, au début des années 2000 à réaliser des entretiens politiques filmés qui avaient, avant l'heure, déjà une belle audience.

Il vient d'écrire un ouvrage consacré à Napoléon et il explique dans un entretien qu'il a édité récemment sur son site son intérêt pour celui qu'il appelle "le héros éternel". Entretien que nous publions aujourd'hui pour présenter son livre.

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La légende de Napoléon est indissociable des circonstances de la bataille qui mit fin au « retour de l’Aigle ». Vous avez toujours affirmé que le 18 juin 1815 la victoire était à la portée de l’Empereur. Confirmez-vous encore ce propos ?

Je le confirme et le maintiens sur la base de faits historiques que tout à chacun est libre de constater. Mais avant de répondre sur la dimension à proprement parler militaire, je tiens à rappeler les intentions de Napoléon une fois revenu à Paris. N’oublions donc pas qu’il a adressé aux différents souverains d’Europe des offres de paix qui ne reçurent que dédain et mépris. Devant cette arrogance et intransigeance diplomatiques, Napoléon est reparti sur le sentier de la guerre avec l’objectif de remporter une victoire éclatante afin de gagner une paix durable.


Toutefois, il existait en mars 1815 deux écueils majeurs auxquels Napoléon était confronté. Tout d’abord, il sentait bien qu’autour de lui l’enthousiasme était chancelant. En effet, les piliers de l’Empire montraient quelques signes de fragilité. Ensuite, il a véritablement sous-estimé la haine des chefs d'États coalisés à son égard. Il ne pouvait que difficilement saisir la jalousie qui animait les vieilles têtes couronnées. Le projet de la septième coalition ne souffrait d’aucune équivoque. Assurément, dès l’annonce de son retour d’exil, ils ont confirmé leur volonté de l’éliminer, lui et sa famille, du jeu politique continental… Le retour glorieux de Napoléon ne doit pas occulter ce contexte géopolitique si particulier ainsi que l’ambivalence du soutien des notables français à l’égard de Napoléon.

La campagne de Belgique s’ouvrit sous les meilleurs auspices. Les anglo-prussiens sont surpris de l’audace napoléonienne quand ils apprennent qu’il a traversé la frontière avec ses troupes. Les états-majors ennemis pensaient que Napoléon adopterait une posture attentiste ou plus exactement défensive. Après tout ce temps, c’était mal le connaître ou le sous-estimer. Wellington en apprenant l’avancée de l’armée française dira : « Napoléon m’a volé un jour de marche ».

Sur le papier, le plan de l’Empereur était parfait : s’insérer entre les deux armées et les battre séparément. Cette tactique, Napoléon l’avait déjà employée plusieurs fois avec succès au cours de sa prodigieuse carrière. Cette fois-ci, malheureusement, les applications concrètes de cette stratégie se heurteront au mur implacable des manquements, des insuffisances et des non-dits. Napoléon est vainqueur à Ligny, mais la victoire se révèle non définitive ni totale. L’armée prussienne est battue mais non détruite. Elle demeure en capacité de reprendre le combat. Quant à Ney, aux Quatre-Bras, il n’a pas totalement exécuté les ordres de l’Empereur. La suite est connue, Grouchy part à la poursuite des Prussiens et Napoléon se prépare pour la grande confrontation contre Wellington.

Nonobstant les erreurs, les trahisons et les hésitations, Wellington le 18 juin 1815 vers 18h00 donna des ordres pour préparer la retraite. Il dit même le propos suivant : « Give me night or give me Blücher », c’est dire la confiance qu’il accordait  à ses troupes pour la victoire finale. Pourtant, les Prussiens avaient commencé à débouler sur notre droite dès 16h30. Une heure trente plus tard, Wellington doutait encore du succès de son plan et supplia que la nuit ou Blücher arrivent, tels le deus ex machina des tragédies grecques, pour lui éviter une défaite certaine. De même, Wellington fut prévenu par - au moins - un traître que des bataillons de la Moyenne Garde se préparaient à l’attaquer. Cette information cruciale, reçue au meilleur moment, lui permit de renforcer son centre.

