jeudi, 14 avril 2011
Les planches pourries du radicalisme...
Par Jean-Gilles Malliarakis
L'annonce de la candidature hypothétique de Jean-Louis Borloo président des radicaux valoisiens a manifestement réjoui certains journaux monopolistes régionaux. L'Est républicain de Nancy semble le soutenir. Et La Nouvelle république de Tours titrait fièrement le 8 avril "Paré pour 2012" avec en première page la photo du grand homme. Quant à la Dépêche de Toulouse, favorable aux radicaux de gauche, elle se montre plus réservée. La nouvelle phare qui réjouit sa rédaction correspond à une défection au sein du parti gouvernemental : "Après Jean-Louis Borloo, Rama Yade quitte l'UMP". Bigre. "Je suis le chemin emprunté par Jean-Louis, et j'invite d'ailleurs tous ceux qui sont en quête du même chemin d'espérance à le faire. Je fais comme lui, je suis solidaire et déterminée comme lui", avait déclaré en effet le matin même l'ex-secrétaire d'État.
De telles péripéties n'ont guère influencé la bourse de Tokyo, comme on peut l'imaginer aisément. L'électorat radical socialiste représente encore en France un bon 2 % des voix. Ceci pourrait jouer un rôle charnière certes, et les intéressés ne manquent pas de le faire valoir.
Offre soumise à condition, toutefois : il faut que l'unanimité des 2 % d'électeurs radicaux se portent sur le même candidat et votent au second tour selon ses recommandations. Pas gagné pour l'instant.
En 2007, le candidat se réclamant de la droite avait obtenu 53 % : un score beaucoup trop élevé au gré des manipulateurs classiques. À partir de 2008, tout a été fait, y compris par le chef de l'État lui-même, pour éroder la popularité de ce que les adversaires du Second empire appelaient déjà le pouvoir personnel.
Mme Yade ne manque pas de talent. Quand elle s'affirme "déterminée comme lui" nous pouvons d'autant plus la croire que la détermination des radicaux socialistes, dans leur longue histoire, au travers de leur 108 congrès n'a jamais strictement rien valu.
M. Borloo gère, en vrai professionnel, un magasin de planches pourries. On peut lui faire confiance pour contourner tout engagement auquel ses interlocuteurs auraient cru. On l'a vu, encore une fois, lors des négociations appelées ridiculement "grenelle de l'environnement".
Dans la période actuelle cette attitude typique des radicaux socialistes tient du vaudeville. Elle donne à rire.
Dans certaines circonstances, en revanche, elle a produit les effets les plus désastreux.
Ainsi, en 1940 la France fut essentiellement vaincue par la supériorité aérienne allemande, elle disposait "d'avions vieillots comme le Potez 25 à côté de chasseurs modernes comme le Morane 406. [Or] (…) avant la guerre on surestimait communément, en Allemagne aussi la force de l'aviation française. Personne n'aurait pu prévoir que l'aviation française jouerait un rôle aussi insignifiant. C'est aujourd'hui encore une énigme de savoir pourquoi il n'a pas été possible aux Français, au moins pendant les huit mois de la drôle de guerre, d'augmenter la capacité de production de leur industrie aéronautique." (3)
La clef du mystère ainsi évoqué tient à la bonne vieille tradition des radicaux socialistes : de 1936 à 1940, deux ministres de l'Air se sont succédé : Pierre Cot, qui recevra plus tard le prix Staline de la Paix, puis de janvier 1938 à mai 1940, Guy La Chambre, tous deux membres à l'époque de ce cher parti "républicain radical et radical socialiste" (nom officiel des radicaux valoisiens).
À celui-ci appartenait également Daladier, président du conseil, dont le protégé politique, le général Gamelin, dirigea si brillamment l'armée française.
Au lendemain de Munich, dès octobre 1938, la Grande Bretagne commença à préparer la guerre. De ce jour l'industrie britannique programma la fabrication de 450 avions de chasse par mois, ce qui permit à la RAF de gagner contre la Luftwaffe la Bataille d'Angleterre de l'été 1940. Dans le même temps il fut demandé aux Français un effort à hauteur de 250 avions par mois : ils ne les fabriquèrent pas. Pourquoi ?
Les politiciens radicaux socialistes avaient promis. Et ils ne tinrent pas leur promesse.
On pourrait, hélas, multiplier les exemples.
Je ne manquerai pas d'en donner quelques-uns en évoquant (4) de cette étrange période où Staline s'allia à Hitler mais où la France des radicaux socialistes croyait à l'alliance franco-soviétique inaugurée par le pacte de non agression négocié par Herriot dès novembre 1932, continuée par le traité signé par Laval en 1935 etc…
Notes
1 - cf. La Dépêche du 8 avril 2011.
2 - sur RMC et BFM-TV
3 - cf. Revue d'Histoire de la seconde guerre mondiale N°22 avril 1956 p. 90
4 - Dans "l'Alliance Staline Hitler" à paraître le 10 mai 2011
09:59 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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