Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 26 juin 2024

Tribune libre : Je ne partage pas l’analyse de mon ami Pierre Cassen

IMG_5182.jpeg

Bernard Germain

Dans l’article « Non, Marion, voter Reconquête au 1er tour ne menace pas la victoire du RN au 2e tour », Pierre nous explique, pour le dire en peu de mots, qu’il faut voter Reconquête au 1er tour des élections ce 30 juin car cela n’enlèvera rien au RN. Je ne partage pas cet avis pour de nombreuses raisons.

Je me dois de commencer par dire une chose qui me paraît essentielle : Eric Zemmour a l’inestimable avantage d’avoir, par son entrée en politique, obligé tous et chacun à se positionner sur des sujets que tant de gens voulaient éviter ou enterrer. Je parle principalement de l’immigration et de ses conséquences.

C’est grâce à son action politique courageuse, que la réalité de la submersion migratoire a été reconnue et que tous les complices de cette entreprise pour détruire la France ont été identifiés et dénoncés.

C’est grâce à son action politique courageuse, qu’il paye notamment par une présence presque ininterrompue devant les tribunaux, que le lien a été reconnu entre immigration et délinquance.

C’est aussi grâce à son action politique courageuse, que toutes les agressions contre les Français ont été reconnues alors qu’elles étaient soigneusement cachées.

C’est aussi grâce à son action politique courageuse, que beaucoup de gens ont compris le danger que représente l’islam en sa qualité d’orthopraxie qui menace notre culture, notre identité et notre civilisation, car comme le disait en 1990 à Villepinte la droite (quand elle était la droite) « l’islam est incompatible avec la république ». Et à l’époque toute la droite, oui toute la droite, avait ce point de vue.

Tous ces éléments et tant d’autres ont fait naître un immense espoir et fait converger un nombre considérable de Français vers Reconquête pour atteindre des objectifs que peu de parti peuvent se vanter d’avoir réalisés. Ainsi en est-il du rassemblement du Trocadéro qui fut un magnifique rassemblement et un extraordinaire pourvoyeur d’enthousiasme et d’énergie militante. 

Malheureusement, Eric Zemmour semble ne pas comprendre qu’en politique c’est une terrible erreur de critiquer voire d’insulter les autres publiquement. Surtout quand on prétend vouloir faire l’unité avec eux.

Ainsi, lorsqu’il déclare que Marine a été en dessous de tout lors de son débat de l’entre deux tour en 2017, peut-il attendre de Marine en retour autre chose que de la rancœur ? Toute vérité n’étant pas bonne à dire...

Tout comme lorsqu’il dit « pour la 7° fois, le nom de Le Pen est associé à la défaite » ou encore « Marine aime les chats, moi c’est les livres ».

Autant de déclarations aux conséquences ravageuses. Et comme l’intéressée est connue pour être rancunière, cela travaille à l’évidence contre la possibilité de pouvoir réaliser l’objectif principal : l’union des droites.

Il est normal d’afficher des divergences, sinon on serait tous dans le même parti, mais les critiques doivent avoir certaines limites et l’une d’elles est de ne pas volontairement blesser publiquement les individus. Sinon il faut s’attendre un jour ou l’autre à ce qu’on vous rende la monnaie de votre pièce. 

Eric Zemmour aura en très peu de temps construit un parti avec de nombreux militants, obtenu un score de 7,5 % à la présidentielle en moins d’un an d’existence -ce qui est absolument exceptionnel- et obtenu 2 ans plus tard 5 députés européens avec sa liste conduite par Marion qui a dépassé les 5 % (5,3%). Ce qui est également remarquable.

Par contre il s’est isolé politiquement, notamment vis à vis du RN, à cause de ses déclarations à l’emporte pièce vis à vis de Marine.


Eric Zemmour a fait également une seconde erreur, dramatique celle-là : il a sous-traité le pilotage de son parti à des gens qui n’en étaient pas capables. Manifestement cet aspect des choses n’intéresse pas Eric Zemmour. Lui, c’est dans le domaine des idées qu’il brille. Mais aussi brillant soit-il sans un vrai parti et en ordre de marche, point de salut. En effet, c’est aussi utile qu’un couteau sans lame…

Pourtant il ne s’est pas intéressé au sujet et cela va et lui a déjà coûté très cher.