Concrètement, cette défaite aux retombées incalculables se joua à très peu de choses. Nous sommes loin, très loin, d’une victoire coalisée brillante. L’armée napoléonienne ne fut pas défaite par manque de courage ou parce que les soldats ennemis se montraient supérieurs dans le combat. Elle ne fut pas non plus battue grâce à l’exécution d’une brillante manœuvre décidée par l’Anglais ou le Prussien. Elle a succombé par le nombre, les erreurs et les trahisons. Waterloo aurait pu être une victoire française.


Admettons que Waterloo fut une victoire française. La cause napoléonienne n’était-elle pas malgré tout compromise face à la ténacité coalisée ?

Nous ne pourrons réécrire le passé. Cependant, nous pouvons constater que Napoléon dans son histoire a réussi des choses impensables et même extraordinaires. Lors de la première Campagne d’Italie qui l’aurait donné gagnant ? Personne ! Et pourtant, Napoléon a ébloui son époque avec les prodiges accomplis dans les plaines italiennes. Je pense qu’il faut être humble avec le parcours de Napoléon, car celui-ci montre et démontre que l’inattendu fut souvent au rendez-vous. Napoléon n’eut de cesse de constamment repousser les limites et de franchir les frontières de l’impossible.

Ainsi, je suis intimement convaincu qu’une victoire à Waterloo aurait provoqué sur le plan intérieur les mêmes résultats qu’après Marengo. Les hésitants sur la réussite du projet impérial seraient devenus confiants, les comploteurs auraient remis leur projet aux calendes grecques et Napoléon aurait disposé de temps pour stabiliser l’Empire. Les confiants dans le régime napoléonien l’auraient été encore plus. La France se montrait calme. Je précise que l’énième révolte de l’Ouest ne donna rien. Effectivement, elle fut étouffée avant l’entrée en campagne car la force publique veillait.

Sur le plan international, certains disent que la proportion des forces était telle que Napoléon aurait été vaincu ou tard. C’est oublier que Napoléon était capable de tout ou presque comme je l’ai indiqué plus haut. Mais, encore une fois, prenons le contexte de juin 1815 après une victoire napoléonienne en Belgique, pour rappeler quelques faits historiques incontestables. Wellington et Blücher battus, Napoléon se retrouvait alors seul maître du terrain. Les armées russes et autrichiennes se situaient à des centaines de kilomètres du théâtre des opérations. Inévitablement, elles auraient mis des semaines pour être au contact des troupes françaises ou pour envahir la France. Napoléon pouvait donc profiter de ce temps pour refaire ses forces. Voilà les faits tels qu’ils auraient été après cette nouvelle victoire.

Après avoir dressé ce rappel historique factuel, nous pouvons esquisser une hypothèse très plausible. L’Empereur d’Autriche était hésitant sur la conduite à tenir bien avant le retour de Napoléon. Une victoire napoléonienne aurait peut-être balayé ses doutes. Ainsi, il aurait pu décider de renvoyer sa fille et son petit-fils auprès de leur époux et père.

Concrètement après Waterloo victoire française, les Autrichiens auraient pu reprendre leur neutralité voire même signer un nouveau traité d’alliance avec l’Empereur des Français. Sur le continent, en tant qu’armée conséquente, il ne restait donc à opposer aux soldats français que des soldats russes. Encore eut-il fallu qu’Alexandre se décidât à intervenir dans le cœur de l’Europe pour affronter son ancien allié. En cas de défection autrichienne, la différence numérique entre les armées françaises et coalisées aurait été fortement réduite. De plus, le cabinet britannique aurait été fortement malmené après cette nouvelle défaite. La Bourse aurait certainement dévissé. Les Britanniques pouvaient donc changer d’orientation politique avec l’émergence d’hommes favorables à la paix voire même francophiles… La paix générale aurait pu être enfin signée.

