jeudi, 01 novembre 2012
Un sympathique bras d'honneur...
Jean-Gilles Malliarakis
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Ce 30 octobre, Gérard Longuet était l'invité de l'émission Preuves par 3 sur la chaîne "Public Sénat". Le propos du jour concernait le projet de mariage entre personnes du même sexe, pour lequel il demande qu'une clause de conscience permette, au moins, aux maires de ne pas le célébrer, comme il en va, depuis la loi Veil de 1975, pour les médecins refusant de pratiquer l'interruption volontaire de grossesse.
Mais en marge de ce débat, provocateur en lui-même, il semble bien qu'on ait voulu attraire l'ancien ministre de la Défense dans une autre question conçue pour le "piéger" : celle de la repentance permanente qu'on demande à la France à propos des "crimes du colonialisme français". Le gouvernement algérien revendique, en effet, de notre part et unilatéralement, une "reconnaissance franche".
Sa réponse consista en un bras d'honneur, franc et massif. Et, interrogé par une autre chaîne (1) il confirme et assume son geste "populaire", "de bon cœur". "Je ne renie rien" ajoute-t-il.
À cet égard ce vieux camarade mérite un hommage particulier. Il a rompu de la sorte avec une attitude pratiquement unanime de la classe politique. Celle-ci s'est retrouvée sur une ligne commune, celle aussi, hélas, des autorités ecclésiastiques, des institutions philosophiques et des gros moyens d'intoxication de l'opinion.
N'oublions pas le rôle particulièrement pervers de l'école "républicaine". Loin de chercher à assimiler aujourd'hui les enfants issus de l'immigration elle se préoccupe de fabriquer des ressentiments artificiels contre leur pays d'accueil, supposé devenir leur nouvelle patrie. Ces rancœurs se révèlent d'autant plus paradoxales que leurs familles sont venues volontairement en France.
Disons-le donc tout net : la soi-disant "repentance" ça suffit ! Basta !
Il faut d'abord souligner que sous ce mot de "repentance", on dénature une démarche d'ordre religieux et de nature personnelle. Celle-ci n'a de sens qu'envers un dieu dont on implore la miséricorde. Le gouvernement d'Alger n'est peut-être pas le Diable, il n'est certainement pas le Bon Dieu. S'il veut donner des leçons de morale et de liberté qu'il commence par les appliquer chez lui.
On veut sans doute hâter un processus de "réconciliation" entre deux États, tourner la page d'une guerre terminée en principe depuis 50 ans, faire face à l'avenir et, notamment combattre des ennemis communs dans la région du Sahel.
S'il s'agissait de cela on pourrait comprendre. On applaudirait même, mais à une condition : que cette démarche soit effectuée de manière réciproque et non pas unilatérale. Qu'elle soit sincère et non fondée sur le mensonge, récurrent outre-Méditerranée, par lequel l'armée dite des frontières accapare le pouvoir depuis juillet 1962.
Vous dites : "crimes du colonialisme ?"
Alors peut-être aurait-il fallu rendre le pays dans l'état où on l'avait trouvé en 1830, détruire les hôpitaux, les infrastructures, les ports, les voies de chemin de fer, les écoles, les puits de pétrole. Il aurait récupéré son bagne, son refuge de pirates et son marché aux esclaves.
Aurait-il fallu également ramener la population à son niveau d'origine, à peine 2 millions d'habitants en 1830 contre 10 millions en 1960 ? cela eût évité à l'oligarchie militaire et pétrolière la dure tâche d'avoir à la nourrir, tache à laquelle elle ne semble guère efficace.
Admettons. La colonisation a sans doute été globalement une erreur. Tout lecteur de Frédéric Bastiat le sait.
Et toutes les guerres contiennent leur part d'horreur. Les continuateurs du FLN algérien le savent mieux que personne. Leur technique de terrorisme barbare consistait à mettre en scène l'horreur pour tétaniser l'adversaire et radicaliser les antagonismes.
On pourrait multiplier les exemples. Citons simplement les massacres de Philippeville. Ils furent perpétrés en août 1955 contre les Européens, mais aussi contre les musulmans loyalistes, mais encore contre les notables musulmans modérés qui venaient de signer d'un appel condamnant "toute violence d’où qu’elle vienne".
Ne réécrivons pas ici l'Histoire de cet atroce conflit.
Ne prétendons pas qu'une répression conçue par des dirigeants socialistes parisiens aurait pu se réaliser sans tache. C'est le gouvernement socialiste de Guy Mollet qui inventa en 1956 l'envoi du contingent. C'est Mitterrand ministre de l'Intérieur en 1954 qui avait lancé la doctrine "une seule France de Dunkerque à Tamanrasset".
L'application ne pouvait être qualifiée de "fraîche et joyeuse".
Aucune guerre ne peut être considérée comme "fraîche et joyeuse", et ceci vaut particulièrement pour le vaincu.
Si la République jacobine, présidée par Monsieur Normal, veut exercer son talent de repentance, qu'elle commence par effacer de l'Arc de triomphe de l'Étoile le nom du général Turreau, l'homme des colonnes infernales en Vendée.
Enfin un mot sur la guerre coloniale : elle se conçoit sans doute la moins hideuse de toutes puisqu'elle ne se donne pas pour but de "détruire l'adversaire" (Clausewicz... et les jacobins en Vendée), mais de "le transformer en administré" (Galliéni).
Ayant participé en 1962, comme le fit à la même époque Gérard Longuet, à l'accueil en Métropole des rapatriés d'Algérie, je veux bien pardonner, chrétiennement, si on me le demande, et quoique je sois un tout petit chrétien. Mais je n'oublierai jamais.
Note
(1) BFMTV 31 octobre.
14:07 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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