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vendredi, 07 avril 2023

Crise existentielle

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Vincent Trémolet de Villers

La France bégaye. Chaque semaine, les mêmes cortèges, les mêmes blocages et désormais les mêmes violences. La grève, la grève toujours recommencée. Les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, aidés par une partie de la presse de gauche, ciblent la police au moment où celle-ci reçoit des pluies de pierres, de boulons et d’acide. La crise sociale tourne en boucle et la politique est emportée dans un inquiétant processus d’autodestruction. Le président un jour se retrouve dans Pif Gadget, un autre annonce une loi sur la mort ; le gouvernement avance comme un canard sans tête pendant qu’une ministre prend la pose dans Playboy dans une version kitsch du narcissisme guidant le peuple. Comme l’Assemblée est ingouvernable, on projette des conventions citoyennes, ce simulacre de démocratie, sur tout et n’importe quoi. Pendant ce temps, le pays, comme abandonné, assiste à l’effondrement de son école, au délitement de l’hôpital, à l’explosion des prix, à l’extension de la délinquance ordinaire, aux effets en cascade de l’immigration subie.

Laurent Berger se trompe, ce n’est pas une crise démocratique qui frappe la France - les élections ont eu lieu, les institutions tiennent, les procédures sont respectées -, mais un mal beaucoup plus profond. Ce qui tourmente le corps social n’est pas institutionnel, mais, à certains aspects, existentiel. Cette question de l’âge de départ ne fut au fond que le déclencheur d’une défiance collective dans laquelle bouillonnent depuis longtemps le sentiment de dépossession, la crainte de l’affaissement, le ras-le-bol aussi de ceux que l’on prélève pour remplir le puits sans fond des transferts sociaux. Quand les syndicats auront rangé les calicots, que la loi sera promulguée et appliquée, il serait illusoire de chercher l’apaisement dans l’aide sociale et les diversions sociétales. Puisque la fabrique de la loi est de plus en plus difficile, on pourrait conseiller à ceux qui nous gouvernent de se concentrer sur leur mission première. Dans un pays où il faut six mois pour refaire une carte identité ou pour remplacer un professeur manquant, ce souci modeste du service public sera préférable à tous les discours grandiloquents.

Source : Le Figaro 7/4/2023

07:05 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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