Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 30 août 2017

RETOUR AUX VALEURS TRADITIONNELLES EN CHINE ET EN RUSSIE ! QUAND EN EUROPE ?

4642-base_image_5.1481225300.jpg

Marc Rousset

Le journaliste Cyrille Pluyette nous apprend, dans Le Figaro du 19 août dernier, que la promotion des valeurs traditionnelles, tant condamnées sous Mao Tsé-toung, est orchestrée par les autorités et fait son grand retour en Chine. On peut lire, aujourd’hui à Pékin, des affiches du style : « On est béni quand on fait preuve de piété filiale, quand on est honnête, quand on est patriote. » Ailleurs, des panneaux relatent la vie des disciples de Confucius, expliquent que l’on doit être « soumis et respectueux face aux parents, fidèle à la mère patrie » et qu’il faut être indifférent à la célébrité et à la richesse. Quant aux amoureux, ils ne doivent pas être trop démonstratifs et « respecter la morale sociale ».

La pornographie, l’homosexualité, l’adultère, l’hédonisme matérialiste stupide, les scoops ou les ragots sur la vie privée des stars chinoises sont également censurés sur Internet afin de ne pas flatter les « bas instincts du public ». Xi Jinping, dans une société largement bâtie sur l’argent, veut donc combler le vide idéologique par de nouvelles valeurs compatibles avec son gouvernement autoritaire. Le parti unique cherche à se réapproprier le confucianisme qui implique que le peuple obéisse à une élite d’hommes intègres et dignes de confiance.

Samuel Huntington, dans Le Choc des civilisations, avait déjà remarqué que la réussite de l’Asie était le résultat de l’importance culturelle accordée à la collectivité plutôt qu’à l’individu. Dans le monde démocratique occidental règne la culture de l’individualisme ; la tradition chinoise enseigne que la société est une communauté complexe. Le système de valeurs confucéen consacre l’importance accordée à l’autorité, à la famille, au travail et à la discipline, le rejet de l’individualisme, la primauté de l’autoritarisme « doux » et des formes très limitées de la démocratie.

Le triomphalisme asiatique face au déclin de l’Occident s’est exprimé dans ce que certains avaient appelé « l’offensive culturelle de Singapour ». Lee Kuan Yew, souvent qualifié de despote éclairé, a opposé les vertus de la culture asiatique confucéenne (l’ordre, la discipline, la responsabilité familiale, le goût du travail, le souci de l’intérêt collectif, la sobriété) à la complaisance, la paresse, l’individualisme, la violence, la sous-éducation, le manque de respect pour l’autorité et l « ossification mentale » qui seraient responsables du déclin de l’Occident.
On retrouve, en fait, dans les valeurs confucéennes, l’opposition bien connue en Europe entre le holisme s’appuyant sur des valeurs traditionnelles et l’individualisme des « Lumières » qui nous mène à la société décadente actuelle dont l’argent est la seule valeur. Dans ses déclarations, Lee Kuan Yew n’avait d’ailleurs jamais caché que la politique qu’il suivit à Singapour, et qui fut une source d’inspiration d’idées nouvelles pour les dirigeants chinois, consistait en fait à appliquer des vertus que les Européens avaient possédées et pratiquées en d’autres temps. Pour leur plus grande disgrâce, ils les avaient oubliées ou leurs nouveaux maîtres les leur avaient fait détester.

La perte des valeurs traditionnelles tient à la destruction volontaire ou induite de toutes les structures et contraintes, doctrines, lois, rites, codes de conduite et devoirs au bénéfice des « Lumières » progressistes destructrices. Comme le remarquait Gilles Lipovetsky dès les années 80 dans L’Ère du vide, les valeurs qui structuraient encore le monde de la première moitié du XXe siècle (épargne, conscience professionnelle, sacrifice, ponctualité, autorité) n’inspirent plus de respect et invitent davantage au sourire qu’à la vénération.

Et qu’a fait Poutine, en Russie, si ce n’est procéder, dès sa prise du pouvoir en 2001, à un retour aux valeurs traditionnelles russes comme la famille, la patrie et la religion orthodoxe. Une religion orthodoxe beaucoup plus réaliste et moins naïve que le catholicisme romain, en faisant construire des églises et reconstruire des cathédrales dans toute la Russie !

Source Boulevard Voltaire cliquez là

17:05 Publié dans Tribunes de Marc Rousset | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.