jeudi, 03 février 2011
Echange courtois entre Robert Spieler et Bruno Gollnisch...
Après le dernier congrès du Front national, Robert Spieler, Délégué général de la Nouvelle Droite Populaire, a publié un communiqué faisant part de sa réaction à la suite de l'élection de Marine Le Pen et livrant son sentiment sur le déroulement de la campagne interne qui divisa le FN pendant plusieurs mois (cliquez ici). Largement repris dans la presse, en particulier dans l'hebdomadaire Rivarol, ce communiqué a entraîné la réponse suivante de Bruno Gollnisch. Réponse qui sera publiée dans le numéro de demain de Rivarol (cliquez là) :
Robert Spieler, envers lequel je conserve le souvenir de notre amicale relation quand nous siégions tous deux comme députés du Front National à l’Assemblée Nationale, se livre dans les colonnes de Rivarol à une analyse critique de la campagne interne du Front National, qui est surtout critique à mon égard. Après les batailles, ou, comme on voudra, après les matches, il ne manque pas de stratèges aptes à les refaire et à les gagner a posteriori, dans la quiétude de leur bureau, ce qui est toujours plus facile que sur le terrain. A cette aune, la bataille de Waterloo a été gagnée sur plans après coup par tellement de « généraux » de talent qu’on se demande comment Napoléon a bien pu faire pour la perdre (pour autant, je ne compare pas la campagne pour la présidence du Front à cette bataille, ni ne me prends pour Napoléon!).
Si je comprends bien Robert Spieler, il me reproche de ne pas être davantage entré en conflit avec Jean-Marie Le Pen. Il est bien placé pour savoir qu’un conflit grave et persistant n’aurait débouché que sur mon départ du Front National. Me reproche-t-il donc d’y être resté, quand d’autres, qui étaient des amis, et pour beaucoup le sont encore, en sont partis ? Je m’abstiendrai de lui retourner l’argument et de lui dire que, s’ils étaient tous restés, la situation eût peut-être été complètement différente. Je m’abstiendrai sincèrement, car je n’ai pas ses talents de voyance, et je ne suis donc pas sûr de pouvoir l’affirmer. En revanche, peut-on dire que ceux qui ont fait ce choix de rupture, à commencer par Robert Spieler lui-même, soient aujourd’hui politiquement mieux placés ou plus influents que je ne le suis pour défendre les convictions qui leur sont chères? Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas évident. La plupart s’abstiennent donc de me juger, et j’observe à leur égard la même réserve. Si Robert Spieler était aujourd’hui à la tête d’un mouvement puissant, ses critiques auraient davantage de crédibilité. D’ici là, il devrait suivre l’exemple de ceux qu’il cite, et au moins tempérer ses jugements.
Je ne polémiquerai pas sur les autres affirmations de son article, dont presque toutes pourraient être contredites. Sauf erreur de ma part, Robert Spieler a quitté le Front National depuis une vingtaine d’années, et il n’est pas très bien informé de ce qui s’y est passé depuis. A titre d’exemple, je me bornerai à réfuter une seule assertion. Il écrit que «je n’ai pas levé le petit doigt» (sic) pour défendre mes amis, et il cite pêle-mêle Marie-France Stirbois, Jacques Bompard, Bernard Antony et Carl Lang. Il a tort.
D’abord, je n’étais justement pas le Président du Front National, et je ne vois pas très bien d’où l’on tire l’idée qu’entrant en conflit j’aurais été en mesure d’imposer mes vues. Ensuite, ces amis de forte personnalité, dont les cas sont d’ailleurs différents, ne prenaient pas chez moi leurs instructions. D’ailleurs, ceux qui ont quitté le FN ne m’ont pas demandé la permission de le faire. De plus, j’en ai défendu certains plus qu’ils ne l’ont fait eux-mêmes. Par exemple, Carl Lang et moi avons durant deux années plaidé auprès de Jean-Marie Le Pen et de Jacques Bompard pour tenter d’améliorer leurs relations. Dans ce genre de situation, c’est bien connu, on mécontente tous ceux que l’on s’efforce en vain de réconcilier. En tout état de cause, il aurait dû ne pas échapper à l’œil perspicace de Robert Spieler que Jean-Marie LePen lui-même m’a fait grief de ces démarches et d’une attitude selon lui trop favorable aux “dissidents”. Il n’a pas caché que cela le déterminait, entre autres, à ne plus voir en moi son successeur et à appuyer la candidature de Marine. Il faut donc croire que, contrairement à ce que prétend Robert Spieler, j’ai bien à un moment ou un autre «bougé le petit doigt», et même le bras tout entier. Que je n’aie pas souhaité porter publiquement atteinte à l’unité du mouvement dont j’étais membre, ni à l’autorité de son président, est un autre problème. Je suis en effet de ceux qui considèrent qu’une autorité même imparfaite, et même s’exerçant à mon détriment, vaut mieux que pas d’autorité du tout. C’est ma conception du bien commun. On peut ne pas la partager. On n’est pas pour autant obligé de confondre ce stoïcisme avec de la faiblesse d’âme.
Bruno Gollnisch
La réponse de Robert Spieler :
Je remercie Bruno Gollnisch de sa réponse courtoise parue dans Rivarol qui fait suite à la critique que je formulais, et que je maintiens, quant à la manière dont il a accepté, durant la campagne interne pour la présidence du Front national, les avanies de ses adversaires.
Cela ne retire rien à l'estime et à l'amitié que j'ai pour lui.
Robert Spieler
12:29 Publié dans Combat nationaliste et identitaire | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.