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samedi, 05 octobre 2024

La vénerie, un art subtil et un patrimoine unique au monde

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Catherine Blein 

La mère à chiens et à chats que je suis, amoureuse et respectueuse de toute vie animale, est pourtant intarissable sur la Vénerie ou chasse à courre, cette chasse décriée par beaucoup qui sont en fait totalement ignorants de ce qu ‘elle est réellement.

J’aimerais tant leur faire partager mon respect et ma passion pour cette chasse et je vais vous expliquer pourquoi.

Étymologiquement « Vénerie » vient du vieux français « vener » qui signifie « chasser avec des chiens ». C’est au XIVe siècle que le mot Vénerie apparaît avec l’établissement des règles très strictes et de toute la codification de ce mode de chasse. Celles-ci n’ont jamais varié en 800 ans et sont toujours scrupuleusement respectées.

La vénerie ou chasse à courre est la reproduction exacte du mode de chasse éternel des loups, à savoir poursuivre un animal en meute jusqu’à sa mise à mort…

Ses détracteurs vous disent qu’elle est cruelle, que les cavaliers poursuivent l’animal jusqu’à l’épuiser afin que les chiens lui sautent à la gorge pour le dévorer…

Que de contre-vérités dans cette simple phrase !

Bien sûr que la mort d’un animal est cruelle. Le cerf ou le chevreuil des forêts de France, s’il n’a pas été pris par les chiens ou tiré par un chasseur, va mourir de façon naturellement très cruelle. Affaibli par l’âge, la dureté de l’hiver qui va raréfier la nourriture va le faire mourir de faim et de froid, après qu’il aura été chassé sans ménagement de sa compagnie par un jeune ambitieux.

S’il a été seulement blessé par un chasseur à tir, il va aller crever seul dans un buisson, d’une agonie qui pourra durer plusieurs jours.

La chasse à courre, elle, soit « prend » l’animal, grâce aux chiens qui seuls chassent (les cavaliers suivent simplement), soit ne le prend pas ; il n’y a jamais de blessé. L’animal qui a réussi à déjouer les chiens, par ses ruses, reprendra sa vie en forêt sain et sauf (c’est le cas de trois animaux chassés sur quatre !), la chasse à courre ne prélevant que 0,4 % de la prédation de la chasse en général.

Ainsi la Vénerie est une forme de chasse naturelle, écologique, loyale, un art extrêmement difficile et subtil qui met en scène en tout premier lieu les chiens.

Non, Messieurs les détracteurs ignares et arrogants, ce ne sont pas les cavaliers qui « traquent » l’animal, ce sont les chiens et eux seuls ! Ce sont eux qui chassent, uniquement avec leur « nez » et leur sens inné de la traque, reprenant par là la chasse des loups, en meute. L’homme n’intervenant qu’à la fin, si l’animal est pris, pour le « servir », c’est-à-dire l’achever.

Les cavaliers suivent et sont toujours derrière les chiens.

Ce sont les chiens qui « choisissent » leur animal de chasse et c’est cet animal seul qui sera chassé, les chiens étant immédiatement arrêtés s’il leur vient l’idée de « faire change », c’est-à-dire de lever un autre animal.

L’animal chassé n’est pas une proie facile. Animal sauvage jamais domestiqué, il est programmé dans son ADN, depuis des dizaines de milliers d’années, pour être chassé par une meute de loups (ou de chiens c’est la même chose pour lui) et a donc développé toute une série de « ruses » difficiles à relever pour les chiens, et qu’il transmet à sa descendance. Cette transmission est bien vivante et effective puisque les animaux chassés, cerfs, chevreuils, sangliers, lièvres ne sont que des animaux sauvages. C’est un point capital ! Si je déteste la chasse à tir, c’est entre autre parce qu’elle élève des volatiles, voire même des sangliers, pour ensuite les tirer. Je trouve cela minable car ces pauvres bêtes ne sont pas du tout « armées » pour résister. Ne parlons même pas des enclos de la honte, en Sologne notamment, dont les animaux ne peuvent s’échapper, ce qui bafoue totalement la plus élémentaire loyauté qui devrait prévaloir.

Un cerf mâle « dix-cors », par exemple, vieux routier qui ne s’affole nullement et a été chassé non-pris à plusieurs reprises, va donner aux chiens tant de fil à retordre qu’une fois de plus il les mettra en défaut et après parfois 6 ou 7 heures de chasse… le maître d’équipage sonnera « la Rosalie », fanfare que l’on sonne quand l’animal est manqué, que la nuit tombe, et que tout le monde rentre au chenil.

Chasse naturelle donc, la vénerie est aussi une chasse écologique : pas de matériel, on ne laisse rien traîner par terre, on n’abîme rien, notre seule arme est le nez de nos chiens !

C’est enfin une chasse loyale pour plusieurs raisons. Tout d’abord c’est donc une affaire d’animaux entre eux, les chiens contre l’animal qu’ils ont choisi (bien souvent celui justement qui est peut-être plus faible que les autres), les veneurs n’intervenant pas, sauf pour empêcher les chiens de faire change ou pour rameuter quelques égarés.

