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vendredi, 14 février 2025

De la coalition Arizona outre-Quiévrain

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol 

Les Français ont connu en 2024 près de quatre-vingt jours de vacance ministérielle. La démission de Gabriel Attal, le 16 juillet, puis l’adoption de la motion de censure contre Michel Barnier, le 4 décembre, ont réactualisé la vieille notion de gouvernement chargé des affaires courantes. L’Hexagone a ainsi renoué pour l’occasion avec les anciennes pratiques des IIIe et IVe Républiques.

Inhabituelle en France, cette situation de gouvernement démissionnaire ou intérimaire qui se prolonge dans le temps est fréquente en Belgique. En 2010 – 2011, la vacance gouvernementale dura 541 jours ! Les retombées changent de l’Hexagone en raison de la structure fédérale de l’État belge. Les gouvernements régionaux et communautaires disposent de nombreuses compétences qui remplacent avantageusement l’absence gouvernementale.

Huit mois se sont écoulés depuis les élections législatives du 9 juin 2024. Après 236 jours de négociations serrées, le 3 février dernier, le premier ministre libéral flamand Alexander De Croo a laissé la place à une équipe de pleine exercice sous la direction du bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever (photo ci-dessus-NDLR). Une révolution !

Né en 1970, Bart De Wever préside la NVA (Nouvelle Alliance flamande) fondée en 2001, suite à l’implosion du parti indépendantiste – autonomiste flamand Volksunie. Lecteur assidu d’Edmund Burke, Bart De Wever soutient une ligne conservatrice-libérale. Séparatiste (l'article 1 des statuts de son parti prônant l'indépendance de la Flandre) mais favorable à une confédération belge dont les seuls éléments d’unité seraient la monarchie, la bière et l’équipe de football, la NVA incarne une ligne nationale-centriste. Elle appartenait à la formation européenne de l’Alliance libre européenne (ALE) qui rassemble des régionalistes de gauche et qui siège dans le même groupe que les Verts. Maintenant, ses trois actuels euro-députés ont rallié le groupe Conservateurs et réformistes européens (CRE). L’Italienne Giorgia Meloni ne peut que se féliciter de cette nouvelle arrivée qui renforce son poids au sein du Conseil européen. Elle pouvait déjà compter sur le premier ministre tchèque Petr Fiala du Parti démocratique civique.

La médiastructure bien-pensante déplore ce net infléchissement vers la droite de plusieurs États-membres de l’Union. Outre l’illibéral hongrois Viktor Orban et le patriote slovaque Robert Fico, il faut désormais prendre en compte les Néerlandais (avec des ministres du parti de Geert Wilders et du Mouvement paysan - citoyen), les Bulgares (dont des membres du nouveau gouvernement proviennent d’ITN, c’est-à-dire « Il y a un tel peuple »), classé « populiste », et du soutien sans participation des Démocrates de Suède à l’alliance de centre-droit au pouvoir. ITN et Démocrates de Suède font d’ailleurs eux aussi partie des CRE. Ce nouveau contexte peut donc renforcer l’audience de Giorgia Meloni qui bénéficie de la perte d’influence de la dyarchie franco-allemande en attendant l’avènement d’un gouvernement réunissant les nationaux-populistes et les conservateurs sous la conduite de Herbert Kickl en Autriche.  

Les belles âmes abonnées à la moraline subventionnée s’inquiètent de la nomination de Bart De Wever. La NVA n’est pourtant pas une formation séparatiste radicale. Elle a déjà participé à une coalition gouvernementale entre 2014 et 2018 sous la houlette de l’ineffable Charles Michel. Les médiacrates tétanisés décrivent Bart De Wever en nationaliste. Il est surtout un nationalitariste pour qui l’assimilation passe d’abord par la langue : est Flamand celui qui parle le néerlandais. Par exemple, la députée flamande au Parlement dit européen, Assita Kanko, est originaire du Burkina Faso. Très en pointe contre l’islam, elle défend la cause catalane, l’écologie, les droits LGBTQIA+++ et pourfend le relativisme culturel.

Bart De Wever a conclu une alliance entre cinq partis dont les couleurs rappellent le drapeau de l’Arizona. Aux côtés de la NVA (jaune) participent les francophones du Mouvement réformateur d’orientation libérale (bleu) et les Engagés (turquoise), d’anciens-démocrates chrétiens désormais sécularisés. Chez les Flamands, on rencontre les démocrates-chrétiens (orange) et Vooruit (En avant !) (rouge), les socialistes de Conner Rousseau connu pour ses prises de position sceptiques envers l’immigration. Cela nous change d’Arthur Delaporte et de Boris Vallaud... Comment va réagir l’Internationale socialiste à cette coalition avec le centre-droit ? SMER – Social-Démocratie du Premier ministre slovaque Robert Fico fait toujours partie de cette Internationale…

Le compromis entre les socialistes et les nationaux-centristes en Flandre n’est pas une surprise d’autant que les Flamands s’accordent tous sur l’objectif final d’obtenir leur souveraineté nationale. Mais cet accord tiendra-t-il alors que se profilent trois mesures explosives : la réforme du marché du travail, la révision des règles d’allocation du chômage et la refondation du système des retraites ? Le nouveau gouvernement s’engage aussi à réaliser des économies d’un montant de vingt milliards d’euros ! Ce plan ambitieux ne concerne toutefois pas la sécurité intérieure, ni la défense dont les dépenses devraient fortement augmenter. L’accord a été rendu possible par la victoire récente en Wallonie du Mouvement réformateur (29,58 %) et des Engagés (20,65 %) dans une région sclérosée par des décennies de clientélisme socialo-écologiste.

L’arrivée de ce nouveau gouvernement a des répercussions en Wallonie, dernière république soviétisée sinistrée au monde. La médiacratie wallonne exerce un strict cordon sanitaire contre tout porte-parole patriote ou identitaire. Elle n’hésite jamais à jeter en pâture à travers des articles biaisés et des reportages fielleux des personnalités non conformistes. Ce climat liberticide n’empêche pas le président du Mouvement réformateur, Georges-Louis Bouchez, d’accueillir dans sa formation un ancien cadre et des anciens candidats du mouvement protestataire anti-immigré « Chez nous ».

Dépassé à la fois, en haut, par la supranationalité pseudo-européenne et ultra-atlantiste (l’OTAN), et, en bas, par la régionalisation et la communautarisation, l’État fédéral belge malingre et dysfonctionnel n’est qu’une coquille vide en proie à une islamisation galopante ainsi qu’à une emprise grandissante des narco-trafiquants. La tâche ministérielle de Bart De Wever se révèle plus que colossale, elle devient herculéenne.

Salutations flibustières !

• « Vigie d’un monde en ébullition », n°143, mise en ligne le 11 février

14:24 Publié dans Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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