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mercredi, 04 juin 2025

1999 – 2025   Lettre française ouverte à Philippe de Villiers

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François Floc'h

30 mai 2025

En la fête de Sainte Jeanne d'Arc

En avril 1999, à un mois de l'entrée en vigueur du Traité d'Amsterdam qui allait aggraver encore un peu plus la soumission des nations aux instances européennes, Jean-Marie Le Pen veut provoquer un sursaut de quelques personnalités considérées, peu ou prou, comme souverainistes. Pour lui, "lorsque la survie d'un peuple est en jeu, l'intérêt général doit primer sur les préoccupations partisanes".

C'est ainsi qu'il rédige huit Lettres Françaises Ouvertes à Jean-Pierre Chevènement, Philippe de Villiers, Charles De Gaulle (le petit-fils du général), Marie-France Garaud, Charles Pasqua, Alain Delon, Max Gallo et Lionel Jospin.

C'est la lettre ouverte adressée à Philippe de Villiers que nous reproduisons ci-après. Pourquoi ?

Chaque vendredi soir, sur la chaîne de télévision C-NEWS, Philippe de Villiers intervient brillamment pour commenter l'actualité politique marquante et la mettre en perspective. Et bien souvent, pour ne pas dire toujours, nous pensons en nous-mêmes : "Mais, ce qu'il dit aujourd'hui, il y a bien longtemps que nous l'avons perçu. Il y a bien longtemps que Jean-Marie Le Pen nous avait mis en garde et avait proposé les solutions pour ne pas arriver là où nous sommes !"

En cette fin mai 2025, je termine la lecture de son excellent Mémoricide. Bien que jamais cité, en filigrane derrière le texte du chef vendéen qu'il est, j’aperçois la haute figure de Jean-Marie Le Pen, le Grand Veilleur sur la tranchée, qui nous avait annoncé les dangers arrivés maintenant à nos portes...

Je m'adresse donc à vous, Monsieur de Villiers. Nous n'allons pas nous chicaner aujourd'hui à propos d'une entente qui ne s'est pas réalisée entre vous et Jean-Marie Le Pen. "Il n'est plus temps de se lamenter sur le lait renversé" comme nous dit le proverbe !

Relisez seulement cette lettre ouverte que Jean-Marie Le Pen vous avait adressée. Méditez-la. Elle pourrait vous inspirer un bel apologue, un vendredi soir prochain !

Et, pourquoi le taire, nous sommes quelques militants nationaux qui nous projetons plus loin… C'est bien les paysans vendéens qui sont allés chercher leurs Nobles pour qu'ils prennent la tête de leur révolte. Dans la situation dramatique où se trouve la France, les considérations métapolitiques et les apologues ne sont plus suffisants pour inverser le cours de la décadence. Peut-être penserez-vous que le temps est venu de rassembler et construire un plus grand mouvement de résistance. Appelons-le, par exemple, Front patriotique de la reconquête !

Ci-après, la Lettre française ouverte que vous avait adressée Jean-Marie Le Pen, en 1999, garde toute sa pertinence. Relisez-la. Elle vous lance encore un appel à l'engagement !

Je vous prie d'agréer, Monsieur de Villiers, mes respectueuses salutations.

Lire la Lettre ouverte de Jean-Marie Le Pen à Philippe de Villiers publiée en 1999 :


Lettre française ouverte

à Philippe de Villiers

Jean-Marie Le Pen

Avril 1999

Comment vous le dire autrement ? Vous représentez au Parlement une terre de souffrance et de gloire. Celle des Jean Chouan et des Charette. Celle des derniers héros de la Vendée. Ils sont ceux de cette France paysanne que vous célébrez au Puy-du- Fou.

Cette France que vos amis politiques travaillent à faire disparaître, c'est la vôtre, c'est la mienne. C'est celle que vous connaissez, que vous goûtez, que vous respirez, que vous aimez. Celle de vos ancêtres et de vos enfants. Celle pour laquelle nous nous ferions tuer.

Souvenez-vous : "Et Jean Chouan marchait à pas lents, le dernier, se retournant parfois et faisant sa prière". C'est Victor Hugo et La "Légende des Siècles". C'est vous, vous le dernier. N'auriez-vous donc comme seul destin que de mourir seul, dans cette bataille qui ne s'arrêtera pas avec les élections euro­péennes ? Voulez-vous vraiment être le dernier des Chouans, noyé dans le maelstrom européiste qui suicide la France en tant que nation, parce que vous avez choisi de rester dans le camp de ceux qui veulent cette Europe-là ? Parce que vous avez choisi de ne pas quitter ceux qui mettent en application une politique qui n'est rien d'autre que le génocide d'un peuple.

