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vendredi, 13 mars 2020

Face aux crises, l’efficace retour des nations

Par Yvan Rioufol

riou.jpg Où est passé l’Union européenne ? Cofrontée au coronavirus qui a atteint l’Europe début février, Bruxelles en est encore à envisager une coordination des moyens. Face à la menace d’une invasion migratoire massive, encouragée par le Turc Erdogan, elle demeure pareillement empotée. Ses réponses à la crise financière qui se profile ne sont guère plus lisibles. Pourtant, les promoteurs de cette Union, tatillonne pour les petites choses, ne cessent de vanter ses mérites. Ils fusillent de mots blessants ceux qui constatent que ce club de technocrates et de faux curés aggrave la vulnérabilité des peuples, en plus de ne rien comprendre au nouveau monde qui vient.

L’UE a toujours vu les nations comme un obstacle à sa domination, et les frontières comme une contrainte à dépasser. Résultat : le Covid-19, venu de la Chone sans entraves, se balade dans la « Société ouverte » promue par George Soros et ses disciples, tandis que des « réfugiés » prêts à passer en force, rêvent d’en faire autant.et vogue la galère !

N’en déplaise aux hallucinés du mondialisme, l’addition des crises - sanitaire, migratoire, économique - doit beaucoup à la globalisation et à son éloignement des spécificités locales. Lundi, Emmanuel Macron s’est adressé aux dirigeants de l’UE : « Pour faire face au Covid-19, l’union fait la force. J’appelle nos partenaires européens à une action urgente pour coordonner les mesures sanitaires, les efforts de recherche et notre réponse économique ». Pour autant, la France suit sa propre politique. Elle n’a rien de commun avec celle de l’Italie, par exemple. Mardi, ses 60 millions d’habitants ont été sommés par le gouvernement de Giuseppe Conte de rester chez eux jusqu’au 3 avril, dans une mesure unique au monde. Pour sa part, la macronie croyait jusqu’à hier pouvoir gérer « une épidémie la plus courte possible », en misant sur la solidité de ses structures hospitalières. Le président devait en dire plus jeudi soir.

La conjonction des menaces oblige à des protections spécifiques, répondant aux réalités de chaque pays. Il est stupide de soutenir que la mondialisation n’a rien à voir avec la fulgurance de la pandémie, et que les frontières ne sont pas des protections. Après les confinements décidés par la Chine, son président a assuré mardi que le virus était « pratiquement jugulé ». Donald Trump vient de décider de fermer les États-Unis aux Européens, pour un mois. Outre Israël, qui a imposé des quarantaines à ceux venus de pays à risque, de nombreux pays d’Europe rétablissent des contrôles à leurs portes. C’est parce que l’Italie et la France n’ont pas jugé utile de procéder à temps à ces filtrages que ces deux pays ont été les plus rapidement touchés. Se souve ir de ce que soutenait le ministre des la Santé, Olivier Véran : « On ne fermera pas les frontières car ça n’aurait pas de sens ». Position confirmée le 27 février par la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye : «  Les frontières physiques n’ont pas de sens pour un virus».

En fait, le Covid-19 a une vertu : il révèle la contamination des esprits faibles par l’idéologie mondialiste. Cette dernière est plus dangereuse que le virus meurtrier, dont la survie s’annonce limitée selon les experts. Voilà des décennies que les peuples et les nations se laissent empoisonner par les convertis à la religion des droits de l’homme, qui dirigent l’Europe. Leur culte du « mêmisme » les pousse à ne plus différencier les cultures ni les civilisations. L’UE est atteinte de ce mal qui l’aveugle sur les dangers de l’offensive islamiste, qu’elle prend pour la plainte attendrissante des déshérités. Non contente de se faire insulter par Erdogan, cette Europe herbivore est prête aux accommodements avec son voisin carnivore. Angela Merkel et Emmanuel Macron se rendront ensemble à Istanbul le 17 mars afin de noter les exigences du maître chanteur, qui menace toujours de faire envahir le Vieux Continent par des hordes de malheureux. Ces humiliations munichoises sont déjà des défaites.

Sortir de là !

Le vieux monde vacille sous l’accumulation de ses bévues. Le krach boursier de lundi est une autre alerte qui pourrait remettre en cause l’excessive financiarisation de l’économie globalisée et laisser-fairiste. Il aura suffi d’une panique sur le coronavirus, rajoutée à une guerre des prix du pétrole déclenchée par l’Arabie saoudite contre la Russie, pour faire dévisser les places boursières. A rejailli, à cette occasion, le spectre d’une autre bourrasque systémique, comparable à la tempête bancaire et financière de 2008. Les choix mercantiles qui ont poussé naguère des industries françaises, en quête de profits faciles, à délocaliser leurs activités en Chine et dans d’autres pays plus rentables se révèlent désastreux. Ce capitalisme-là, soucieux de faire du fric en oubliant ses responsabilités humaines et sociales, ne peut plus être un modèle. Outre les nations et les frontières, ce sont aussi les souverainetés qui sont invitées à reprendre leur juste place. Les Etats eux-mêmes sont appelés à devenir les ultimes banquiers.

Le grand chambardement reste à mener à son terme. Il a comme précieux renforts les désordres, injustices et violences produits par un système déboussolé. Le progressisme planétaire, dont la macronie est un avatar, a enfanté des sociétés surendettées, fragiles, conflictuelles. Le héros est devenu une vieille chose ringarde, tandis que le statut de victime reste l’unique quête des communautés revanchardes. Constituées sous les vivats de l’idéologie diversitaire, ces minorités ont substitué leur tyrannie à la démocratie du nombre. Sous la pression de féministes radicalisées, Hachette vient de renoncer à publier les mémoires de Woody Allen, accusé sans preuve ni jugement d’avoir sexuellement abusé sa fille adoptive. Portés par leur sentiment d’impunité, les rappeurs Sneazzy et Nekfeu, « fiers » d’être musulmans, menacent le journaliste Pascal Praud d’« une balle dans le cervelet » sans que les protestataires protestent. Un monde agonise, étouffé par l’absurde. Vite, sortir de là !

Source : Le Figaro 13/03/2020

 
 

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