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dimanche, 28 décembre 2025

Le bouc émissaire, version XXIe

6gtbpdgb3er393nl7p61ggf130.jpgLa libre chronique

de Charles-Henri d’Elloy

publiée dans le n°71 (automne 2025) de la revue Synthèse nationale

La chasse en meute à l’encontre de l’écrivain Gabriel Matzneff a pris les allures d’un grand rituel expiatoire informel pour tenter de purifier rétroactivement une époque qui donne mauvaise conscience aux nouveaux prêtres du camp du Bien. Comme il est dit dans l’Ancien Testament, « Dieu demande que le grand prêtre, après avoir sacrifié un bouc, prenne un bouc vivant, mette sur la tête du bouc tous les péchés du peuple, puis le chasse dans le désert ». Dans le pays des Droits de l’Homme où les homosexuels peuvent défiler le cul à l’air dans les rues de Paris, le camp du progrès juge nécessaire de donner au bon peuple un bouc émissaire à sacrifier après lui avoir assené tous les péchés susceptibles de troubler la société des bien-pensants.

Sur la cinquantaine d’ouvrages rédigés par Gabriel Matzneff, la grande majorité n’aborde pas l’hébéphilie, l’éphébophilie et encore moins la pédophilie.  Et si c’était le cas, la liberté d’expression n’est-elle pas au-dessus de la morale ? Souhaite-t-on étouffer la littérature par le corset puritain instrumentalisé par les nouvelles prêtresses féministes anti-mâle blanc ?  À moins que l’on ne veuille hurler avec les loups contre un monsieur de 89 ans qui subit une persécution judiciaire et médiatique depuis plus de cinq ans ? L’écrivain bientôt nonagénaire a enduré tout ce que l’appareil judicaire pouvait déclencher comme enquêtes, recherches d’éventuelles victimes, perquisitions et saisies. Tout cela pour en arriver à un non-lieu (et non à un classement sans suite du fait d’une prescription).

Les délinquants qui ont payé leur dette à la société sont quittes vis-à-vis de cette dernière. Gabriel Matzneff, lui, n’a pas droit à ce traitement. Malgré l’absence de la moindre condamnation, il demeure "coupable" aux yeux des médias, des libraires et des éditeurs trop couards pour le publier. Doit-on passer tous ses ouvrages au filtre de la censure ? La peine de mort a été abolie, mais la mort sociale se porte bien. Décidément, cette époque, qui veut purifier la littérature pour mieux pourrir les mœurs, est d’une fourberie pestilentielle !

Qu’importe ce qu’a fait ou non Gabriel Matzneff, qu’importe la virginité de son casier judiciaire puisque ce sont ses écrits qui lui sont reprochés (par ceux qui ne les ont jamais lus) !

Maintenant que la théorie du genre est banalisée et que l’avortement est constitutionalisé, les nouveaux prêtres peuvent bien sacrifier un écrivain ostracisé afin de calmer un peuple manipulable, et malgré tout bégueule, pendant que l’on s’apprête à légaliser l’euthanasie, le suicide assisté et bientôt la gestation pour autrui… C’est le rôle du bouc émissaire.

Mais pour être crédible, il fallait pouvoir reprocher à la victime expiatoire un crime impardonnable de lèse-société. Quel est donc le crime impardonnable de l’écrivain condamné par la doxa ? C’est celui d’avoir été sincère avec lui-même et avec ses lecteurs, de s’être confessé sans contrition, d’avoir été insouciant et prodigue. Car aujourd’hui, celui qui a voix au chapitre, c’est le révisionniste sentimental, le geignard qui pleure en public, soit pour se repentir, soit pour faire étalage d’outrages dont il aurait souffert jadis. Au temps où les victimes sont érigées en héros, il est intolérable d’avoir été joyeux, si ce n’est heureux, quitte à avoir été pécheur, et de ne pas renier son passé.

Pour commander le n°71 (automne 2025) de la revue Synthèse nationale cliquez ici

11:24 Publié dans Charles-Henri d'Elloy | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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