Au nom de l'européisme, ce cheval de Troie du mondialisme, vous savez qu'ils veulent mettre un terme à toutes nos spécificités nationales. Vous savez comme moi, et mieux que quiconque, le fléau de cette idéologie qui dans sa logique infernale veut la suppression des paysans, des pêcheurs, des artisans, de tout ce qui fait notre identité française.

Né en Vendée d'une mère catalane et d'un père ardennais, vous êtes un exemplaire très réussi d'intégration par le terroir, une espèce de « beur» en somme, puisque vous avez aujourd'hui, et sans vous forcer, le visage qu'on prête aux Chouans, ancêtres de vos électeurs. On peut même dire qu'authentique hobereau, vous faites plus paysan que nature, et dans ma bouche, c'est un compliment.

Vos racines électorales plongent entre mer et marée et votre fidélité infrangible à votre Conseil Général s'explique aussi par cet attachement au sol qu'ignorent ceux qu'en Normandie on appelle les «horsains».

Il y a trois ans, je vous ai aperçu au salon de l'Agriculture à la porte de Versailles. Comme chaque année, naturellement, vous et moi y sommes allés.

Dans ce village ontologiquement français, nous ne nous promenions pas dans les jardins de la seule nostalgie mais dans les allées d'un peuple qui joue son avenir. Notre slogan à nous pourrait être : "première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants de paysans !".

De laboureurs tant de la terre que de la mer, en ce qui me concerne... Vous comme moi, nous aimons nous immerger totalement dans cette atmosphère pleinement "repaysante". Dans ce climat tellement de chez nous, tellement à nous, encore instinctivement tricolore. C'est bien la France des terroirs et des clochers, avec cette ambiance, cette odeur, cette chaleur, cette saveur si caractéristique. C'est l'image la plus marquante, celle qui demeure lorsque l'on revient de ce sympathique rendez-vous : celle de la richesse de la terre de France, de notre terre. Vous savez, vous aussi, pénétrer cette histoire d'amour entre la terre et les hommes. Vous n'êtes pas comme ces responsables politico-médiatiques qui n'ont ni nos goûts, ni nos moeurs, ni nos références.

Au salon de l'Agriculture, ce sont de magnifiques rebelles que l'on rencontre. Des rebelles de facto. Par ce qu'ils sont. A cause de ce qu'ils sont : pas de pays sans paysans !

Contre Maastricht, contre cette Europe, contre cette haine, contre les technocrates qui ont programmé leur mort, ils sont debout. Et ils disent la gloire d'un Ossau-Iraty, d'un Pouligny-Saint-Pierre, d'un vacherin du Haut-Doubs, d'une tourte au pastis de Soumoulou, d'un vieux Calvados ! Regardez une tête de technocrate strasbourgeois et regardez ces visages des pays de France : ils parlent davantage que de longues démonstrations.

Rien dans la forme, rien dans l'esprit qui soit conforme aux dogmes dirigistes, socialistes et européistes. Un paysan -- surtout un paysan de France -- qu'on laisse être lui-même est nécessairement un rebelle face au démantèlement des nations.

Vous le savez aussi bien que moi Philippe de Villiers, il ne s'agit pas de venir une fois l'an, comme des Parisiens, se ressourcer dans ce grand et beau village de France. Il faut s' y refaire une âme de guerrier. Il faut en repartir avec la ferme résolution de faire triompher cette France-là, cette France authentiquement française.

Contre leur Europe.

Vous les avez vus comme moi, les Rocard, les Juppé, les Fabius, ces ministres et ces élus politiques que l'on croise au détour d'une allée, qui se tordent les pieds dans les bouses de vache et confondent une vache avec un taureau. Ils s'improvisent pour l'occasion à tu et à toi avec les agriculteurs, les viticulteurs, les éleveurs, comme s'ils avaient toujours gardé les cochons ensemble.

Vous qui connaissez la terre, qui connaissez votre terre, vous avez sûrement ri sous cape de leurs gaffes et de leur naturel composé.

Si vous les avez accompagnés, je parierais que vous en avez ressenti une gêne.

"Pourvu que les Vendéens qui m'ont reconnu ne m'associent pas à ces petits hommes gris qui leur parlent un langage emprunté..."

Emprunté et menteur. Vous aviez raison. Eux n'ont définitivement rien à faire ici. C'est cette France-là qu'ils travaillent à faire disparaître. Et si vous permettez, vous, Philippe de Villiers, n'avez définitivement rien à faire avec eux.

