mercredi, 07 novembre 2012
Un rapport à côté de la plaque
Le billet de Patrick Parment
Le rapport de Louis Gallois, ex-Pdg d’EADS, est d’ores et déjà à ranger dans la longue liste des procès de bonnes intentions auxquels se livrent tous les gouvernements pour se donner bonne conscience. Sur l’air de « Vous allez voir ce que vous allez voir ! », on voit toujours la même chose : rien. A cela une raison simple et, pour faire une image, toutes les politiques économiques sont indexées sur la Bourse. C’est le marché qui dicte sa dure loi au politique.
Qu’entendre alors par politique ? Essentiellement la batterie d’énarques qui a squatté depuis longtemps tous les postes relevant, jadis, du politique, sans oublier une administration incapacitante sur laquelle ils règnent sans partage. Martine Aubry, qui sait de quoi elle parle pour avoir éreinté ce pays avec les 35 heures, a confirmé devant ses affidés, lors du congrès du PS à Toulouse, qu’avec Hollande, c’était bel et bien l’administration qui menait la danse. On devrait passer une petite annonce rédigé ainsi : « Bercy recherche garagiste pour diriger le Trésor ! » Rendez-nous un René Monory !
Trêve de plaisanterie, on n’ira pas chipoter sur la manière dont le gouvernement de monsieur Ayrault a décidé de se servir du rapport Gallois. Sauf qu’il faudrait tout de même commencer par réduire le train de vie de l’Etat qui fait consensus à droite comme à gauche sans que personne ne s’y résolve. Afin d’arrêter la gabegie, il n’est pas besoin d’aller bien loin, il suffit de sortir du placard les derniers rapports de la Cour des comptes. Mais, sur le sujet, le rapport Gallois est muet.
Pour le reste, M. Gallois énonce un certain nombre de pistes très structurelles sur lesquelles, je l’avoue, je n’ai pas d’avis particulier. Si j’en crois Mélenchon, qui ne raconte pas toujours que des bêtises, c’est poubelle direct. Pour Jean-Claude Mailly, le patron du syndicat FO, ces mesures ont pour effet de trop « rogner sur le système de protection social et sur le niveau des salaires, pour être compétitif. Ceux qui prônent ça, c’est-à-dire une partie du patronat, la Commission européenne et l’OCDE, nous ont déjà envoyés dans le mur de la crise ». Parole d’expert.
Ce qui retient notre attention dans ce rapport, c’est son manque de perspective. Et notamment en matière de transition énergétique. Sur le sujet, ce rapport est quasiment muet alors que les futurs emplois se situent là en grande partie. Et je vois mal où M. Ayrault va chercher ses 300 000 emplois ?
De quoi s’agit-il quand on parle de transition énergétique ? Tout simplement du remplacement des énergies non renouvelables (pétrole, gaz, etc.) par des énergies renouvelables partout ou c’est possible. A l’heure où se profile une guerre sur les ressources avec l’arrivée sur le marché des pays émergents, comme l’Inde et la Chine, il est urgent de se rendre moins dépendant de ces sources d’énergie.
Face à la crise, il ne faut pas s’attendre à de forts taux de croissance. Ce qui revient à dire que le crédit sera plus rare et qu’il nous faudra donc investir dans des secteurs rentables sur le long terme. Plusieurs sources d’énergie s’offrent à nous qui ont le grand mérite d’orienter la recherche et de créer de l’emploi. Ces sources ce sont l’hydrogène, la géothermie, la biomasse et le nucléaire.
Pour ce qui est du nucléaire, nous ne sommes pas en retard sur le plan technologique mais il nous faut renforcer le parc existant. Pourquoi ? Parce que le nucléaire est le seul à même de fournir à l‘industrie toute l’énergie dont elle a besoin dans un rapport qualité/prix compétitif. De surcroît, c’est une énergie non polluante n’en déplaise aux écolos où les accidents sont rares.
L’hydrogène a des emplois multiples mais notamment en matière de transport. Autant la voiture électrique relève du gadget, autant avec l’hydrogène vous userez la carrosserie avant d’épuiser votre moteur.
La biomasse, autre forme d’énergie intéressante, consiste à obtenir de l’énergie en brûlant les déchets organiques d’origine végétale ou animale. EDF est déjà impliquée dans cette filière. Enfin, la géothermie qui n’est autre que l’utilisation de la chaleur de la terre elle-même, transformée en vapeur. Outre de fournir également de l’électricité, la géothermie pourrait chauffer des villes entières à des coûts plus que raisonnables.
Toutes ces énergies sont pourvoyeuses d’emplois et il serait temps de revaloriser les filières de l’enseignement technique plutôt que de vouloir porter au bac 80 % d’une classe d’âge dont 60 % finissent à l’ANPE.
Bref, ce sont autant de pistes que nous aurions aimé voir traiter par le rapport Gallois. Il n’en est malheureusement rien. Et je crains fort, qu’une fois de plus, ce gouvernement ne mette en place une nouvelle usine à gaz financière où l’on engloutira le fruit du labeur des travailleurs que nous sommes, cette classe moyenne que l’on ne cesse d’essorer au profit des banques et d’un personnel politique déconnecté des réalités. Ce n’est donc pas avec le socialisme que l’on viendra à bout de la réforme du capitalisme. La révolution viendra d’ailleurs. On l'attend avec impatience.
17:13 Publié dans Le Billet de Patrick Parment | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.