Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 10 juin 2013

L’extrême droite ne demande l’interdiction de personne...

drieu.jpg

Nicolas Gauthier

Boulevard Voltaire cliquez ici

Mort dramatique du jeune Clément Méric oblige, voilà que le gouvernement nous ressort l’arlésienne de la dissolution des groupuscules d’extrême droite. On leur souhaite bien du plaisir, la majeure partie de ces derniers n’ayant aucune existence légale. Certains, tels Yves Thréard (patron du Figaro), évoquaient encore, ce dimanche sur RTL, la dissolution d’autres groupuscules, d’extrême gauche ceux-là, devant une Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, pas tout à fait à l’aise. À cause du parallèle – pour elle manifestement incongru ?

Alors, oui, dissoudre l’extrême droite et l’extrême gauche… Extrêmement crétin, surtout sachant que ces mouvements plus ou moins violents renaissent immanquablement sous d’autres enseignes. Le parallèle, ensuite, est des plus spécieux. On a toujours entendu l’extrême gauche exiger l’interdiction de l’extrême droite, mais jamais le contraire. Comme quoi la tolérance niche parfois là où on ne l’attend pas. C’est l’extrême gauche qui manifeste contre les réunions de l’extrême droite – voir le fameux meeting tenu par Ordre nouveau au palais des sports à Paris, le 21 juin 1973 – et pas l’inverse.

À l’époque, l’extrême droite est anticommuniste, à l’inverse de l’extrême gauche. On sait au moins qui soutenait les tyrans d’alors, qui niait la réalité du goulag. Quelques années plus tard, le Mouvement national-révolutionnaire de Jean-Gilles Malliarakis affine même le concept en ajoutant l’antiaméricanisme au combat anticommuniste d’origine. Bien vu. Et c’est là où le parallèle figaresque ne tient pas vraiment : l’extrême droite a toujours fait preuve de plus de lucidité politique que l’extrême gauche. Mieux : elle avait pour elle le culte de la déconne et ne s’est jamais vraiment prise au sérieux. Jack Marchal, figure historique du GUD et dessinateur de talent, mettait même en scène les travers de ses propres camarades dans Les rats noirs, BD proprement hilarante.

Chez les trotskistes de la LCR ou de l’OCI, une initiative équivalente aurait déclenché un procès politique pour se conclure en cassage de gueule. Et ne parlons même pas de ceux de Lutte ouvrière ou des maoïstes de la Gauche prolétarienne. Pauvres gars obligés de se taper du Grand Timonier et du Petit Léon à longueur de journée ; et gare à ceux qui avaient mal appris la leçon et oublié de réviser leurs devoirs.

Alors qu’en face, on lisait Marcel Aymé et Jacques Laurent, Michel Audiard et Antoine Blondin. Eh oui, les gars… le talent littéraire est à droite, surtout chez ces écrivains-là qui, à rebours d’un Jean-Paul Sartre, n’ont jamais exigé que tombent les têtes ! Au risque de peiner Najat Vallaud-Belkacem, on dira que si l’extrême gauche a la culture de la haine, l’extrême droite, elle, a toujours cultivé le mépris.

Ça a tout de même plus de gueule.

22:42 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.