Dans ce domaine comme dans d'autres, je ne peux pas ne pas vous le dire, je ne peux pas ne pas vous l'écrire : ce qui nous unit, ce qui nous réunit, est plus fort que ce qui nous sépare.

Le Pape m' a fait l'honneur de me recevoir- au Vatican en 1985. Ce qu'il me dit alors tient en cette phrase : « Il faut lutter contre la décadence de l'Europe ».

Lutter contre la décadence et rétablir les valeurs éternelles qui charpentent la collectivité. L'homme qui a accueilli le Saint Père au Mont des Alouettes en conviendra aisément.

Si je fais allusion à ces rencontres, c'est parce que vous et moi avons en commun l'essentiel : le respect de l'ordre naturel et du Décalogue. Mais aussi l'inquiétude d' une mort annoncée, d' une mort programmée, d'une dénatalité dramatique, d'une France souffrante, d'une France sinistrée à la fois physiquement, intellectuellement, idéologiquement, moralement et spirituellement.

Lorsque la France souffrante aura rejoint les rangs de la France militante, elles ouvriront la route à la France triomphante. Celle dont nous rêvons. Celle dont nous avons tous deux la certitude qu'elle peut se révéler à nouveau dans le concert des nations. Pour peu que les entreprises de sabordage, de sabotage de notre nation n' aient pas réussi comme elles pourraient le faire demain si l'Europe fédérale, l'Europe d'Amsterdam, l'Europe technocratique, bureaucratique et mondialiste, finissait par aspirer la France dans son système, après avoir détruit nos frontières. Et par nous mettre à la merci à la fois des lobbies capitalistes internationaux et de l'immense vague de l' immigration qui nous submergerait à jamais.

Nous voulons tous deux des nations qui conservent leur identité, leur patrimoine, leurs traditions, leur culture, leur langue. Nous voulons une Allemagne allemande, une Espagne espagnole, un Portugal portugais, une Italie italienne, et surtout une France française. Nous affirmons comme l'affirmait Simone Weil, la grande, dans L'Enracinement : "L'enracinement est un des besoins les plus profonds et les plus méconnus de l'âme humaine".

Oui, Philippe de Villiers, parce que nous sommes des créatures vivantes, parce que nous faisons partie de la nature, nous obéissons à ses lois. Les grandes lois des espèces gouvernent aussi les hommes malgré leur intelligence et parfois leur vanité. Si nous violons ces lois naturelles, la nature ne tardera pas à prendre sa revanche sur nous.

Nous avons besoin de sécurité. Et pour cela nous avons besoin, comme les animaux, d'un territoire qui nous l'assure. Nous avons besoin d'un patrimoine qui a été accumulé, enrichi et embelli au cours des siècles. Et nous avons le droit d'en jouir et le devoir de le transmettre à ceux qui viennent derrière nous. Nous avons besoin d'une langue qui soit la nôtre et qui ne soit pas uniquement une langue d'esclaves, destinée uniquement à obéir.

Vous n'êtes pas, Philippe de Villiers, destiné à obéir. Ni à vous soumettre aux diktats de la pensée unique, à la haine frénétique de tout ce qui est national et catholique. Vous voulez faire face à la culture de mort, à ses pompes et à ses œuvres. C'est heureux ! Qu'avez-vous donc en commun avec cette opposition R.P.R. / U.D.F. / D.L et cette cohabitation chiraco-socialiste ? Avec une Roselyne Bachelot, militante du PACS ou un Philippe Douste-Blazy, pâle figure du néant officiel ?

Comme je vous l'ai dit en commençant cette lettre, vous avez un nom, un sang et un pays. Vous êtes enraciné dans une bonne terre. Vous avez magnifiquement œuvré pour notre droit à la mémoire, pour le souvenir de ces heures les plus sombres de notre histoire : celles du génocide vendéen.

Votre spectacle du Puy-du-Fou est un bouleversant hommage au sacrifice de ces héros de la contre-révolution, nobles et paysans luttant ensemble pour Dieu et pour le Roi.

Nous gardons tous présent à l'esprit le souvenir de l'horreur du massacre des Lucs, les noyades de Nantes, l'infernale répression, la Terreur, les chansons des Blancs, Bonchamps, Lescure, d'Elbée, Charette, Cadoudal, La Rochejaquelein, Cathelineau, les Bretons et les Vendéens en armes.

Le courage de ceux qui, soldats ou écrivains, s'élèvent contre la tyrannie, ne prend que plus de relief à l'aune de la lâcheté de la plupart des hommes politiques de notre temps.

