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lundi, 17 novembre 2014

EMBARGO, VOUS AVEZ DIT EMBARGO ?

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Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat

L’affaire des deux bâtiments de projection et de commandement russes bloqués à Saint-Nazaire  suite à l’ukase hollandien, n’est pas le premier accroc dans l’histoire des ventes de matériels militaires français.

En 1967, Charles De Gaulle avait  prévenu les futurs belligérants de ce qui allait rester dans l’Histoire  sous le nom de « Guerre des six jours, que la France, « sa » France, donnerait tort à celui des Etats  de cet Orient décidément bien compliqué , qui ouvrirait le premier les hostilités.

En effet, « l’homme du 18 juin » qui avait bradé l’Algérie française, entendait renouer avec le monde Arabe. Et son pari n’était pas très risqué car Israël, fidèle à sa stratégie de la « blitzkrieg », allait surprendre ses ennemis en les frappant le premier, détruisant ainsi tout leur potentiel destructeur….

N’utilisant à l’époque que du matériel français –chars AMX, avions Mirage III, Mystère IV, Vautour et autre Ouragan – Tsahal allait subir les foudres du « Grand Charles » : embargo complet sur les fournitures de rechange. Embargo aggravé deux ans plus tard après que des commandos israéliens, s’autorisant tout et n’importe quoi, aient détruit la quasi-totalité des appareils de la compagnie  aérienne libanaise MEA. Embargo peu efficace dans la mesure où l’Etat juif, prévoyant les réactions de l’Elysée, avait fait le plein auprès de la société Dassault de toute la « quincaillerie » nécessaire pour faire voler ses jets.

Georges Pompidou, succédant à De Gaulle, décida dans un premier temps d’alléger cet embargo tout en le maintenant sur du « gros » matériel. Ce qui n’empêcha nullement 6 patrouilleurs lance-missiles  de type « Combattante » en rade à Cherbourg, de prendre la poudre d’escampette bénéficiant, il est vrai, de nombreuses complicités dans les rangs des officiels français. Lesquels furent sanctionnés.  Les Israéliens ne purent rééditer cet « exploit » avec leurs 50 Mirage VJ, eux aussi commandés et payés, stockés sous cocon à Châteaudun. Au terme de longues négociations, la France dut rembourser ces appareils dont les caractéristiques ne correspondaient pas aux besoins de notre Armée de l’Air,  et verser des indemnités à son ex-client. Une triple pénalité !

Si la France perdit la clientèle de l’Etat hébreu – Israël se fournissant alors en matériel américain ou national – elle trouva une compensation en investissant le marché arabe, au grand dam des amis du fameux « petit Etat ». Même  si la morale commerciale en avait pris un coup au passage, « le cher vieux pays » ne perdait rien au change, Egypte, Irak et Libye commandant des Mirages comme s’il en pleuvait….

Qu’en est-il aujourd’hui avec la commande des deux BPC russes qui fut négociée sous le quinquennat de Sarkozy, lequel fut, pour une fois, un efficace intermédiaire entre Vladimir Poutine et les Géorgiens ? Prenant prétexte du conflit ukrainien et épousant radicalement sans nuances les thèses de Kiev et des européistes, Hollande a décidé de suspendre la livraison des deux bateaux, poussant les Russes à lui adresser un ultimatum. « Monsieur petites blagues » est devant le dilemme suivant, ou bien se coucher devant le diktat des européo-mondialistes et perdre un avantage économique considérable, ou refroidir nos relations avec les Occidentaux et, parallèlement, conserver d’indéniables avantages économico-financiers. En effet, quels seraient les dommages encourus en cas de rupture du contrat ? Non seulement nous perdrions de belles perspectives pour  toutes nos productions, mais

Il faudrait rembourser les deux navires, alors que notre commerce extérieur est en berne, payer des dédommagements, probablement salés, et rechercher une destination finale pour ces deux BPC… Qui en voudrait ? Certainement pas notre Marine nationale dont le budget est comprimé comme celui des autres armes, sans oublier que cette décision jetterait une suspicion sur la parole de la France. (Au moment même où cette dernière négocie péniblement la vente de Rafales avec l’Inde, ce choix ferait « désordre »…) Sans oublier les retombées négatives pour l’emploi : on entend déjà les pleureuses de la CGT ! Non, tout milite pour que la France, SOUVERAINE, tienne parole et livre du matériel commandé et, en grande partie, payé. D’autant que les deux BPC, à supposer que la Russie entre officiellement en Guerre avec l’Ukraine, ce qu’à Dieu ne plaise, n’auraient aucun rôle décisif dans un tel conflit essentiellement terrestre et… psychologique !

Plus que deux semaines à attendre jusqu’à la fin de l’ultimatum russe. Cette histoire, si son scénario épousait la pire des solutions, serait emblématique du degré d’incapacité de nos pseudos élites, qu’un inconséquent suffrage universel aura placé aux manettes de l’Etat.

23:51 Publié dans Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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