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mardi, 06 septembre 2022

Un modeste hommage à Jack Marchal

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Gabriele Adinolfi
 
Jack, comme Kerouac
 
Je l'avais renommé Peter Pan quand, il y a cinq ans, lors d'un concert à Rome dans lequel, peut-être pour la dernière fois, avait également joué Junio ​​​​Guariento, j'ai découvert que cet elfe éternellement jeune avait déjà soixante-dix ans. Il apprécia.
Jack Marchal a été immortalisé en tant que dessinateur du Rat Noir, le "rat des égouts" qui a pris sa revanche joyeuse et moqueuse et qui a ensuite trouvé asile en Italie dans La Voce della fogna.
Il fut même, sinon avant tout, un musicien de talent pendant un bon demi-siècle, toujours prêt à se renouveler et très attentif à l'actualité générationnelle, avec qui il interagissait toujours.
 
Il a été un militant convaincu depuis 1967, quand la marée montante du trotskysme et du maoïsme était sur le point d'inonder les écoles et les universités.
À l'époque, Jack était orienté à gauche, ne tolérant pas le conformisme et même certains thèmes patriotiques.
La dernière fois que je l'ai rencontré, c'est-à-dire l'été dernier, il souvenait d'avoir été hostile à l'Algérie française au nom de l'autodétermination des peuples. Ce n'est pas si absurde, car à l'époque le sentiment était partagé même dans des cercles surprenants. Jean Mabire pensait pareil, mais il fit sa guerre d'Algérie parce que - disait-il - les copains d'abord.
 
Jack était avant tout un libertaire et c'est pourquoi il était farouchement opposé au nouveau conformisme oppressif de la gauche. Et il se retrouva - en tant qu'anarchiste - à l'extrême droite : Occident, Gud et Parti des Forces Nouvelles.
Ceux qui n'ont pas vécu ces années ne sont probablement pas capables de comprendre, aussi parce qu'ils s'orientent par des modèles abstraits et des partis pris. Le fait est qu'alors les libertaires, les autonomes, les indépendants, c'était nous.
Peut-être n'a-t-on jamais autant respiré la liberté dans tout son sens et dans toutes ses nuances que ceux qui se sont alors rangés du côté de l'Autre '68. J'avais 14 ans, il en avait 20.
Mon anarchisme était probablement plus hiérarchique que le sien, mais cela se résume à des nuances, car je ne me souviens jamais d'un mauvais choix de la part de Jack. Ni au moment de la folle scission mégrétiste contre Jean-Marie Le Pen, ni ces derniers temps.
 
Il vivait dans le nord de la France et ne venait pas souvent à Paris. La dernière fois que je l'ai vu, il s'est présenté à l'improviste à un dîner qu'on avait organisé dans un restaurant de la capitale fin juillet 2021. Comme c'était le sujet du moment, il s'est présenté en déclarant à tout le monde : « Je ne vais pas voter pour Zemmour ». Je l'aurais bien serré dans mes bras, mais ce n'était certainement pas la première fois que j'avais cette tentation. Je ne veux ennuyer personne avec des détails, mais qu'il s'agisse de Front National, de Campi Hobbit ou de choix politiques de mouvements de droite radicale, sans s'être concerté auparavant, nous pensions de la même manière. Impressionnant !
Comme je l'ai déjà dit, avec une approche un peu différente, beaucoup plus individuelle et insouciante que la mienne, celle de Peter Pan qui, peut-être plus que quiconque, a représenté l'air du temps de la plus belle aube de notre On the Road. Ceux qui n'ont pas vécu ne sauront jamais ce qu'ils ont raté !
Je parle en sérieux.
Merci Jack, chante encore avec nous ! Ce fut un privilège de t'avoir connu et d'avoir été si bien en symbiose tous les deux.

17:18 Publié dans Gabriele Adinolfi, Sacha de Roye | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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