Ajoutons qu’il n’a pas voulu ou pas su éteindre les querelles de personnes. Dans ce domaine, la querelle et même la détestation entre Marion et Sarah est évidente. Elle a eu de funestes conséquences.

Ainsi, lorsque j’ai vu l’apparition subite de Sarah dans la campagne des européennes, comme si elle était la tête de liste alors que c’était Marion qui avait ce rôle, j’ai dit à un ami : « ils vont tuer Marion ». Et ça n’a pas loupé. Le fait d’avoir laissé faire Sarah ou de l’avoir encouragée n’y change rien. Le résultat est le même ce ne pouvait qu’être vu par Marion comme une déclaration de guerre. Avait-on besoin de cela ?

S’il y avait eu un véritable chef du parti, cela ne serait pas arrivé.

Par ailleurs, Eric Zemmour a aussi fait une autre grossière erreur vis à vis de Marion. Alors qu’elle œuvrait à un accord de Reconquête avec le RN dans un contexte des plus difficiles vu les déclarations passées de Zemmour, elle a été l’objet d’attaques en interne chez Reconquête. Cela, ainsi que la rancœur de Marine a conduit à l’échec et à l’absence d’accord. De plus à la rupture politique avec Marion.

À cette occasion Eric Zemmour a démontré qu’il n’avait pas compris une chose importante : chez les Le Pen, la famille cela veut dire quelque chose et cela compte.

Donc, il était illusoire de croire que Marion puisse prendre des positions outrancières, comme Eric, contre Marine, sa tante.

Résultat, non seulement Marion est partie ou a été virée à peine élue, mais le couple Zemmour-Knafo a réussi le tour de force de faire partir 3 autres députés européens fraîchement élus (Guillaume Peltier, Nicolas Bay et Laurence Trochu). Une Bérésina totale. Quel gâchis… 

Donc, la fin de l’histoire c’est qu’au lieu d’avoir un accord qui aurait permis à Reconquête d’avoir quelques élus à l’assemblée nationale grâce à des circonscriptions « protégées » dans lesquelles R ! aurait été le candidat unique de la Droite nationale,… Reconquête n’en aura aucune.

C’est déjà en soi une triste performance. Mais alors… à quoi peu bien servir à Reconquête de présenter des candidats dans 330 circonscriptions ?

Oui, je sais, cela permet d’obtenir un financement public du parti dès lors qu’il obtient plus de 1 % des voix dans au moins 50 départements différents.

Oui, je sais, chaque voix rapporte 1,62€ par an.

Mais c’est un peu court et surtout cela fait un peu épicerie alors que le problème est d’abord politique. 

Aujourd’hui ce qu’il faut c’est d’abord avoir une vision claire de la situation.

À gauche, en fait l’extrême gauche, c’est Mélenchon qui a le fouet et les autres composantes du « Nouveau Front Populaire » qui filent doux. Malgré leurs déclarations, en moins d’une heure ils ont ratifié l’accord électoral, faute de quoi ils n’auraient eu aucun élu (PCF, PS et verts).

Au centre, le macronisme est moribond et comme sur le Titanic l’orchestre continue à jouer mais le navire est en train de couler et déjà de nombreux passagers sont montés dans des chaloupes et s’éloignent. Quant à LR sans accord électoral avec ce qu’il reste du macronisme, leur avenir politique est derrière eux.

Reste la droite nationale, c’est à dire le RN plus Ciotti et ceux qui le suivent, ainsi que Debout la France de Dupont Aignan. Ce dernier a eu l’intelligence de négocier son ralliement et aura au minimum sa circonscription qui sera « protégée ». C’est de ce côté que les choses les plus importantes se passent. Elles se résument à une chose : combien le RN aura-t-il de députés ?

Dans ce contexte, trois scenarii sont possibles :

  • Le RN obtient la majorité absolue (289 députés ou plus) et il va gouverner
  • Le Nouveau Front Populaire obtient la majorité absolue et Mélenchon va gouverner (très peu probable)
  • Il n’y a pas de majorité à l’assemblée et le pays devient ingouvernable. Il n’y a plus que la démission de Macron pour sortir de la crise… et encore.

