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mercredi, 29 mai 2013

Achtung vapoteurs !

Randa Philippe août 2010 Portrait.jpgLa chronique

de Philippe Randa

Les spécialistes de la santé ont beau affirmer qu’au pire « les effets irritants et/ou toxiques des composants de l’e-cigarette sont bien moindres que ceux liés à la fumée du tabac » et qu’au mieux « l’e-cigarette, bien fabriquée et bien utilisée est en elle-même un produit qui présente des dangers infiniment moindres que la cigarette », les obsédés de la lutte anti-tabac ne décolèrent pas. C’est qu’ils perçoivent l’augmentation croissante du nombre des « vapoteurs » comme un crime de lèse-hygiénisme qu’ils ne vont avoir de cesse de combattre. Lui aussi.

Tout est bon pour ça et puisque les experts ne se plient pas à leurs injonctions de produire des rapports conformes en tout point à leurs haines anti-fumeurs – nicotineurs et vapoteurs à jeter dans le même sac d’opprobres – la guerre d’intimidation est déclarée. Mais ce n’est qu’un commencement, gageons qu’ils n’affutent leurs baïonnettes en vue de prochaines offensives bien plus spectaculaires.

« Interdiction de “vapoter” dans les lieux publics, restriction pour les femmes enceintes et avertissements sanitaires font partie des 28 recommandations formulées dans un rapport remis à Marisol Touraine. »(1)

Achtung vapoteurs, donc… Mais à quel titre interdire une pratique somme toute quasi-inoffensive ? Au titre justement qu’on ignore encore si elle est dangereuse ou non et dans le doute, n’est-ce pas ? Mais surtout, parce que si les experts recommandent de « ne pas “freiner” l’accès des fumeurs à la cigarette électronique », l’exemple des vapoteurs pourrait inciter les jeunes et les non-fumeurs à céder à la tentation de « vapoter ».

Ça, c’est de l’argument, coco ! De la démonstration imparable !

Que répondre à cela ? Si ce n’est qu’il y a urgence, dans ce cas, à appliquer un tel principe de précaution à bien d’autres sujets de contrariétés citoyennes.

À commencer par les innombrables livres, séries télévisées ou films policiers, d’actions, d’horreurs, de suspense, de guerre, érotiques, etc. qui ne sont, à bien y réfléchir, que des incitations à zigouiller son prochain ou tout au moins à lui pourrir l’existence terrestre… et n’oublions pas cette littérature et ces spectacles où – outre le crime, la torture et le massacre à la tronçonneuse – l’adultère, le vol, le viol, l’escroquerie, le complot, la machination, la vengeance, mais aussi l’orgueil, l’avarice, l’envie, la jalousie, la colère, la luxure, la gloutonnerie, la paresse, toutes ces sortes de passions humaines trop humaines, connues sous l’appellation de péchés capitaux – mais il y a aussi les péchés véniels, dont on laisse à chacun le soin de dresser la liste interminable – ne sont, dans ce cas, que des incitations aux « mauvaises pensées » et aux « mauvaises actions. »

Ah ! que le chemin apparaît encore long, interminable – inaccessible ? – pour atteindre ce Meilleur des Mondes décrit dès 1931 par Aldous Huxley, renforcé toutefois – on n’est jamais trop prudent – par Big Brother, principale figure du roman 1984 de George Orwell (publié en 1949), devenue une figure métaphorique du régime policier et totalitaire, de la société de la surveillance, ainsi que de la réduction des libertés… Mais gare aux mauvais exemples : ces fictions pourraient malencontreusement pervertir des esprits faibles qui songeraient alors à de Bonheur insoutenable, tel que celui décrit par Ira Levin en 1970 dans le roman éponyme.

Alors… Achtung vapoteurs ou achtung romanciers ?

Au fait, Aldous Huxley, George Orwell et Ira Levin n’étaient-ils pas fumeurs ? Ceci expliquerait cela. À l’évidence. CQFD ! « Bon Dieu ! Mais c’est… Bien sûr ! »(2)

Notes

(1) Ministre des Affaires sociales et de la Santé dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

(2) Allusion à la célèbre série télévisée française créée par Claude Loursais en 155 épisodes étalés sur trois générations. Le commissaire Antoine Bourrel et son adjoint Dupuy recherchaient les indices qui permettaient à chaque épisode de découvrir le coupable dont le nom était dévoilé après que Bourrel s’exclamait : « Bon Dieu ! Mais c’est… