Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 23 juin 2020

Delon-Belmondo à l’affiche de la Nouvelle Librairie, Nicolas Gauthier fait les présentations

delon-belmondo-600x340.jpg

Retrouvez Nicolas Gauthier vendredi 26 juin à la Nouvelle Librairie, de 18 h à 20 h, pour la présentation du hors-série que "Valeurs actuelles" vient de consacrer à "Delon Belmondo, épopée française".

Éléments : Pourquoi associe-t-on ces deux noms, Delon et Belmondo ? Ils n’ont pas beaucoup tourné ensemble, ils ont même joué dans des films sans jamais se croiser. À quoi tient cette association dans l’imaginaire collectif ?

Nicolas Gauthier : Je crois que Belmondo, c’est le copain qu’on aimerait avoir et Delon, l’homme auquel on voudrait ressembler. Dans cet imaginaire collectif, Jean-Paul, c’est le charme canaille et Alain, la séduction aristocratique. La synthèse des deux me paraît être éminemment française ; enfin, représentative de la France d’avant, je précise. Parce qu’aujourd’hui, avec nos acteurs à cheveux gras partis à la recherche de leur féminité dans un loft de Bastille aussi grand qu’un terrain de foot, c’est une autre paire de manches (de jogging) !

Vous-même, vous êtes plutôt Delon ou Belmondo ? 

Je me sentirais plutôt moitié Bernard Blier moitié Darry Cowl.

Flic ou voyou ?

J’adore jouer une mi-temps dans chaque camp. Mais, vu mon métier, plutôt voyou : je déteste les journalistes qui se prennent pour des flics.

Acteur ou comédien ?

Très mauvais acteur. Ma femme prétend, non sans raison, que je ne sais pas mentir. Mais excellent comédien, toujours à l’en croire, quand je lui fais mes yeux de cocker dès lors que je quémande du rab de pommes de terre sautées.

De souche ou article d’importation ?

Les deux mon général. Je viens du Poitou, là où mes lointains ancêtres sarrasins ont été stoppés par des chevaliers francs manifestement un peu rétifs au vivre ensemble. Victimes de la peur de l’autre et comme il n’y avait pas de charters à l’époque, on a fait souche ; ce qui faisait sens, tel que disent les cons aujourd’hui.

Droite ou gauche ?
En tant que royaliste, je me sens aussi proche de la vieille gauche que de la nouvelle droite.

Le guépard ou Un singe en hiver ?

Un Singe en hiver, bien sûr ! Quelle question saugrenue…

Femmes ou copains d’abord ?

Ma femme ayant la faiblesse d’adorer mes copains, les deux, donc.

Brigitte Bardot ou Claudia Cardinale ?

Claudia Cardinale, sans hésitation, tant l’intelligence demeure le plus puissant des aphrodisiaques.

Jean-Pierre Melville ou Luchino Visconti ?

Ni l’un ni l’autre. En revanche Henri Verneuil etGeorges Lautner, oui ! D’ailleurs, c’est avec eux que Jean-Belmondo et Alain Delon ont fait leurs meilleurs films, Le Corps de mon ennemi et Mort d’un pourri.

Nouvelle Vague ou arrière-garde ?

La Nouvelle vague, comme disait Michel Audiard, était plus « vague » que « nouvelle ». C’est peut-être pour ça qu’elle a si mal vieilli. D’ailleurs, sous ce vocable, on met à peu près tout et n’importe quoi, Rohmer et Truffaut, Rivette et Chabrol… J’ai été très lié avec Claude Autant-Lara, considéré comme étant d’arrière-garde, alors qu’il a fait de la Nouvelle Vague avant tout le monde : il n’a attendu personne et surtout pas Godard pour tourner en extérieur. Il me disait qu’il n’avait jamais rien eu contre ces trublions, mais qu’il ne comprenait pas la haine que sa génération avait pu leur inspirer, estimant qu’ils auraient très bien pu faire leur cinéma sans cracher sur celui de leurs aînés. Avec vos complices Eysseric et Lusinchi, vous dirigez désormais Éléments. J’ose imaginer que vous le faites dans un esprit de filiation et non point de rupture avec ceux qui vous ont précédés…

Chérissez-vous les nanars ou, sans pitié, les rejetez-vous ?