Elle est loyale aussi car les veneurs ne se cachent pas, les chiens non plus bien sûr. On part en fanfare, joyeusement, et les chiens attaquent en se récriant, l’animal de chasse est donc prévenu. Autre raison pour laquelle je n’aime pas la chasse à tir, c’est une chasse de planqués ! On se planque, on se camoufle, on installe des appelants pour tromper le canard, et on tire dans le dos du cerf ou de la biche qui est en train de brouter son herbe tranquillement.

J’avoue que ces non-valeurs ne me plaisent pas.

La vénerie, elle, annonce la couleur, et de toutes les façons possibles, les redingotes des veneurs sont bleues ou vertes, ou rouges, on part en fanfare, les sonneurs sonnent et les chiens crient.

La vénerie je la compare à la guerre en dentelles, elle en a le panache, la noblesse, l’élégance, le chatoiement des couleurs, et ses chefs en première ligne ; la chasse à tir à la guerre moderne, camouflée, planquée, avec ses chefs à l’abri.

Le déroulement d’une chasse à courre est très différent selon le territoire.

Dans les grandes futaies aux alentours de Paris ou en forêt de Tronçais, ainsi que dans toutes les grandes forêts domaniales, les choses vont très vite car les voies sont larges et le terrain dégagé ; en revanche, dans les massifs accidentés, remplis de ronces et d’épineux, les chasses peuvent durer six ou sept heures.

Mais ne croyez pas que l’animal court durant tout ce temps, bien sûr que non, il y a de nombreuses poses chaque fois que les chiens ont perdu la voie de leur animal et sont en défaut, ce qui laisse le temps à celui-ci de se refaire une santé, et aux suiveurs, cavaliers ou suiveurs à pied, de sortir le pique-nique !

Parfois il s’est « tapé » au sol (vous diriez « tapi ») et il faut savoir qu’une fois tapé au sol il ne dégage plus aucun « sentiment » c’est-à-dire qu’il n’a plus aucune odeur et les chiens peuvent passer à cinq mètres de lui sans relever la voie. Il laissera donc passer les chiens puis filera dans la direction opposée.

Les chiens sont régulièrement confrontés à ces ruses et à tant d’autres car il faut savoir que leur gamme est très riche. C’est pourquoi la vénerie est un art si difficile.

Lorsque l’animal rend les armes et qu’il se laisse encercler par les chiens, il est hallali mais les chiens, contrairement à ce que racontent les écolos de banlieue, n’y touchent pas, ils restent « sous le fouet » et respectent leur cerf ou leur sanglier… C’est le maître d’équipage ou le piqueux qui descend de cheval et va servir l’animal d’un coup de dague dans le cœur qui foudroie l’animal instantanément. Mais il faut du courage, car cerf comme chevreuil ou sanglier peuvent être violents…

Ce n’est pas le moment préféré de beaucoup de veneurs mais il est indispensable que les chiens soient récompensés sinon ils ne chasseront plus.

C’est au moment de la « curée » au retour au chenil que les chiens auront le droit de manger l’animal dépecé et les « honneurs » seront faits à l’un des participants sous la forme du don rituel et en fanfare d’un pied de l’animal chassé.

Les veneurs, eux, contrairement aux chasseurs à tir, ne sont pas des viandards. La viande est pour les chiens, pas pour nous !

Il y a un autre aspect de la vénerie qui est primordial, c’est le trésor culturel, patrimonial et identitaire qu’elle représente .

Elle est à l’origine, pour une grande part, de notre langue, et chaque jour vous utilisez des termes créés par la vénerie au Moyen Âge, sans même le savoir.

La liste est extrêmement longue mais citons seulement : rendez-vous, faire buisson creux, prendre son parti, prendre les devants, avoir du mordant, être un fin limier, ameuter, attaquer, bricoler (quand les chiens vont dans tous les sens), donner le change, faire les honneurs, prendre le contre-pied, marcher sur mes brisées, mettre en défaut, être aux abois, faire un rapport, rallier, être sur la voie, un faux-fuyant, être d’attaque, prendre le vent, à cor et à cri, outrepasser, juger, « pas vu pas pris », avoir connaissance, débouler, se départir (lorsque le cerf se sépare de sa compagnie), donner de la voix, etc. 

Toute cette richesse, les veneurs la font vivre depuis 800 ans, car rien n’a changé, ni les rituels, ni les codes, ni les expressions, ni les fanfares.

La vénerie est immuable et c’est sa force.

Elle constitue un trésor unique, un art typiquement français. En Angleterre la chasse au renard était beaucoup plus simpliste et elle a été abolie par les travaillistes. En Allemagne, la chasse à courre a été abolie par Adolf Hitler en 1936…

Seule subsiste l’authentique Vénerie, la française, qui attire à elle chaque année des milliers de partisans qui en ont compris la noblesse, la beauté, la grandeur, la difficulté et la fusion totale avec la Nature.

En outre, contrairement à l’autre, elle est aussi une chasse extrêmement démocratique. Qui que vous soyez, vous vous présentez au maître d’équipage et lui demandez l’autorisation de suivre la chasse, il vous accueillera toujours avec la plus grande courtoisie. À vous d’en être digne, de ne jamais gêner les chiens et d’être respectueux de la nature.

Vous vivrez un grand moment, le récri des chiens, les sonorités des trompes et ces rituels magnifiques et millénaires vous transporteront et vous comprendrez tout le sens de cette chasse.

Vive la France, vive la Nature donc vive la Vénerie !

Source Riposte laïque cliquez ici

11:22 Publié dans Catherine Blein | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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