Quand certains tentent l’exercice intellectuel de réfléchir aux conséquences politiques et militaires suite à une victoire française à Waterloo, ils concluent un peu vite en besogne en expliquant que Napoléon aurait fini par perdre. Leur idée repose sur le fait que, dans la vraie histoire, il a connu la défaite à Waterloo. Par conséquent, comme il a perdu, il aurait inévitablement fini par connaître la défaite. C’est une tautologie guère convaincante.Je le répète souvent : l’Histoire est le théâtre de l’imprévu. Et sans tomber dans des scénarios improbables, quelques faits historiques rappellent que les Coalisés ne se trouvaient pas forcément en excellente posture pour faire tomber Napoléon après sa victoire à Waterloo. La coalition, même en 1815, restait fragile : 1814 en témoigne. Enfin, après Waterloo, les armées françaises infligèrent encore plusieurs défaites aux troupes coalisées.

Napoléon, vainqueur dans les plaines belges, aurait certainement bénéficié d’atouts non négligeables pour se maintenir sur son trône : l’aura de la victoire, la confiance retrouvée, la maîtrise du terrain, le doute des adversaires, un peu de temps pour reconstituer ses forces, etc.

Waterloo marque la fin d’une épopée : celle de Napoléon et de ses maréchaux. La bataille, pour de nombreux historiens, se joue sur fond de fidélités et de traîtrises. Beaucoup de ceux qui lui doivent tant finissent par lui échapper, voire par le poignarder. Comment l’expliquez-vous ?

Je ne partage pas entièrement votre avis. Waterloo ne marque que la fin de l’épopée militaire de Napoléon. L’épopée napoléonienne continue après le 18 juin 1815. Sainte-Hélène permet à Napoléon, comme il l’a dit lui-même, de porter la couronne d’épines. Ce séjour hélénien contribue même au prestige napoléonien. Le Mémorial sera au XIXème siècle la bible des romantiques, des nostalgiques, des bonapartistes et des napoléoniens.

Cet entretien ne résoudra pas l’épineuse question de la confiance et de la trahison entre les Hommes. La trahison existe depuis la nuit des temps. Il convient également de ne pas oublier, pour être le plus exhaustif possible, la fatigue, la lassitude des soldats, des officiers et des fonctionnaires impériaux. C’est une réalité à prendre en compte pour bien jauger des fidélités parfois changeantes et fragiles.

Quand Napoléon reprend le pouvoir après sa marche triomphale à travers la France, il constate qu’autour de lui que beaucoup doutent et hésitent sur la marche à suivre. Napoléon comprend que le ressort est cassé ou distendu chez de nombreux collaborateurs proches ou non du pouvoir impérial. Le fait qu’il consente à accorder l’Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire montre que Napoléon ne disposait pas des coudées franches pour diriger le pays comme il l’entendait. Chacun désirait profiter de la situation, soit pour un but personnel, soit pour imposer à l’Empereur des orientations politiques qu’il ne goûtait guère. Cette relation du je t’aime moi non plus explique en partie pourquoi la mécanique impériale n’a pas fonctionné comme espéré, malgré de véritables prouesses administratives. Certains le servaient tout en complotant avec les Bourbons et les adversaires de la France impériale. Cette disposition d’esprit explique également pourquoi la troupe fut hésitante et ne montra guère une confiance totale envers ses officiers. Beaucoup de soldats avaient parfaitement conscience que dans la hiérarchie administrative ou militaire certains servaient Napoléon en espérant qu’il perde ou même pire, en complotant pour qu’il connaisse l’échec.               

La nature humaine est ainsi faite, il existe des jaloux, des vaniteux, des traîtres  mais il y a aussi et Dieu merci, des héros, des serviteurs sans reproches, des gens fidèles. Ainsi, les événements de 1814 étaient encore présents dans tous les mémoires. Certains avaient objectivement trahi l’Empereur : Marmont, Talleyrand pour ne citer que deux cas parmi les plus connus. De fait, en 1815 les trahisons de la veille restaient un souvenir vivace. Elles constituèrent même un des arguments de l’Empereur lors de sa remontée triomphale vers Paris : «  Nous avons perdu car nous avons été trahis ».

Napoléon affrontait presque toute l’Europe dans un climat de défiance qui ne permettait pas un travail politique et administratif serein. Certains trahissaient, d’autres se méfiaient des traîtres. Des fidèles napoléoniens doutaient de la réussite napoléonienne à se maintenir au pouvoir. Un certain nombre de maréchaux et d’officiers voulaient jouir de leurs richesses acquises grâce à leurs énormes sacrifices. Un succès militaire à Waterloo aurait certainement fait taire les rancœurs et les doutes tout en fortifiant les fervents napoléoniens.

