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mardi, 27 août 2013

Marignane : fumer tue ? L’héroïsme aussi !

1188351298.4.jpgLa chronique

de Philippe Randa

Boulevard Voltaire

L’été aura donc été meurtrier à Marignane… et le sang qui y a coulé aussi, dans un minable fait divers à l’issue tragique.

Jeudi soir, deux voyous braquent un débit de tabac avant de prendre la fuite en scooter. Leur butin ? Des paquets de « Fumer tue », un fonds de caisse de quelques billets et de beaucoup de monnaie.

Témoin de leur mauvais coup, Jacques Blondel, un sexagénaire de retour de la plage avec femme et petite-fille, les poursuit, percute leur scooter, puis sort de son véhicule pour les « finir » à la lacrymo.

Mauvaise pioche : l’un des voyous braque son fusil et l’abat avant de reprendre la fuite avec son complice, sans oublier leur « précieux » butin. L’un d’eux, déjà connu des services de police pour des délits similaires, est arrêté peu après. L’autre est en cavale… S’il n’y avait mort d’homme, ce fait divers n’aurait sans doute eu droit qu’à dix lignes dans le journal local, voire à quelques mots blasés des présentateurs de JT pour meubler l’antenne, faute d’actualités plus excitantes.

Mais là, un homme – ni « tête brûlée », ni « chevalier blanc », selon ses anciens collègues de travail – est mort parce que, explique son épouse, « déjà braqué par le passé à Marseille, il ne supportait pas l’injustice »… Les commentaires, toutefois, ne sont pas unanimes : pour les uns, c’est un héros ; pour les autres, un irresponsable qui a non seulement perdu sa vie à vouloir jouer les justiciers, mais a mis également en danger son épouse et sa petite-fille dans son « coup de folie ».

C’est vrai, en quoi est-ce que cela le regardait ? Peut-être bien qu’il ne fumait même pas !

Il fut une époque que les moins de 20 (ou 30 ou 40) ans n’ont pas connue, où seule l’admiration pour son initiative aurait prévalu… Autre temps, autre conception de la citoyenneté.

Cela dit, il est également possible que le drapeau de l’hôtel de ville n’ait pas été mis en berne pour lui rendre hommage, ni qu’une marche silencieuse, ainsi qu’un geste en faveur de la famille, ne soit envisagé par le maire, si son acte de bravoure n’avait eu lieu en pleine polémique médiatique entre Manuel Valls et Christiane Taubira ; le premier s’est immédiatement emparé du cadavre encore chaud pour évoquer « un acte de bravoure qui doit imposer le respect », dénoncer « ce crime lâche et intolérable », dire qu’« il fallait faire preuve d’une grande fermeté, dire que ça suffit » et réaffirmer « la détermination des services de police et de gendarmerie », tandis que la seconde grognait : « Nous n’allons pas céder face aux discours, aux airs martiaux et à la virilité intimidante », propos destinés à l’ancienne majorité de droite, mais plus encore à son collègue si détesté. C’est bien d’ailleurs ainsi que la quasi-totalité des médias l’ont compris et en ont rendu compte.

Grâce à cette bisbille ministérielle, opposant utopie laxiste et ambition personnelle, le courageux retraité aura au moins bénéficié de quelques hommages. C’était bien le moins.

08:42 Publié dans Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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