Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 30 décembre 2019

L'histoire de la FANE racontée par... Rivarol

80227177_198874844823640_3914454440777613312_o.jpg

Robert Spieler, Rivarol cliquez ici

La FANE, une étrange organisation

Franck Buleux nous offre, aux éditions Synthèse nationale, un panorama de ce que fut la Fédération d’action nationale européenne (FANE), qui exista un peu plus de quatorze ans, entre 1966 et 1980. Fondée par Marc Fredriksen (1936-2011), un employé de banque résidant au cœur de la Seine-Saint-Denis, célibataire, amateur invétéré  de tabac, fumant la pipe, peu charismatique, la FANE fut, dit Franck Buleux, « probablement l’ultime tentative, sur notre territoire, de former un parti révolutionnaire, d’inspiration nationale-socialiste européenne ». Après l’échec des nationaux, soutiens de Jean-Louis Tixier-Vignancour, à l’élection présidentielle de 1965, le mouvement entreprit de dépasser les deux thématiques traditionnelles de l’extrême droite française : le nationalisme étatique et l’anticommunisme.  Qui était l’ennemi principal, selon l’expression de Carl Schmitt et de Julien Freund ? La guerre des Six-Jours permettra de le désigner : ce seront l’ensemble des soutiens à Israël, y compris, et même surtout, parmi les organisations et cadres de l’extrême droite concurrente. Le Système considéra (ou plutôt fit semblant de considérer) que la FANE était cet astre sombre, expression d’une internationale brune, un danger quasi mortel pour la démocratie, et finit, bien sûr, par la dissoudre.

La FANE, un mouvement national-socialiste

La FANE, qui militait « pour une Europe populaire, unitaire et blanche » est née le 8/4/1966 de la fusion de trois groupuscules : le Comité de soutien à L’Europe réelle, les cercles Charlemagne, issus d’Occident, et Action Occident que présida Marc Fredriksen, qui fut aussi membre de la Restauration nationale. Tout cela ne représentait que quelques dizaines de militants. La revue Notre Europe, organe de « combat pour un nouvel ordre européen » en sera l’organe de presse. Elle fusionnera avec les Cahiers européens de François Duprat, après son assassinat en mars 1978. Passons rapidement sur quelques événements qui jalonnèrent la vie de ce mouvement. En 1970, la fusion avec Jeune Europe, mouvement dirigé par Nicolas Tandler ; en 1973, la tentative de diffusion dans les kiosques de la revue : un échec financier qui entraîne la disparition de la revue pendant cinq ans ; la candidature de Marc Fredriksen aux législatives de 1978 (1,4% des suffrages) sous l’étiquette Front national. Décidément, on n’était pas encore dans l’ère de la dédiabolisation ! L’assassinat de François Duprat le 18/03/1978 ; Le Congrès « fasciste européen, le26/01/1980 à l’hôtel Sofitel, à Roissy, en présence de délégations européennes. Le congrès se tient malgré l’interdiction préfectorale avec comme slogan quelque peu optimiste : « FANE vaincra ! ». Ce sera un des prétextes pour la dissolution du mouvement, quelques temps plus tard. La menace de dissolution amène la création des Faisceaux nationalistes européen, comme structure de repli. Henry-Robert Petit, ancien secrétaire général du Rassemblement anti-juif avant la Seconde Guerre mondiale, puis adjoint de Louis Darquier de Pellepoix, responsable des Affaires juives durant l’Occupation, proche de la FANE, en sera le dirigeant sur le plan administratif. Et puis, il y aura l’attentat meurtrier de la gare de Bologne (85 morts et plus de 200 blessés, le 2 août 1980), et la mise en cause de la FANE dans ce massacre, en la personne de l’inspecteur de police français Paul Durand, membre du bureau politique du parti et responsable des relations avec les nationalistes révolutionnaires transalpins.  Il n’y était évidemment pour rien, mais le pouvoir en prit prétexte pour dissoudre le parti, le 03/09/1980. La dissolution eut donc lieu avant l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic du 10/03/1980. L’attentat sera revendiqué par un provocateur, Jean-Yves Pellay, garde du corps de Marc Fredriksen, au nom des Faisceaux nationalistes européens (FNE) qui avaient succédé à la FANE. Nous y reviendrons car l’affaire est pleine d’enseignements. Mais quel était le programme de la FANE ?