Le nanar toujours tu chériras. Parce que la maigreur des moyens y est souvent compensée par un surcroît d’imagination, ce que ne peuvent se permettre des cinéastes dirigeant des films à gros budget et qui ne peuvent se rendre aux ouatères sans la permission des producteurs. Le vrai nanar, tourné avec des bouts de ficelle, est sans prétention, au contraire du nanar de luxe, type Gladiatorou Inglorious Basterds. Ainsi, serai-je toujours du côté de Jean Rollin et de Mario Bava contre celui de Ridley Scott et de Quentin Tarentino.

Propos recueillis par François Bousquet

Source Eléments cliquez ici

La boutique Valeurs actuelles cliquez là

nicolas-gauthier-600x335.jpg

19:33 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Zeev Sternhell et la question du «fascisme français»

zeev_sternhell0.jpg

Par jacques de Saint Victor

L’historien des idées, Zeev Sternhell,  qui vient de mourir, emportera-t-il avec lui la polémique sur le « fascisme français » ?  Ce rescapé des deux pires totalitarismes du XXe siècle (stalinisme et nazisme), a consacré une grande partie de ses travaux à la question du fascisme dont il voulait voir à tout prix l’origine dans notre pays. Il a eu le mérite de montrer, dès sa thèse sur Maurice Barrès et le nationalisme français (1969), que le fascisme est une idéologie « ni droite ni gauche » qui ne peut s’expliquer, comme le voulait la vulgate marxiste, simplement par les contradictions du capitalisme et de la pensée conservatrice. Le fascisme puise en effet beaucoup dans la praxis révolutionnaire et les haines « socialistes » à l’encontre de l’argent, voire des Juifs (l’un des plus grands antisémites, Alphonse Toussenel, auteur de Les Juifs, rois de l’époque : histoire de la féodalité financière, était un militant de gauche, disciple de Fourier).

Pour Sternhell, la « droite révolutionnaire », née de la rencontre entre ce socialisme et le nationalisme, à l’époque de l’affaire Dreyfus, puisait en partie son modus operandi dans la Révolution française la plus radicale. Sur la forme, Hébert annonce Maurras. Ce concept original, que Sternhell a développé ensuite dans son essai, La Droite révolutionnaire, 1885-1914 : les origines françaises du fascisme (1998), a le mérite de dynamiter la thèse bancale de René Rémond sur les trois droites (légitimiste, orléaniste et bonapartiste), très répandue dans les médias, et de relier la radicalité révolutionnaire aux débordements de la droite néomonarchiste puis des autres ligues d’extrême droite dans les années 1930 jusqu’à Vichy.

Mais, et c’est là où la théorie l’emporte chez lui sur l’histoire, on ne peut en déduire de continuum entre cette droite qui échoue à Vichy et le fascisme. Rejetée par la majorité des historiens des idées français (Berstein, Milza, Winock), cette vision « ahistorique » (P-A. Taguieff) de Sternhell séduisit pourtant un certain nombre d’intellectuels dans les années 1980, notamment quelques « nouveaux » philosophes. Elle alimenta pendant les années Mitterrand-Chirac la repentance collective de politiciens voyant, par ignorance ou électoralisme, dans la France le foyer des doctrines fascistes.

Or, s’il y eut de véritables penseurs fascisants (comme le néosocialiste Déat ou l’ancien communiste Doriot), ces thèses ne sont pas nées en France et n’y prospérèrent pas, les partis ouvertement fascistes, comme le Faisceau de Marcel Bucard, restant très marginaux. Sternhell a exagéré l’importance de groupuscules marginaux (comme le cercle Proudhon), et minoré l’impact de la Première Guerre mondiale, décisive dans l’émergence du fascisme. Vichy, malgré sa législation antisémite, prise dès 1940, et sa dérive vers une répression sanglante, a du mal à se laisser réduire à un « fascisme français » tant il relève d’influences contradictoires (nationalisme, monarchisme, technocratisme, pacifisme, etc.). Il n’y a jamais eu de parti unique à Vichy, à l’inverse des vrais États totalitaires, et le régime de Pétain se veut du reste « pacifiste », à la différence des véritables fascismes.

