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mercredi, 14 novembre 2012

Revue de presse : Benjamin Biolay, le nain qui crache sur les tombes

24ec62c3705f165c45cada17f039cf3b.jpegNicolas Gauthier

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• Benjamin Biolay a du talent. A largement contribué à la résurrection d’Henri Salvador, avec son album Chambre avec vue. Mieux, Home, galette enregistrée avec sa compagne de l’époque, Chiara Mastroianni, était un petit bijou, d’ailleurs salué dans les pages de National Hebdo, défunt organe du Front national ; il n’est pas de notoriété publique que l’artiste ait fait procès…

 

• Benjamin Biolay, vient de sortir son dernier opus, baptisé Vengeance… Et dans la chanson éponyme, enregistrée avec Carl Barât, fils d’un groupe londonien assez peu prolétarien, The Libertines, il chante : « La vengeance est un plat que certains mangent froid, comme Stirbois s’est mangé son cèdre… »

 

• Déjà, c’est nul point de vue rimes. « La vengeance est un plat que certains mangent froid, comme un cèdre s’est mangé Stirbois… », ça aurait eu plus de gueule, en admettant toutefois que le cèdre pousse en nos contrées. Jean-Pierre Stirbois, a été le premier secrétaire général du Front national. Et à l’approche de l’hiver 1988, il est mort, alors qu’il rentrait de Nouvelle Calédonie, afin de convaincre nos compatriotes ultramarins de voter « non » aux accords de Nouméa, négociés par le Premier ministre d’alors, Michel Rocard. Il rentrait d’un dernier meeting : c’était un militant. On voulait l’en dissuader, il n’a rien entendu, avant de mourir dans l’un des virages les plus dangereux de Pontchartrin, dans les Yvelines.

 

• Quand Benjamin Biolay était à peine sorti des roupettes de son père, le dessinateur Loup, généralement mieux inspiré, sortit dans VSD un dessin dont la légende disait à peu près ceci : « Depuis que Stirbois s’est tué sur un arbre, je vais bientôt voter vert… » Le machin est depuis introuvable, même sur la Toile et sur le site personnel de l’artiste. Mais sa veuve, la défunte Marie-France Stirbois, m’a dit peu après : « Jean-Pierre n’était pas aimé de tous, mais je demande au moins pitié pour nos deux filles. Elles ont vu le dessin. Il tournait même dans la cour de récréation de leur école… » Marie-France Stirbois est depuis partie, emportée par un cancer du pancréas. Prochain sujet de chanson pour monsieur Biolay ?

 

• Le pire, chez ce chanteur à cheveux gras, c’est encore cette déclaration lâchée au Parisien :

Il n’y a rien de cynique dans ces mots. J’ai reçu des menaces de mort. Ce sont des phrases qui me viennent, pas des prospectus politiques. Je dis juste qu’il s’est pris un arbre, je ne juge pas. Certes, je suis un militant socialiste, j’ai soutenu François Hollande, mais je ne suis pas un militant anti-FN.

 

Peur de se prendre une claque ? No Pasaran, mais passez quand même…

 

• Benjamin Biolay, résistant en peau de lapin qui crache sur les cadavres ou « crache sur les tombes », pour reprendre la définitive expression de mon désormais camarade Benoit Rayski, lequel sait, de par son parcours familial, le véritable poids des mots. Le groupe Manouchian, c’était pas la tournée Âge tendre et tête de bois, petit Biolay, pas des glandus qui se battaient à coups de sac à main…

 

Quant à Jean-Pierre Stirbois, membre du mouvement solidariste, qui était un peu à l’extrême droite ce que les trotskistes d’alors étaient à la gauche stalinienne, il fut de ceux qui allèrent tracter sur la Place rouge avant de se faire virer d’URSS, à une époque où, quand on y entrait, on ne savait jamais quand on en sortirait. Bref, rien à voir avec les Pussy Riot.

 

Alors, cher Benjamin Biolay, le meilleur service que tu puisses rendre à la politique consiste encore à cesser d’en faire.

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