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lundi, 25 novembre 2019

Drôle de drame

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Le billet de Patrick Parment

Le paysage politique n’a guère évolué depuis qu’Emmanuel Macron l’a explosé aux dernières présidentielles. A gauche comme à droite, on compte les morts. A gauche, les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon avaient fait une belle percée avant de quasiment disparaître des écrans depuis qu’il a décidé de se faire rare. Les Verts s’étaient mis à espérer au lendemain de leur bonne prestation aux européennes. Mais ces élections sont un piège et Yannick Jadot peine à figurer comme figure de proue de ce courant disparate. A gauche toujours, Olivier Faure ne représente plus grand-chose. Et Raphaël Glucksmann encore moins.

A droite, Christian Jacob, besogneux laboureur, a repris les rênes d’un parti où il ne fait pas, semble-t-il, l’unanimité. Mais, bon an mal an, tous se sont rallié à son panache blanc. D’autant que l’homme ne nourrit pas d’ambition extravagante. De ce marigot, un homme sort du lot, François Baroin, authentique politicard dans sa version la plus éculée et franc-maçonne. En digne héritier d’un Chirac qui a fait sa carrière, cette parfaite nullité intellectuelle manque d’envergure. Masquant une ambition présidentielle, il n’en a pas moins déclaré que si Macron « faisait le job », il ne se présenterait pas contre lui. Courageux le mec ! Quant au grassouillet Gérard Larcher, patron des sénateurs, il clame sur tous les toits, dans la série Sœur Anne ne vois-tu rien venir ?, qu’il refuse le duel à venir Macron/Le Pen. Sauf qu’en l’état actuel des choses, c’est le scenario le plus probable.

Le drame, dans cette histoire, pour les nationaux que nous sommes, c’est que nous avons bien conscience que Marine Le Pen ne franchira jamais les grilles de l’Elysée. Car, outre la personnalité ambiguë de la dame, qui n’a pas, loin s’en faut, l’armature intellectuelle du père, le parti est aux mains de médiocres et d’incapables – à quelques exceptions près, soyons juste -, et s’est entourée d’un lobby gay qui fait la pluie et le beau temps. Faute d’une équipe et d’un programme solidement charpentés – les Français ne sont pas dupes – elle n’a aucune chance. Le Rassemblement national, à l’image du parti communiste hier, est un « gueuloir » et l’instrument par lequel les Français manifestent leur rejet d’une classe politique qui les berlure depuis des décennies.

La déception est grande concernant ce Président qui a vite révélé ses choix, très libéraux, et favorisé les plus riches au détriment d’une classe moyenne qu’il paupérise. Aussi, les Français, comme cela est en train de se faire, vont se saisir de la rue pour réguler les décisions politiques qui ne leur conviennent pas. C’est la rue, à l’image des Gilets jaunes, qui risque désormais de dicter la politique de ce pays, comme ce sera le cas le 5 décembre prochain. D’en connaître l’ampleur sera révélateur et décidera de la grandeur ou de la décadence du camarade Macron. On s’acheminerait alors vers une forme originale de démocratie directe.

Toujours est-il que cette politique de la rue a bien fonctionné. Depuis novembre 2018, Macron a beaucoup cédé, idem de son Premier ministre. Ils ont lâché du lest en ordre dispersé, ce qui tend à prouver que Macron et son gouvernement naviguent à vue. Confirmation avec la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, incapable de proposer une réforme des hôpitaux cohérente. Si l’on peut considérer que les cheminots défendent des intérêts corporatistes concernant leur retraite, il n’en reste pas moins vrai que les gouvernements successifs ont fort maltraité cette institution. Notamment en privilégiant le transport routier et donc la facture pétrolière. Faute d’une politique musclée et fatalement répressive en matière d’immigration, c’est au tour des policiers et des pompiers de descendre dans la rue. Et que dire de la justice !

Quant au mouvement des Gilets jaunes, expression d’un mal sociétal profond, nos gouvernants, aveugles, n’ont rien vu venir. Hier encore, c’était le rôle des préfets que de prendre la température. Quand bien même n’ont-ils rien vu venir en 1968. Aujourd’hui, les Gilets jaunes traduisent une archipellisation de la société française : le désarroi d’une d’une classe moyenne largement majoritaire et composée essentiellement de Français de souche –  ou France des terroirs -, incarnée par les Gilets jaunes ; une France qui jouit des profits de la mondialisation – la France urbaine - et enfin une France immigrée vivant en marge et qui fout la trouille à une classe politique qui n’a pas le courage d’affronter la réalité. La réalité étant que l’immigration a gangrené toutes les strates de la société française et brouillé tous ses repères traditionnels : travail, famille, patrie.

Ce que l’on nomme comme étant du populisme n’est jamais que la réponse d’un peuple (et des peuples) face aux travers d’un libéralisme mondialisé – qui récuse toute idée identitaire -, et d’une économie financiarisée qui confond la Bourse avec le loto. Pour toutes ces raisons, la classe politique va se retrouver face à une contestation permanente, au diktat de la rue. Tout cela, on en conviendra, ne constitue pas une politique pour la bonne raison que celle-ci a disparu.  

11:53 Publié dans Le Billet de Patrick Parment | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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