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lundi, 24 janvier 2011

CÉLINE, JE TE HAIS MOI NON PLUS...

Philippe Randa 5.jpgLa Chronique

de Philippe Randa

S’il y en a un qui doit être “le ravi des cieux” depuis une semaine, c’est Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline. Un demi-siècle après sa disparition, il fait la une des medias. Une promotion, sans doute, comme jamais il n’en avait connue de son vivant.

 

À croire que si l’on avait voulu “relancer” – si tant est que cela fut nécessaire – la vente de ses livres, pouvait-on espérer mieux ? Gratos, en plus, la promo !

 

C’est un sale coup, forcément, pour la poignée d’autres écrivains en liste cette année : Hervé Bazin, Jean Cayrol, Patrice de La Tour du Pin, Henri Troyat, Maurice Maeterlinck, Blaise Cendrars, Frantz Fanon, Michel Foucault… pour ne citer que ses contemporains dans la liste.
 

À tel point qu’il serait intéressant de connaître dans les prochaines semaines les ventes de ses livres… et celles des autres “nominés” de ces Célébrations nationales 2011. Gageons qu’elles resteront ignorées du grand public. Par pudeur.
 

En plus, ils ont bonne mine de cotôyer celui qui est appelé pas tous, unanimement, “génie littéraire”, “plus grand écrivains du XXe siècle”, “monument de la littérature” au “talentueux délire” même si les uns ajoutent “immense salaud” ou “incommensurable ordure”, tandis que d’autres débattent à n’en plus finir sur “la personnalité de Céline (…) il est vrai, pour le moins controversée. On pourrait même parler d'abominable vérité” (France soir, 21 janvier 2011).

  

N’en jetons plus, qui ignore encore que, publié dans la prestigieuse collection de La Pleïade de Gallimard, cet auteur est aussi celui de trois pamphlets (Bagatelles pour un massacre, L’école des cadavres, Les Beaux draps) fort peu amènes pour le peuple auto-proclamé élu ? Plus personne n’a d’excuses pour l’ignorer après cela… comme de ne pas ouvrir un de ses livres… voire de ne pas chercher désespéremment à se procurer les fameux pamphlets. Pour voir… et pour condamner, bien sûr… bien sûr… bien sûr…

  

“Le ravi des cieux” peut donc être reconnaissant à maître Serge Klarsfeld, grand pourfendeur professionnel de nazis et d’antisémites devant le Sanhédrin, d’avoir rappelé à l’ordre le Ministre de la Culture.

  

Et quand Serge Klarsfeld siffle, on s’exécute. C’est ce qu’à immédiatement fait Frédéric Mitterrand. Qui, il est vrai, n’est que Ministre de la République française, lui !

  

Et il n’est pas son oncle François. Lui avait rétorqué en son temps, à Jean-Pïerre Elkabach qui le harcelait sur ses mauvaises relations durant la dernière guerre mondiale et doutait de l’étendue de son philosémitisme : “Que voulez-vous que je fasse ? Que je me convertisse ?

  

Sans doute, oui, mais le journaliste, toutefois, n’a pas osé le lui réclamer à une heure de grande écoute. C’est personnel, ces choses-là !

  

Quoiqu’il en soit, Céline sera vendu plus que jamais en 2011, ce qui est sans doute le plus important pour la littérature… mais ne sera pas célébré. La belle affaire !

  

Puisque le “mal” est fait, tout de même, la faute à qui ? Évidemment à Frédéric Mitterrand qui s’est peut-être “dégonflé”, mais qui avait tout de même été sacrément “gonflé” de laisser inscrire le “maudit de Meudon” dans la liste des Célébrations nationales.

 

D’un autre Ministre que lui – hormis André Malraux et Jack Lang – on pourrait penser qu’il aurait pu ne pas savoir de qui il s’agissait ; quoique même Nicolas Sarkozy, pourtant peu connu pour sa grande culture, ne fait pas mystère de son admiration pour l’auteur de Voyage au bout de la nuit.

 

Mais Frédéric Mitterrand, non ! Lui savait très bien de qui il s’agissait et ne pouvait ignorer les réactions que sa présence dans la liste allait provoquer.

 

Dire qu’il y en qui regrette sa présence au Ministère de la Culture, alors que c’est bien le seul qui soit efficace dans sa fonction !

 

 

PS : Je profite de la belle campagne de promotion célinienne de messsieurs Mitterrand et Klarsfeld pour vous recommander quelques livres sur ce “génie littéraire” pour beaucoup et “incommensurable ordure” à ses heures pour d’autres, publiés aux Éditions Dualpha par mes soins : Le cas Céline de Philippe Pichon et Le siècle de Céline de Marc Hanretz… Sur son éditeur : Robert Denoël, un destin de Jean Jour… Et dans le cadre de la polémique suscitée ces jours-ci, le Dictionnaire commenté de livres politiquement incorrects que j’ai commis avec Francis Bergeron… D’avance, je remercie très sincèrement l’avocat et le ministre ci-dessus nommés pour les ventes futures réalisées grâce à eux.

10:14 Publié dans La chronique de Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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