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mardi, 06 février 2024

Revue de presse : Avoir des enfants, un « plus » pour un politique ? La réponse est oui

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Gabrielle Cluzel Boulevard Voltaire cliquez ici

Stupeur et tremblement. Un propos de Guillaume Peltier au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1/CNews a déclenché une vague d’indignation : « Marion Maréchal est maman de deux petites filles et ça compte beaucoup. » Guillaume Peltier ajoute être « assez gêné » par cette « nouvelle mode », cette « tendance » des politiciens à ne pas avoir d’enfants : il cite Emmanuel Macron, Gabriel Attal mais aussi les têtes de liste aux européennes Bardella et Bellamy. Pour lui, « à l’heure où la natalité est en berne, la politique familiale est attaquée […] avoir des enfants est un message politique ». Il précise vouloir le dire « sans jugement et avec beaucoup de délicatesse » : pour lui, ce n’est pas « un moins » de ne pas en avoir, mais « un plus » d’en avoir : « Avoir des enfants, c’est la garantie de sérieux, de concret par rapport au présent et par rapport à l’avenir. C’est la certitude que la valeur de transmission va l’emporter sur la valeur de l’ambition. » « C’est la garantie, conclut-il, qu’on pensera davantage à la prochaine génération qu’à la future élection. »

Blessant mais vrai 

On peut trouver le propos, en dépit des précautions oratoires, maladroit et potentiellement blessant pour les personnes nommément citées, car il fait fi des raisons intimes, qui sont parfois de grandes souffrances : on se souvient de l’ancien Premier ministre d’Écosse, Nicola Sturgeon, souvent cité parmi les dirigeants sans enfant, qui avait avoué avoir fait jadis une fausse couche. Mais la politique n’a jamais été le lieu le plus charitable du monde. Par ailleurs, si aborder la vie privée est interdit en politique, il faut que cette règle soit appliquée dans tous les sens : n’oublions pas que c’est Gabriel Attal lui-même qui a évoqué son homosexualité, dans un contexte totalement hors sujet, à l’Assemblée, il y a quelques jours.

Au fond, ce qu’assène Guillaume Peltier est-il fondamentalement faux ?

Les noms d’oiseaux fusent de partout, et en particulier du RN : « C’est tellement bidon, blessant et ridicule… », jette notamment, sur X, le député du Gard Pierre Meurin Jordan Bardella n’a que 27 ans ; et il se donne à fond pour son pays. Louis XIII n’est devenu père de Louis XIV qu’à 28 ans. Il était pourtant un grand roi. »

Difficile, bien sûr, de faire grief à un jeune homme de 27 ans de ne pas (encore) avoir d’enfants. Mais puisqu’on répète à l’envi que la jeunesse est un atout, n’a-t-on pas le droit de dire qu’en revanche, le manque d’expérience en est le revers ? Or, il se trouve que la parentalité est une incomparable expérience empirique, qui « vous enracine et vous oblige à prévoir l’avenir », vous force à « ne pas travailler pour votre bien-être à vous », qui « vous oblige à prendre des décisions qui s’inscrivent dans le temps long ». Ce n’est pas moi qui le dis mais Marine Le Pen, à l’auteur du livre Femmes dirigeantes, comment elles ont osé (Plon, 2022). Marine Le Pen use, du reste, de ce statut personnel pour faire campagne : à Saint Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), en 2022, c’est en « mère de famille » que Marine Le Pen s’est posée pour défendre les « plus vulnérables ». Une posture rassurante que lui autorise - légitimement - sa situation personnelle.

Nicolas Sarkozy, dans le livre Chérie, j’ai rétréci la droite (Robert Laffont), avance quant à lui que le manque d’autorité d’Emmanuel Macron serait lié au fait qu’il n’a pas d’enfant. A-t-on le droit d’aborder ces questions ou sont-elles taboues ? Quand Gabriel Attal affirme qu’ayant été lui-même harcelé, il comprend les enfants qui le vivent, il s’avance un peu : si jeune soit-il, il fait référence à l’école d’il y a vingt ans. La dégringolade est si rapide, en France, que le harcèlement d’aujourd’hui n’est pas comparable à celui d’hier. Il faut être parent pour en prendre la mesure.

Symbole et malaise 

Puis si, individuellement, l’infécondité de ceux qui nous gouvernent (ou y prétendent) ne veut rien dire, elle est, collectivement, chargée de sens.

D'abord, pour le symbole : la natalité en berne de nos pays européens et de leurs dirigeants est révélatrice d’un état d’esprit - même si, encore une fois, chaque histoire est singulière - où la vie de famille, la procréation, l’envie de transmettre ne sont pas les priorités. Comme leurs nations, nos dirigeants acceptent de disparaître sans postérité.

Ensuite, pour le malaise qui en résulte : alors que l’horizon est si chaotique, que les peuples ont la certitude un peu plus forte, chaque jour, qu’une élite décide de leur avenir - et, donc, de celui de leur progéniture - sans les consulter, il y a comme une présomption d'« après moi le déluge » : quand, en 2015, celle qui, bizarrement, a été surnommée « Mutti Merkel » a ouvert la voie à une immigration massive en Europe, par la route syrienne, avec son célèbre « Wir schaffen das » [« Nous y arriverons ! »], c’est l’avenir des enfants qu’elle n’a pas qu’elle a obéré.

 

11:13 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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