Ainsi, quand Eric Raoult, ancien député RPR de Seine-Saint-Denis et ministre de la ville du gouvernement Juppé, déclare sur Canal Plus qu'en entendant le groupe de rap Nique Ta Mère, il a "envie de danser", vous, vous relisez Soljenitsyne. Et vous l' accueillez en Vendée comme le très grand homme qu'il est. Vous vous souvenez bien sûr de sa très belle comparaison : les Blancs ont résisté en Russie à la Révolution bolchevique comme les Vendéens se sont soulevés pour défendre leurs terres, leurs fermes, leurs églises, leurs prêtres, leur foi, ce qu'ils avaient et ce en quoi ils croyaient.

Je fais appel à vous au nom de ce qui nous rassemble, plus fort que ce qui nous éloigne. Qu'avez-vous de commun avec Simone Veil et Jacques Chirac, ministres de Giscard ? Trois noms qui restent pour toujours attachés à la légalisation de l'avortement. Et depuis, la machine emballée légifère sur les manipulations génétiques et bientôt sur l'euthanasie. Ces lois vont contre tout ce à quoi vous croyez, contre la piété filiale que vous avez publiquement manifestée au Saint Père. Vous savez bien qu'aux tristes responsables politiques de la droite libérale, il manquera toujours l'essentiel : le point de départ, le premier repère. C'est-à-dire la reconnaissance de la valeur sacrée de la vie.

Vous et moi sommes les deux seules personnalités politiques à nous exprimer publiquement de cette façon-là, à dire la vérité sur les ravages de la culture de mort en France.

Notre civilisation est en train de mourir. Elle meurt du non-respect de la vie sous toutes ses formes. Vous et moi, nous nous honorons de remettre à l'honneur les valeurs de la vie.

Je ne vous apprends pas que le Saint Père a rappelé avec sagesse dans son encyclique Evangelicum Vitae que le respect de la vie constitue le fondement même de toute société civilisée. En dénonçant la marée montante de la culture de mort dans notre monde moderne, vous pensez comme moi que la démocratie devient un mot creux et un tyran si elle ne reconnaît pas une loi morale objective, celle du Décalogue, qui en tant que loi naturelle inscrite dans le cœur de l'homme, est une référence normative pour la loi civile elle-même.

Philippe de Villiers, ce n'est pas vous qui me contredirez : le sens du Bien et du Mal a été relativisé, puis inversé. J'oserais même dire : inverti. Le Bien et le Mal doivent redevenir des valeurs absolues. Nous voulons vous et moi le rétablissement du Vrai, du Beau et du Bien dans tous les domaines, quand triomphent précisément et quasiment partout à la télévision, dans les journaux, dans la classe politique, le faux, le laid et le mal. Comme le disait l'apôtre Jean, la vérité est le moyen de la liberté.

Je sais à qui je m'adresse en vous parlant ainsi. Un mouvement politique peut mettre en place les conditions qui permettent aux hommes d'atteindre "tout le bonheur possible". Mais seulement celui qui est possible sur cette terre, qui n'est qu'un lieu de passage. Et pour cela, il lui faut reconnaître qu'il est des valeurs supérieures à celles des hommes.

Je vous rappelle, Philippe de Villiers, qu' à l'inverse de vous, Jacques Chirac, lui, s'est dressé contre le pape et toute la tradition catholique : "Non à une loi morale qui primerait la loi civile". Ce Chirac qui prend le parti de Créon contre Antigone, ce n' est pas vous !

Pendant combien de temps encore accepterez-vous de cautionner par votre silence le génocide physique de la culture de mort, le génocide intellectuel du mensonge, le génocide idéologique de la gauche et de l'extrême gauche, le génocide spirituel et moral de la haine antichrétienne et antinationale ?

Philippe de Villiers, considérez ma lettre pour ce qu'elle est. Plus qu'un message, un signe… Un signe qui rappelle celui des Vendéens, lorsque ceux-ci réglaient les ailes de leurs moulins au Mont des Alouettes. C'était le signal, le code, pour annoncer à tous que le danger était imminent. Pour dire aux leurs qu'il fallait se rassembler, hobereaux et paysans, hommes et femmes. Pour leur dire qu'il fallait s'unir. Et livrer ensemble l'ultime combat qui allait décider de leur sort. Qu'il fallait s'y mettre tous. Et vaincre. Ou bien mourir.

La grâce transcende le courage en héroïsme. Aujourd'hui, vos ancêtres vous appellent. Pour renouer la chaîne des temps. Pour vous rappeler les leçons du passé et celles de la division face à l'ennemi commun. Pour vous exhorter à l'unité. Pour être sûrs que leur sacrifice en Vendée sous la Révolution aura au moins permis de sauver la France sous Amsterdam.

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01:30 Publié dans François Floc'h | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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