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lundi, 20 octobre 2025

Le reniement Kotarac : quand le Rassemblement national se met à bénir le croissant

Rassemblement national : Andréa Kotarac, porte-parole du parti, lui aussi  payé par le Parlement européen

 

Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées

Je revenais de ma promenade sur la digue du port de Lechiagat, et je faisais halte au bar des Brisants. Le vent d’ouest ramenait l’odeur du goémon, les ligneurs se hâtaient de quitter le quai flottant, et je songeais à rien en suivant d’un œil distrait le vol des mouettes quand, sur l’écran de mon téléphone, je vis passer une déclaration d’Andréa Kotarac. Il affirmait que « les racines de la France ne sont pas que chrétiennes » et que « les musulmans sont sensibles au patrimoine chrétien de la France ». Ainsi donc, songeai-je, voilà la nouvelle théologie du Rassemblement national : un œcuménisme de circonstances pour ne froisser personne.

Cette phrase, reprise par un compte zemmourien, se répandit aussitôt sur X comme une traînée de poudre. Sous le message du compte @Riposte_R, on pouvait lire ce commentaire sec : « Après “l’islam compatible avec la France”, voici “le christianisme compatible avec l’islam”. » La formule fit mouche. Elle disait tout de la pente glissante sur laquelle le parti de Marine Le Pen s’est engagé : celle de la banalisation, de la dilution, de l’abandon des mots qui fâchent.

On aurait pu attendre d’Andréa Kotarac, issu d’une famille des Balkans, une mémoire plus vive. Car dans les vallées de son sang, les églises portent encore les stigmates du Croissant. Les siens savent ce que devient la tolérance quand l’islam devient majoritaire. Qu’il aille à Peć, à Gračanica, ou dans les hameaux du Kosovo, demander aux vieux prêtres ce qu’il reste du christianisme quand la charia impose silence aux clochers. Il y verrait les autels profanés, les croix abattues, et la résignation de ceux que l’Europe a oubliés (rendre visite au site de Solidarite Kosovo pour s’en convaincre).

Cette mémoire-là, il l’a trahie. Ses mots, prétendument apaisants, trahissent une ignorance cruelle de ce que fut l’histoire du continent. L’islam n’est pas une couleur de plus dans la mosaïque des croyances : c’est une architecture du monde, une politique de la transcendance. Ceux qui parlent de compatibilité se condamnent à subir la conquête.

Zemmour, lui, n’a pas cette cécité. Son dernier livre redit sa conviction profonde avec une force qu’aucune bienséance ne parvient à atténuer : la France n’a pas deux racines, mais une seule. Elle plonge dans le christianisme comme l’arbre dans sa terre. Sans ce sol, elle meurt. Sa langue, son art, son droit, tout ce qui fait sa noblesse découle de ce baptême originel.

On peut objecter à Zemmour que les racines de l’Europe sont aussi païennes et que le catholicisme doit beaucoup à cet héritage. Mais le tribun devenu politique va à l’essentiel, laissant les nuances et les notes en bas de page aux historiens et aux philosophes comme Alain de Benoist.

Le Rassemblement national, lui, s’est depuis longtemps séparé de cette source. Il veut régner sans risquer. Jadis, Jean-Marie Le Pen disait que « l’islam n’est pas seulement une religion, c’est une manière d’être au monde ». Aujourd’hui, ses héritiers s’emploient à prouver que tout est compatible, que l’on peut concilier l’inconciliable, mêler le Credo et la chahada, le rosaire et le tapis de prière.

Il faut relire Ernst Jünger pour mesurer l’abîme où nous glissons. « Les peuples qui fuient le tragique sont condamnés à l’esclavage. » Le RN fuit le tragique comme d’autres fuient la mer démontée. Il préfère la quiétude des eaux stagnantes à la fureur des vagues. Il ne veut plus combattre, il veut gouverner ce qui, dans le monde qui vient, revient à se soumettre.

Entre Zemmour et Marine Le Pen, le contraste n’est plus politique, il est métaphysique. L’un parle de civilisation, l’autre de compatibilité. L’un cherche à réveiller les consciences, l’autre à endormir les inquiétudes. L’un se tient sur la digue, face à la marée, l’autre la laisse monter dans les rues.

Car la France n’est pas un compromis, c’est une fidélité. Et si elle oublie cela, si elle renonce à son tragique, elle finira, comme les moines du Kosovo, à prier en silence dans les ruines de ses églises.

Article paru sur Breizh-Info, cliquez ici.

14:17 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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