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lundi, 17 juin 2024

Les Brigandes et le front musical pour la défense de notre identité

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Thierry DeCruzy Polémia cliquez ici

Incapables de comprendre la musique, la dissidence comme les élus de l’opposition nationale ont quasiment abandonné ce terrain culturel. Cette situation est d’autant plus préjudiciable que la musique est un puissant agent d’influence sur les populations. Le front musical a été déserté, malgré les opportunités…

Les Brigandes, celles qui ont fait transpirer les médias

Dans la préface d’un livre consacré aux Brigandes et publié par Synthèse éditions, Brigitte Bardot affirme : « C’est “Elles” qui auraient dû être choisies pour chanter l’ouverture des Jeux olympiques de France ! » Entre Aya et Les Brigandes, le choix est politique et a impact sur le référentiel non seulement de la France, mais de toute la francophonie, donnant la mesure de son audience et de la vision politique élyséenne. Un contrôle similaire est opéré par l’Eurovision qui impose ses modèles sociétaux à tout un continent. Si le concours a été créé par l’OTAN, c’est bien que la musique a une importance stratégique qui devrait être prise en compte par ceux qui ont été élus pour représenter la nation française historique. Il ne s’agit pas de choix personnels car les choix musicaux sont conditionnés par les communautés dont sont issus les individus. Le contrôle méticuleux opéré sur les concerts en est l’illustration. En France, une autorisation est indispensable pour leur organisation, elle est délivrée par la mairie ou la préfecture. Outre les questions de sécurité, le visa est d’abord politique. Il suffit d’observer le traitement sélectif réservé aux rave parties, interdites mais encadrées par les gendarmes, et celui des concerts de groupes identitaires, traqués par les antifas et interdits par les préfectures.

À cet égard, le parcours des Brigandes est emblématique. Ces chanteuses professionnelles ont forgé un outil musical capable de faire entendre la dissidence française jusqu’en Russie. Leurs compétences musicales alliées à des textes engagés et mis en scène dans des vidéos soignées faisaient de leurs chansons des outils séduisants, en témoigne la censure de leur compte YouTube qui dépassait les 10 millions de vues. La violence des attaques médiatiques avec les pires accusations (assassinat, secte…) et l’envoi d’équipes de journalistes pour faire pression sur la population de leur petit village témoignaient de leur influence. Elles ont fait transpirer les médias pendant cinq ans. Il a fallu un dossier de fausses accusations – aucune condamnation ne les a confirmées – pour diviser la dissidence et affaiblir les soutiens du groupe, même si d’autres ne se sont pas laissé tromper (TV Libertés, Synthèse nationale, la Ligue du Midi, Riposte Laïque, Polémia…). Petite structure sans relais communautaires suffisants, le groupe n’y résiste pas. Pourtant, en six ans, la production des chanteuses est exceptionnelle, avec 12 CD, 144 chansons et 104 clips vidéo. Le combat musical est politique, comme le montre leur convocation par l’Assemblée nationale, fait unique dans l’histoire de la chanson française, sans aucun élu pour les soutenir. La manœuvre de l’industrie musicale réussit à éliminer des chanteuses dissidentes avec l’appui d’une partie de leur propre public.


Un grand remplacement musical silencieux

Pourtant, un front musical a été tenu. Jean-Marie Le Pen avait créé une société d’édition sonore. À son catalogue, des enregistrements de cantiques traditionnels après la prise de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, les chansons du Chœur Montjoie Saint-Denis reprises par toute une génération. Pierre Dudan, Lo Cicéro et Docteur Merlin y côtoyaient des disques de chants anarchistes, du IIIe Reich et des promotions d’écoles d’officiers. Au regard de la situation actuelle, le recul de la liberté d’expression est abyssal. Dans ses dernières années, la SERP produisait des groupes de RIF qui étaient invités aux BBR. La musique est un marqueur qui rend compte de l’état des sociétés, ainsi le grand remplacement musical s’est opéré en simultanéité avec celui des populations, mais dans le silence. Et il ne faudrait pas croire que tous les artistes adhèrent au projet de société conduit par le régime en place. Ils sont simplement pragmatiques, et certains réussissent à marquer leur indépendance, comme Didier Barbelivien chantant « Vive le roi » en 1989, Alain Souchon avec « La p’tite hirondelle », Vincent Lagaf’ avec « La Zoubida », ou même involontairement Claude Barzotti avec « La France est aux Français ». En 1975, Bouvard invitait Gainsbourg chanter « Nazi rock », avec trois choristes costumées en souris grises. En 2014, Dieudonné était traqué par le ministre de l’Intérieur appuyé par le Conseil d’État. En janvier dernier, le chansonnier Blagodariov était incarcéré pour quelques parodies. En France, la liberté d’expression est un droit constitutionnel à éclipses et les rappeurs peuvent appeler dans leurs paroles à « tuer des bébés blancs » sans émouvoir la justice. Quand on enlève le contrepoids, la balance penche toujours du même côté, c’est mécanique.

Viser les repères musicaux

Il est illusoire de s’en remettre à un changement de pouvoir, les repères musicaux s’installent dans la durée et sont présents dans tous les lieux publics. Il faut agir sur les jeunes générations et les effets seront sensibles dans le temps long. La musique est un outil d’harmonisation collectif et la fracture avait déjà été opérée par la commercialisation du microsillon. Antérieurement, les répertoires musicaux étaient transmis dans les familles. Avec ces enregistrements donnant la possibilité aux jeunes d’écouter une musique différente de celle de leurs parents, l’harmonie familiale était visée : « On n’écoute pas de la musique de vieux ! » Si ces musiques étaient présentées comme subversives pour mieux séduire la jeunesse, elles visaient en réalité à détruire des repères civilisationnels historiques. Le microsillon est commercialisé dans la période où le concile Vatican II élimine le grégorien de la liturgie. Dans la civilisation européenne, le grégorien est le plus ancien répertoire musical vivant, et son enseignement a produit la seule écriture musicale de l’histoire de l’humanité. La musique ne peut donc pas être reléguée à une simple question de goûts personnels. Elle est un moyen d’expression des sociétés et relève donc d’un projet politique : les concerts de la Fête de l’Huma, les radios libres, le concert de SOS Racisme place de la Concorde, la Fête de la musique… Ces événements illustrent une volonté de politisation des repères musicaux. Le rouleau compresseur de l’actualité ne prédispose pas les élus au recul indispensable pour appréhender des repères inscrits dans la longue durée. D’autant plus que ces enjeux sont sévèrement défendus. Il est donc vital de connaître les musiques de l’adversaire pour promouvoir des repères musicaux en accord avec les programmes politiques proposés, et en soutenant les artistes qui le méritent. Compétentes, créatives et engagées, Les Brigandes le méritaient.

 

Thierry DeCruzy, Les Brigandes, phénomène musical de la dissidence, préface de Brigitte Bardot, Synthèse éditions, 2024. cliquez ici

Thierry DeCruzy, Démondialiser la musique, La Nouvelle Libraire, 2022.

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23:55 Publié dans Revue de presse, Thierry DeCruzy | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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