Une majorité absolue du RN n’est pas impossible. Dans ce cas, Bardella a posé comme condition pour gouverner qu’il ait la majorité absolue. Cela me semble une erreur car c’est insuffisant. Il faudrait qu’il exige aussi que Macron s’engage à faire, notamment, un référendum sur l’immigration. En effet, s’il n’obtient pas cela, il ne pourra pas réellement conduire sa politique et verra systématiquement Macron utiliser tous les moyens légaux pour lui mettre de bâtons dans les roues. Et ces moyens sont nombreux.

C’est dans ce contexte et à la lumière de ces éléments qu’il faut voir les 330 candidatures de R !

Alors que chaque voix va compter, dès le 1er tour, à quoi peut bien servir une candidature R !… ?

À rien !… sauf à affaiblir le camp national. Et en plus R ! va obtenir des scores faméliques, du genre 1 %, qui vont ruiner tout ce qui avait été fait avant.

Pourquoi dis-je « dès le 1er tour » parce que le plus probable c’est que le RN n’obtiendra pas (sauf à quelques exceptions) plus de 50 % des suffrages dès le 1er tour. Il y aura donc un second tour. Il ne faut donc prendre aucun risque sur ce plan et faire en sorte que les voix se reportent donc massivement au 1er tour sur le candidat national afin de s’assurer qu’il soit bien au second.

C’est d’autant plus vrai que je pense qu’il y aura de nombreuses triangulaires qui offriront une chance à nombres de candidats du RN de se faire élire même sans atteindre la barre des 50 % mais en terminant en tête de leur triangulaire ce qui est très probable dans de multiples endroits. Au final, cela risque bien de faire un certain nombre de députés en plus pour le RN.

Dans beaucoup de circonscriptions chaque voix va compter alors, oui cette fois le vote « utile » sera utile. 

Alors, il faut tout faire pour que le RN + LR-RN compatibles obtiennent le plus de sièges possibles en votant pour ces formations dès le 1er tour.

R ! aurait dû faire en sorte de trouver un accord avec le RN ce qui lui aurait assuré d’avoir des élus, même si c’était un petit nombre. Tandis que dans la configuration actuelle il n’en aura aucun, c’est une certitude. Et en plus objectivement il retire des voix au 1er tour au camp national susceptible de faire éliminer des candidats.

Cela, beaucoup de militants et adhérents de R ! l’ont compris. Et logiquement de nombreux candidats R ! potentiels ont refusé d’être candidat, à commencer par moi. En Bretagne il n’y aura que 2 candidats R ! si mes informations sont bonnes. Un dans le 29 et un dans le 22.

Quant au plan national, R ! ne présente que 330 candidats sur 577 possibles. C’est donc 247 -près de 50 %- de moins qu’en 2022. L’opinion que j’exprime semble visiblement largement partagée dans nos rangs.

Pierre écrit : « Mais je persiste à penser pour la famille patriote qu’il vaut mieux un RN à 35 % et Reconquête à 4 %, qu’un RN à 38 % et Reconquête à 1 %. »

Ce qui postule que la famille patriote est et restera… minoritaire ! Dans ce cas ça sert à quoi de préférer 35 % et 4 % plutôt que 38 % et 1 % ? Dans les deux cas le camp national reste minoritaire et subit la politique des autres. Ou alors cela signifie qu’on préfère n’avoir qu’une petite épicerie mais juste un peu plus grosse.

Moi je préfère que la famille patriote entière devienne... majoritaire. Ceci est dit sans préjuger de ce que mènera comme politique le gouvernement piloté par le RN. Mais de toute façon, ça ne pourra pas être pire que ce que fait Macron ou que ferait le Nouveau Front Populaire.

En conséquence, le 30 juin, il faut voter RN dès le tour… sans état d’âme. Et vous savez ce que disait Chirac à ce sujet : « On ne fait pas de politique avec des états d’âme ».

09:14 Publié dans Bernard Germain, Tribunes libres | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.