Pour un nationalisme européen ; Israël, l‘ennemi principal

Sur le plan idéologique, elle défendait un nationalisme européen, et non un double nationalisme, français et européen, et encore moins un strict nationalisme étatique jacobin. Son emblème, les trois flèches traversant un cercle, évoque celui de la Phalange espagnole. Elle fera aussi appel parfois à la croix celtique. Elle ne se définit pas, véritablement, comme un parti politique, mais se veut être le noyau du futur parti français national-socialiste, lui-même destiné à devenir la section française d’un parti européen et se considère comme un mouvement révolutionnaire.  Vaste programme…

La FANE, qui considère qu’Israël est l’ennemi principal, soutient les mouvements palestiniens,  y compris ceux d’obédience marxiste. Lors de la guerre des Six-Jours, elle diffuse un tract violemment antisémite, avec en illustration, une araignée représentant Israël qui tisse sa toile sur le Proche-Orient, ainsi que des articles révisionnistes. La FANE prend la défense de« centaines de millions de ‘musulmans’ (pas d’’arabes’), face à un Etat « artificiel ». Une conférence est organisée dans les locaux du mouvement sur le thème très intellectuel de « la dimension cosmique du nazisme et le diabolisme juif ». Rudolf Hess fait la une de Notre Europe, qui indiquera, à chaque parution, le nombre de mois de captivité de « notre camarade Rudolf Hess » La justice se basera évidemment sur cette petite fantaisie pour accuser le mouvement d’ « apologie de crime » et procéder à sa dissolution. Le groupe ne fait pas, il est vrai, dans la dentelle. A partir de 1979, alors qu’auparavant, il évoquait davantage Juan Peron et Michel Aflak, fondateur du Baas, qu’Adolf Hitler, il fait nettement état de sa volonté de construire une Etat européen national-socialiste. Il célèbre l’anniversaire du Führer, chaque 20 avril, et pratique le « salut romain ». Les photos seront bien sûr diffusées, y compris dans Notre Europe : malin… Mais la FANE savait aussi faire preuve de modération. La preuve, elle substituait parfois le terme « fasciste » à « national-socialiste », pour se définir. Voulant sans doute  replonger dans l’ambiance des années 1930, elle apposa en 1979, sur les murs de  Paris, une affiche pleine de sens : « Ouvrier fasciste, rejoins nos rangs ». On ignore combien d’ouvriers fascistes rejoignirent ses rangs… Pour faire joli, sans doute, les réunions de la FANE se déroulent souvent en uniforme : chemise bleue à poche récupérée dans les surplus des chemins de fer allemands (forcément), pantalon noir, chaussures noires, ceinturon avec la rune d’Odal. La FANE organisa de nombreux camps de jeunes, notamment pour fêter les solstices d’été, avec des camarades étrangers, notamment des Allemands. Ainsi, le 17 juin 1978, un solstice fut organisé dans un château en Seine-et-Marne. Le rapport de gendarmerie nota que « les Allemands circulaient dans la localité en tenue noire, arborant des insignes nazis et diffusant de la musique militaire allemande », « un drapeau rouge supportant la croix gammée étant hissé sur le château ». Notons, au passage, que les relations entre les militants de la FANE et le Front national, dont Jean-Pierre Stirbois, issu des milieux solidaristes, avait pris le secrétariat général, n’allaient pas tarder à devenir exécrables (ce fut aussi le cas avec le MNR de Jean-Gilles Malliarakis). Ils furent proprement virés du FN émergent, Stirbois estimant que le parti se devait de sortir de l’ère groupusculaire. Bien entendu, Stribois fut accusé par la FANE d’être un homme du gouvernement israélien, son vrai patronyme étant ‘Stirnbaum’ (absurde, bien sûr).