Revenons quelques instants sur le génie politique et militaire de Napoléon avec son retour - improbable - de l’île d’Elbe. Quel est votre regard sur cette marche triomphale ?

Je pense qu’il s’agit du plus grand référendum de tous les temps. Victoire dans un référendum ne signifie pas unanimité. Certains analystes aiment à dire que Napoléon a évité des contrées hostiles. La logique commandait ainsi. Il faut être de mauvaise fois pour reprocher à Napoléon son refus de traverser des départements séditieux afin de prendre des routes où il savait qu’il serait soutenu et encouragé. Quand vous prenez un chemin en voiture ou à pied, vous n’empruntez nullement celui qui comporte des trous et autres pièges. C’est d’une banalité affligeante, mais il semble important malgré tout de le rappeler.

D’une manière générale, s’inscrire en faux contre la réussite de cette marche à cause des contestataires reviendrait en quelque sorte à refuser, par exemple, les résultats de l’élection présidentielle car le perdant a réussi à obtenir 40 ou 48 % des suffrages… Ce n’est pas très sérieux de raisonner ainsi. Personne ne fait l’unanimité. Cependant, le résultat est sans appel : Napoléon a réussi à rentrer dans la capitale le 20 mars 1815 en ayant débarqué le 1er du même mois à Golfe-Juan. Comment ne pas être admiratif devant cet exploit remarquable ?

Ceci étant dit, il n’existe pas à ma connaissance une séquence historique similaire, à savoir celle d’un souverain déchu, envoyé en exil, capable de reprendre son pouvoir sans faire couler le sang grâce à une marche de trois semaines.  Par ailleurs, Napoléon a clairement dit : « Je ne serais pas revenu sans les erreurs de Louis XVIII ». Même si la France retrouvait petit à petit une situation apaisée, les tensions restaient vives entre les différentes factions politiques. Louis XVIII avait accepté certains acquis de la Révolution et la Charte mais le feu de la contestation couvait malgré tout.

Nonobstant la défaite militaire et diplomatique de 1814, les Français, notamment les soldats, restaient épris de la gloire et des vertus héroïques. Ainsi, le licenciement des Grognards constitua une erreur majeure du gouvernement bourbonien parce qu’il envoya dans les villages de France les meilleurs propagandistes de la légende napoléonienne.

Comme toujours ce n’est pas tant le trajet qui compte que la destination finale. Arrivé à Paris, Napoléon dut renouer avec les fils de son administration pour affronter les périls qui se présentaient à lui. Il a réussi l’exploit de recréer une armée en quelques semaines pour affronter nos ennemis qui voulaient envahir le territoire national. Ce fut une véritable prouesse souvent passée sous silence ou non considérée à sa juste valeur.

La suite est malheureusement connue. Napoléon engage son armée en Belgique et il finit par perdre la bataille de Waterloo. Or cette défaite continue de hanter la France plus de deux cents après son déroulement. Pourquoi ?

Il y a trois raisons principales qui permettent de répondre à cette question.

La première, la bataille aurait pu être gagnée, elle aurait dû être gagnée. Cette défaite pourrait être presque considérée comme inexplicable car à 18h/18h30, elle est quasiment gagnée nonobstant une multitude de concours de circonstance en notre défaveur tout au long de la journée et de même de la campagne. Elle a une dimension quasi mystique car le dieu de la guerre finit par être défait définitivement lors d’une bataille rangée.

Beaucoup se sont posés la question du résultat final : comment Napoléon a-t-il pu perdre ? La bataille fut maintes et maintes fois rejouée par les passionnés d’histoire ainsi que par les plus grands érudits. Napoléon lui-même s’est livré à cet exercice à la fois pour comprendre son erreur et également dans un souci de propagande. Son aura devait rester immaculée malgré cet ultime échec militaire.

