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mercredi, 09 juillet 2025

« L’islamo-gauchisme n’existe pas », la macronie et le déni du réel une fois de plus

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Michel Festivi 

Le ministre de l’Enseignement supérieur, un dénommé Philippe Baptiste, totalement inconnu, vient d’oser déclarer tout uniment, sur LCP le 7 juillet dernier, que l’islamo-gauchisme : « n’existait pas en tant que terme universitaire », et qu’il « n’est pas bien défini, donc cette notion n’existe pas ». On n’est guère surpris par cette idiotie proférée par la macronie, tant les contrevérités et les changements de cap sont quotidiens. Beaucoup du bloc dit central s’y retrouvent, sans parler de toutes les gauches évidemment.  

Mais cela est très grave, car ce ministre raconte n’importe quoi, nous le verrons, et il se montre ainsi indigne de ses charges et fonctions. Aucun journaliste présent ne l’a d’ailleurs contredit.  Pourtant il y avait de quoi.

En 2021, Madame Frédérique Vidal, alors ministre des universités, avait justement voulu entreprendre une enquête sur « l’islamo-gauchisme », et elle annonçait le 24 février de cette année-là, sur Cnews : « demander notamment au CNRS », de mener une enquête portant sur « l’ensemble des courants de recherche en lien avec l’islamo-gauchisme », à l’université » ! Elle formulait la même demande deux jours plus tard à l’assemblée nationale.

Cette enquête n’aura jamais lieu, étant complètement bloquée par le macronisme et les présidents d’universités, qui s’étaient ligués contre la ministre. Il faut dire que Frédérique Vidal avait été fusillée en plein vol par Gabriel Attal notamment, alors porte-parole du gouvernement, qui le 21 février 2021, sur RTL, ne défendra pas sa collègue (courage fuyons), indiquant fielleusement « que la priorité du gouvernement c’est évidemment la situation des étudiants dans la crise sanitaire (sic) ! », et pour Attal, il ne s’agissait « que de faits isolés » (resic). On comprend pourquoi, en juillet 2024, il va appeler au front républicain et à faire voter LFI contre le RN, comme Edouard Philippe, Xavier Bertrand ou Dominique de Villepin.

Déjà pourtant en 2020, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer avait dénoncé les ravages de l’islamo-gauchisme et ciblé directement l’UNEF. Sur Europe 1, le 22 octobre 2020 Blanquer avait déclaré : « Ce que l’on nomme islamo-gauchisme fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’UNEF, cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui, ensuite, de loin en loin mène au pire. ».  On comprend pourquoi Macron et sa clique ont eu sa peau et l’ont remplacé par Pap Ndiaye. On comprend pourquoi ils ne feront rien contre l’islamisme, malgré quelques rodomontades et haussement de menton.

Dès lors à l’évidence, Philippe Baptiste nous raconte des sornettes. Mais plus encore dans l’inculture absolue, le terme « islamo-gauchisme » a parfaitement été défini par plusieurs universitaires. L’un des décrypteurs de cette formule, fut sans contexte Pierre-André Taguieff, dans son ouvrage publié en 2021, mais il avait été précédé de très nombreux articles, Liaisons dangereuses : islamo-nazisme, islamo-gauchisme chez Hermann. Il écrivait notamment « En France aujourd’hui, un profond clivage oppose les anti-islamistes aux anti-islamophobes, c’est-à-dire des militants d’extrême gauches séduits par l’islam politique au point de s’en faire les défenseurs à travers des arguments antiracistes empruntés aux thèses décoloniales ou indigénistes. Les islamo-gauchistes forment des minorités actives sur les réseaux sociaux et dans l’espace universitaire ». Visiblement, Philippe Baptiste ne connait pas Pierre-André Taguieff, philosophe, politologue, essayiste, chercheur et directeur honoraire au CNRS. Jacques Julliard, qui ne pouvait pas être taxé d’extrémiste avait écrit dans Marianne, le 26 février 2021 « L’auteur de la formule « islamo-gauchisme », n’a rien à voir avec l’extrême-droite. C’est un grand travailleur, un immense érudit qui allie à la rigueur de l’information, un sens inné de la taximonie... »

Comme le ministre ne connait pas Pierre-Henri Tavoillot, maître de conférences à la Sorbonne, président du collège de philosophie et référent laïcité de la région Île-de-France, qui vient de déclarer dans un entretien au Figaro du 9 juillet : « ce propos - (du ministre Philippe Baptiste) - est doublement erroné : d’abord parce que le concept d’« islamo-gauchisme » est parfaitement identifié, et ensuite parce que, comme toute idéologie, il est évidement présent à l’université ». Il nous donne les trois éléments fondamentaux de l’islamo-gauchisme : 1°) l’idée fausse que la religion de l’islam est la religion « des opprimés », permettant aux révolutionnaires de gauche de faire fi de leur aversion des religions ; 2°) la révolution islamiste permet de pallier la tendance conservatrice voire réactionnaire du prolétariat européen (Cf le vote massifs des ouvriers français pour le RN), on remplace ce prolétariat qui a failli, par des immigrés ;  et 3°) l’islamisme serait une réaction de défense légitime face à l’occident, la judéophobie étant une dernière composante et non des moindres de cette idéologie.

Comme le déclare Pierre-Henri Tavoillot « Il faut arrêter ce déni qui, en plus d’être agaçant, donne l’impression que c’est l’ignorance qui prime ». N’est-ce pas Charles Baudelaire qui dans son poème, l’Examen de minuit, avait magnifiquement versifié : « la bêtise au front de taureau ». En tout cas la France se retrouve au fond du gouffre et soumise aux pires affres, par les incompétences, inconséquences et les ignorances de ses dirigeants et de ceux qui les soutiennent. Et ce sont les Français qui en sont les premières victimes.

18:06 Publié dans Michel Festivi | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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