La FANE, un antre de provocateurs et de flics infiltrés 

Bien entendu, il y eut des militants sincères, de qualité, dans cette organisation, et certains sont mes amis. Le livre de Franck Buleux évoque tout de même de curieux personnages, qu’il vaut mieux ne pas croiser dans l’action politique. Je ne citerai que quelques exemples. Il y a ainsi Michel Thibault, qui fut trésorier de la FANE, qui passa au Comité de soutien de la « Bande à Baader » (de la Fraction armée rouge allemande), puis disparut des radars. Il y a cette affaire niçoise. Une liste de personnalités juives de la ville de Nice fut adressée au MRAP avec des menaces délirantes, cachet de la FANE à l’appui. On y lisait : « Un jour, nous ferons couler le sang ! Un seul Dieu, Adolf Hitler ! » La police trouva le double de la liste des personnalités chez le responsable de la FANE des Alpes-Maritimes, Marc Gillet. Un certain Daniel Milan sera lui aussi condamné dans cette affaire pour menaces de mort. A sa sortie de prison, il se convertira à l’islam et ira vivre sur le continent africain. On peut multiplier les exemples du même acabit. La fin des années 1970 est chaude. Les Nouvelle littéraires fondées par Jean-François Kahn, recensent 122 attentats attribués à ‘ « extrême droite », dont treize et deux meurtres supposés avoir été commis par un improbable groupe Delta. Parmi ceux-ci, Franck Buleux cite l’attentat avec des cocktails molotovs, du 11 décembre 1977 contre le foyer Sonacotra de Strasbourg, revendiqué par un commando Delta. Une affaire que j’ai suivie de près, et dont je connaissais bien les protagonistes. Un de nos militants (j’étais au PFN), venu de Paris et soi-disant membre de l’Oeuvre française, était allé dénoncer les trois responsables de l’attentat  (qui ne nous en avaient évidemment pas informés préalablement) à la police. J’en fus informé dans l’heure par un policier de la PJ qui était un ami et un sympathisant. Il me dit que les perquisitions allaient démarrer. J’en ai informé les différents protagonistes. Avec mes amis, nous décidâmes de nous taire, et de ne pas les balancer, nous contentant de dire que le dénonciateur était un déséquilibré (ce qui était certainement vrai). Nous fûmes une quinzaine à être convoqués par la police. Aucun ne parla. L’affaire s’arrêta là. Mais les dégâts furent immenses. Notre organisation, particulièrement dynamique, qui comptait nombre de cadres bien insérés (dentistes, enseignants, avocat, cadres, (j’étais moi-même chef du personnel d’un hypermarché de 500 salariés), un immeuble de deux étages, une imprimerie, un salarié) explosa. Quant à la balance, dont j’ai toujours ignoré les motivations, je le revis dix ans plus tard alors que, député du FN, j’avais organisé une petite fête, un dimanche, autour d’un étang, en Alsace. Il prétendit s’y inviter. Je le fis expulser manu militari…

Fredriksen, dont on peut se demander s’il n’était pas lui-même un agent provocateur ou un imbécile, trouva moyen de déclarer au Quotidien de Paris que « les éléments les plus durs de ses militants sont prêts à faire des attentats », qu’il connaît très bien le groupe « Honneur et police » et « Charles Martel » responsables d’attentats et de meurtres, mais qu’il ne les dénoncera pas, espérant « un jour les récupérer » Fort, très fort. Son mouvement était évidemment largement infiltré par des flics. Comme ce sera le cas, plus tard, du NPD allemand qui échappera de justesse à la dissolution quand on constata que la majorité des membres de la direction du mouvement, les plus extrémistes, étaient des policiers infiltrés.

La FANE et l’attentat de la synagogue, rue Copernic

Cet attentat, le vendredi 3 octobre 1980, dont nos lecteurs connaissent bien les tenants et les aboutissants, fut revendiqué par… la FANE ou du moins par les FNE (Les Faisceaux nationalistes européens), qui s’étaient substitués à l’organisation dissoute. L’auteur de l’appel téléphonique était Jean-Yves Pellay, un homme de confiance de Fredriksen, son garde du corps, après avoir été celui de Jean-Marie Le Pen pendant deux mois. Cette armoire à glace était aussi un fin politique. Il expliqua à une journaliste de Libé : « S’il fallait cramer tous les magasins juifs, ce serait Paris brûle-t-il », ajoutant : « Les Juifs sont partout. On peut juste actuellement embêter les juifs par des collages ou des envois de menaces de mort ».Il dira plus tard qu’il ne voulait pas détruire Israël, mais la FANE… et se revendiquera « juif par sa mère ». Pour Tribune juive, Pellay est un « héros », et même un « Juste ». En tout cas, cet agent provocateur de l’Organisation juive de  défense (OJD) pourra se vanter d’avoir commis des dégâts colossaux en faisant reposer la responsabilité de l’attentat sur l’extrême-droite. Des dégâts qui toucheront jusqu’aux cercles droitistes. Louis Pauwels, le patron du Figaro Magazine fut obligé de se séparer de l’équipe de sensibilité Nouvelle Droite, dont Alain de Benoist, à la réputation sulfureuse dans les milieux juifs. Maurice Lévy, le patron de Publicis, menaça de lui retirer toute publicité. Le pouvoir giscardien, accusé d’accueillir des « nazis » au sein de la police en subit aussi les conséquences, et perdit l’élection présidentielle suivante. Le lobby qu’il est interdit d’évoquer n’avait, il est vrai, apprécié que modérément, la formule de Raymond Barre, juste après l’attentat : « Cet acte odieux voulait frapper les Israélites qui se rendaient à a synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic »…

La FANE, cahiers d’histoire du nationalisme n°17, 224 pages, 25 euros, port inclus, Synthèse nationale 9, rue Parrot (CS 72809) Paris 75012

Diapositive1 copie.jpg

Commander le livre en ligne cliquez ici

Bulletin de commande

11:48 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.