Brillant polémiste, ayant sorti de l’oubli de nombreux auteurs, aimant susciter parfois un sentiment de culpabilité chez son lecteur, Sternhell poursuivit ses travaux en s’aventurant sur un terrain plus large, avec Les Anti- Lumières : du XVIIIe siècle à la guerre froide (2006), s’en prenant à toute les idéologies hostiles au naturalisme abstrait des secondes Lumières françaises (Condorcet). Cette définition partiale, enfermant la philosophie des Lumières dans un ultra-rationalisme étroit (« franco- kantien »), le conduisit à méjuger de nombreux penseurs étrangers. Ainsi classa-t-il dans le camp des « anti-Lumières » l’anglais Edmund Burke, grand libéral défenseur de la révolution américaine et en effet inquiet de l’abstraction des droits de l’homme, Sternhell oubliant ou feignant d’oublier qu’il existe une contre-révolution libérale. Il fit de même avec un des théoriciens du libéralisme politique, Isaiah Berlin, ou certains représentants des Lumières napolitaines.

Aujourd’hui, les travaux de Zeev Sternhell ne rencontrent plus la passion qu’ils avaient suscitée à l’époque de leur publication. Et, d’une certaine façon, on peut s’en réjouir au nom de l’histoire. La complexité triomphe, même si l’idéologie (française ou pas) a hélas encore de beaux jours devant elle.

Source : Le Figaro 23/6/2020

10:50 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Faire plier la Turquie.

Marine-turque.jpg

L'avis de Jean-François Touzé
 
L'agression opérée le 10 juin par la marine turque contre une frégate française en mission au large de la Libye pour le compte de l'organisation atlantique, constitue bel et bien  un acte de guerre. En se contentant de dénoncer un "incident qui met en lumière la mort célébrale de l'OTAN", Emmanuel Macron tente d'égarer  les esprits par une réaction verbale sans portée, dérivative et hors sujet.
 
Dérivative, parce que l'OTAN dont la Turquie demeure un membre choyé par la pseudo-communauté occidentale, loin d'être au bord de l'agonie reste, malgré les prises de position distanciées de Donald Trump, un instrument majeur de la domination américaine et continue de pousser ses pions à l'est de l'Europe.
 
Hors sujet, car ce que l'on attendrait d'un Président de la République française serait une mise en garde sévère, naturellement suivie d'effets si cet avertissement ultime n'était pas entendu, adressée à la Turquie contre toute nouvelle action touchant des éléments militaires ou civils de notre souveraineté nationale.
 
La Turquie a enclenché une offensive globale visant à terme à la reconstitution de l'empire ottoman. Offensive économique au Maghreb, identitaire dans les Balkans, militaire en Libye ou Ankara soutient et arme le GNA islamiste et s'oppose frontalement au Maréchal Aftar qui bénéficie quant à lui de l'aide de l'Egypte qui reste pour la Turquie un objectif majeur à abattre. La proximité d'Erdogan avec les frères musulmans éradiqués par le Président Al Sissi et la volonté d'Ankara de peser durablement et profondément sur l'avenir de la région contiennent les ferments d'un conflit programmé.
 
La France doit choisir son camp. 
 
Si la France était un État national, la Turquie se verrait avertie que tout nouvel "incident" maritime mettant en cause un de nos bâtiments se traduirait par une riposte immédiate et que tout navire hostile serait coulé.
 
La Turquie serait prévenue que toute intrusion politique visant à mobiliser sa diaspora contre les intérêts français entraînerait la rupture des relations diplomatiques et l'expulsion sans délais de tous ses ressortissants hors du territoire national.
 
La Turquie saurait que tout chantage à l'ouverture des voies nationales serait sanctionné par des rétorsions économiques drastiques. Mais il est vrai que dans un État national, le rétablissement des frontières et la volonté d'en finir par tous les moyens avec la déferlante avant de l'inverser par la rémigration,  rendraient toute tentative en ce sens d'Ankara nulle et non avenue.
 
Dans un État national, enfin, la France, étant sortie de l'OTAN et s'étant dotée des moyens diplomatiques et militaires de sa politique, serait libre de ses actions extérieures et de ses alliances nécessaires.

10:46 Publié dans Jean-François Touzé | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |