samedi, 26 février 2011
QUEL DRAPEAU SUR LA MARMITE ?
Le billet de Patrick Parment
Les événements du Moyen Orient nous échappent complètement au même titre qu’ils échappent à leurs acteurs. Nul ne sait ce sur quoi vont déboucher ces destitutions en chaîne. Destitutions qui s’apparentent fort à des « révolutions » dans la mesure où tous les ingrédients sont réunis : une petite bourgeoisie moteur du mouvement, lasse qu’elle était d’être pressurée de tous les côtés par des « tyranneaux » locaux, le petit peuple comme élément sacrificiel nécessaire à sa mise en scène et une jeunesse, fort nombreuse, majoritairement au chômage et plutôt bien éduquée, qui a constitué un excellent relais vu qu’elle n’avait rien à perdre. On notera également que les deux acteurs principaux, la Tunisie et l’Egypte, sont aussi ceux qui ont le plus de contacts réguliers avec le monde occidental, et l’Europe en particulier, en raison de leur haute valeur touristique.
L’onde de choc s’est donc propagée au point d’atteindre tout le Moyen Orient – Bahreïn, le Yemen et le cas dramatique de la Libye - et il n’est pas dit, qu’à terme, d’autres bouleversements interviennent dans cet Orient fortement pétro-dollarisé. On constate que l’ensemble des régimes en place se mettent à lâcher du lest, Arabie saoudite en tête, afin d’éviter un embrasement total.
Il n’en demeure pas moins qu’on ne passe pas impunément de la dictature à la démocratie sans phase transitoire, phase qui est tout aussi dangereuse d’ailleurs que la révolution elle-même. Car la région est ultra sensible en ce qu’elle est depuis longtemps sous haute surveillance, via Israël, d’un côté, qui mène une guerre régionale incessante depuis l’annexion de la Palestine, de l’Amérique de l’autre qui, outre le fait de protéger l’Etat hébreu, surveille sa principale source d’approvisionnement en pétrole.
Le plus stupéfiant dans cette histoire est le silence des instances européennes. On sait à peine que la mère Ashton et le père Rompuy, les deux hérauts du conglomérat européen, se sont rendus en Tunisie afin de proposer une aide… financière ! Stupeur et consternation !
Le seul à s’être fait entendre dans ce grand silence, c’est l’Italie. Et pour cause, elle a vu débarquer sur l’île de Lampedusa 2000 Tunisiens dont nous n’avons rien à faire. Et l’Italie de réclamer, légitimement, l’aide de la communauté européenne. Mais quel soutien ? Impuissante, l’Europe ne décide de rien, hormis de sortir un carnet de chèques.
En revanche, il y a là un vrai problème, car l’Europe n’a pas vocation à être le refuge naturel des populations moyennes-orientales entrées en fusion. On a dépassé depuis longtemps notre quota d’immigrés.
Mais, sur cette question fondamentale, l’Europe est muette et l’autre baltringue de Sarkozy ne trouve rien de mieux que de vouloir imposer un débat sur l’islam quand le vrai sujet devrait porter sur l’immigration et l’art et la manière de renvoyer au pays ceux qui se considèrent aujourd’hui « chez eux, chez nous ». Point barre. Il faut bien dire qu’en ce moment, la politique étrangère de la France est aux abonnés absents. Madame Alliot-Marie a largement dépassé son contingent d’incompétences diverses et variées. Le problème est que l’état de délabrement intellectuel et moral de ce pays est lui aussi largement dépassé.
Il n’empêche, les événements qui se déroulent actuellement au Moyen Orient méritent une attention toute particulière car, il semble bien qu’à terme, c’est toute la géopolitique de la région qui risque de se trouver remise en cause. Et, la Méditerranée reste pour l’Europe - au même titre que la Russie d’ailleurs - une des données géographiques incontournables. Et donc politique.
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