vendredi, 18 novembre 2022
Fiasco migratoire
Vincent Trémolet de Villers
L’Ocean Viking est en train de devenir un symbole dévastateur. L’histoire de ce bateau et de ses 234 migrants est l’apologue de toutes les défaillances de notre politique migratoire. Une Europe incapable d’abord de tenir ses frontières, de s’attaquer aux passeurs, de coordonner les missions des pays qui la composent. Des ONG dont le souci humanitaire dissimule une volonté politique : accoster dans des ports européens plutôt que dans ceux du Maghreb. Un dévoiement des notions d’accueil et d’asile que l’on invoque pour habiller notre impuissance. Et puis, une fois que le bateau est à Toulon, la faiblesse d’État visible à l’œil nu quand quatre migrants profitent d’un vice de procédure pour quitter la zone d’attente, quand une vingtaine de mineurs venus d’Érythrée parviennent à quitter la structure qui les accueille et se volatilisent. On peut enfin s’interroger sur la reconduite effective de ceux qui seront déboutés du droit d’asile. Au regard du taux d’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF), on peut penser que la très grande majorité d’entre eux sont encore chez nous pour longtemps. Pourtant, le ministre de l’Intérieur n’avait pas lésiné sur les démonstrations d’autorité : centre militaire, DGSE, Ofpra... Le bilan général de cette histoire ? L’étranger qui force la porte de l’Europe sait qu’il n’en repartira pas...
Dès lors, il devient absurde de parler de frontières ouvertes puisqu’elles sont incapables de se fermer, hypocrite d’évoquer une politique migratoire quand elle se disloque sous nos yeux. La cruelle vérité est que l’autorité de l’État est perpétuellement bafouée dans un de ses principes constitutifs : le pouvoir de décider qui entre ou sort du territoire. Les conséquences d’un tel affaiblissement sont vertigineuses : défiance des citoyens, réveil de sentiments xénophobes, recherche désordonnée d’actions radicales. En d’autres termes, effacement de la politique. Les solutions fermes et sereines pourtant existent. On les trouve non pas dans les autocraties mais chez les sociaux-démocrates danois, qui devraient être un exemple pour toute l’Europe.
Source : Figaro 18/11/2022
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