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jeudi, 23 octobre 2025

L’assassinat d’Ashur Sarnaya, chrétien irakien, résume tout le drame des chrétiens d’Orient, éradiqués par les islamistes

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Michel Festivi

Membre de la communauté chrétienne assyro-chaldéenne, handicapé de naissance, ne se déplaçant qu’en chaise roulante, Ashur Sarnaya est réfugié politique en France, les chrétiens ayant été pour beaucoup exterminés en Irak par les islamistes de diverses obédiences. Arrivé sur notre sol en 2014, il avait obtenu en 2016 ce statut de réfugié politique, son titre de séjour était valable jusqu’en 2026.

Il vivait dans un logement social avec sa sœur dans le 9e arrondissement de Lyon, cette dernière travaillant, et s’occupant de lui. Son seul plaisir faire un tour dans le quartier, où il était apprécié de tous et surtout son occupation essentielle, témoigner de sa foi chrétienne sur le réseau TikTok, c’est pour cela qu’il a été lâchement martyrisé à coup de machette. Il décryptait les Évangiles, enchaînait les psaumes, impensable pour certains tenants de l’islam le plus radical. 

Sur ses vidéos, il entonnait des chants religieux, en commençant à chaque fois par un signe de Croix. Pour certains, c’était proprement intolérable, il devait être sacrifié, comme un mouton. Il a été poignardé à la machette, au seuil de son immeuble, le 10 septembre dernier.

L’enquête, qui a permis l’arrestation en Italie d’un dénommé Sabri B., 27 ans, qui serait venu masqué en scooter sur les lieux du crime, lui assénant par derrière, un coup de machette au cou, est de nationalité algérienne, détenteur d’un seul document algérien, mais était apparemment inconnu des services antiterroristes. (Cf Le Figaro du 3 octobre 2025)

On sait désormais, que tout avait été bien organisé. Dès l’assassinat commis, le présumé auteur Sabri B. désactive son portable, et quitte Lyon dans la nuit même, à bord d’un Blablabus, direction Milan, Rome et de là les Pouilles au Sud de la Botte, à Andria, recueilli par un autre algérien. Dix jours plus tard, il est arrêté par les autorités italiennes, plusieurs couteaux auraient été retrouvés dans ses affaires. La justice transalpine aurait donné son feu vert pour son transfert en France.

Car après bien des hésitations, le Parquet de Lyon s’est dessaisi de l’enquête au profit du Parquet national antiterroriste, le PNAT. Les faits sont désormais qualifiés : « d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et d’association de malfaiteurs ». Cinq personnes avaient été placées en garde à vue, puis relâchées, toutes étaient comme Sabri B. de nationalité algérienne, en situation irrégulière sur le territoire français.

Qu’est ce qui a fait finalement basculer l’enquête au pôle antiterroriste ?  Plusieurs éléments à l’évidence. 1°) Le compte TikTok du suspect s’était à plusieurs reprises connecté à celui de la victime et le jour même de l’assassinat, ce compte s’est branché une demi-heure avant, et ce à quelques dizaines de mètres du domicile de d’Ashur Sarnaya. 2°) L’assassin serait arrivé une demi-heure avant, vers 21 heures, effectuant des allers-retours, laissant supposer des repérages. Des témoins auraient affirmé avoir perçu la présence « d’un rôdeur » les jours précédents. 3°) Selon les enquêteurs (Cf Le Figaro du 23 octobre), Sabri B. pourrait avoir eu des liens avec l’État Islamique en Syrie, et via sa téléphonie, des contacts en Algérie. On soupçonne même ce dernier, selon ces informations du Figaro, qu’il aurait commis une exécution semblable, visant un chrétien d’Irak : « cible privilégiée de Daech dans la zone syro-irakienne ».

L’enquête ne fait que commencer, les prochaines semaines ou mois, nous apporterons sans doute, plus de précisions. La victime en tout cas était particulièrement paisible, selon les témoignages unanimes du voisinage, toujours souriante, avenante.

Jean-François Colosimo, historien des religions, écrivain et éditeur, a attiré depuis de très nombreuses années l’attention sur les persécutions majeures que vivent au quotidien les chrétiens d’Orient, rappelant en permanence que ces chrétiens se sont établis en Orient bien avant l’arrivée de l’islam : « Les chrétiens d’Orient ne sont pas nos petits frères perdus de l’autre côté de la Méditerranée, ce sont les frères ainés des chrétiens du reste du monde »

Il faut redire ce qu’affirment beaucoup de spécialistes : « soumis comme toutes les minorités religieuses, en terre d’islam, à un régime de discrimination, les chrétiens d’Orient ont subi une hostilité accrue de la part des musulmans. Aujourd’hui, leur condition, plus précaire que jamais, ne rencontre que l’indifférence » Cf Jean-Pierre Valognes, la tragédie des Chrétiens d’Orient, L’Histoire, collection 4, février-avril 1999. 

Hier et aujourd’hui en Orient, aujourd’hui en Occident.

12:27 Publié dans Michel Festivi | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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