La deuxième tient au fait que les Français connaissent les conséquences de cette défaite. Cette dernière sonne véritablement le glas de nos ambitions politiques, aussi bien en Europe que dans le reste du monde. Beaucoup de Français, consciemment ou inconsciemment, regrettent le passé prestigieux de la France lorsque celle-ci comptait vraiment en tant que puissance de premier ordre. Plus les années passent et plus la France devient un pays quelconque. Napoléon a marqué positivement de nombreuses générations. La France porte encore en Elle, les nombreuses réformes napoléoniennes qui ont permis de bâtir un Etat digne de ce nom après les terribles années révolutionnaires. Je pense que beaucoup comprennent qu’avec Waterloo notre chance est passée.

La troisième est que cette défaite a profondément marqué la France et les Français. Waterloo ce ne fut pas que de la gloire, de l’héroïsme et du sacrifice. Après cette bataille, le territoire national est envahi et occupé pendant cinq longues années par 150 000 soldats. La France a du payer 700 millions de francs d’indemnités. Ce fut une occupation très douloureuse, à la hauteur de la crainte que leur inspira Napoléon. Les Coalisés voulaient se défouler contre la France et les Français après avoir subi tant de défaites et d’humiliations. Ils ressentaient vraiment le besoin de se venger. Ce second Traité de Paris (1815), je l’assimile à une catharsis…

Je sais que Waterloo nous hante. Elle nous hantera encore longtemps.

En définitive, le grand homme de Waterloo, c’est donc son vainqueur, le général anglais Wellington ?

Wellington était déjà célébré dans son pays comme le plus grand soldat depuis Marlborough. Après Waterloo, son prestige et sa réputation augmentèrent encore. Il poursuivit une carrière politique très respectable en devenant Premier Ministre par deux fois.


Toutefois, à l’aune de la réalité historique, il paraît difficile de considérer Wellington comme le seul grand vainqueur de Waterloo. Sans l’arrivée de Blücher, la conclusion de la bataille eut été différente comme je le rappelle plus haut.

Le mérite militaire de Wellington fut d’éviter la défaite en adoptant des positions ultra défensives pour permettre à Blücher de revenir à temps afin d’attaquer l’aile droite française. Son mérite politique reste d’avoir incarné le camp de la modération. Effectivement, si Napoléon avait été fait prisonnier par les Prussiens, il aurait certainement été fusillé.

De même, dans le concert des nations européennes une France trop affaiblie voire trop humiliée par les Coalisés n’arrangeait en rien les affaires du Cabinet anglais. Wellington a contribué au retour des Bourbons car il estimait qu’ils étaient les mieux placés pour garantir la stabilité politique en France. De plus, les Anglais pensaient qu’une France affermie dans ses positions pourrait à terme contrecarrer les ambitions politiques des Prussiens et des Autrichiens voire des Russes. Nos meilleurs ennemis n’oubliaient jamais la realpolitik…

Néanmoins, si la bataille de Waterloo est connue dans le monde entier, elle le doit avant tout à Napoléon. La victoire anglo-prussienne marqua la fin de l’aventure politique de Napoléon. C’est certain, mais ce dernier affrontement n’illustre nullement le génie stratégique et tactique de Wellington ou de Blücher. Les Anglais se sont contentés de défendre et d’attendre. Quant aux Prussiens, ils n’ont fait qu’avancer selon le mot bien connu de leur chef… 

Finalement, les soldats français à Waterloo succombent non pas à cause de la valeur des soldats ennemis ou de leurs chefs mais en raison du surnombre. Effectivement, les manœuvres et les combinaisons stratégiques se révèlent absentes pour les raisons précédemment exposées. Nous sommes quand même à des années lumières de la fulgurante bataille d’Austerlitz.

Pour conclure, je constate que nombreux enfants en France et à l’étranger rêvent d’être Napoléon. Qui rêve aujourd’hui d’être Wellington ou Blücher ? A mon humble avis, pas grand monde. De même, à Waterloo, les boutiques de souvenirs proposent plus de statuettes et de bustes de Napoléon que de Wellington ou de Blücher. Napoléon a gagné la bataille de l’éternité et c’est le plus important…

Napoléon, le héros éternel, Franck Abed, Editions Orvilloise, 234 pages, 18,00 €

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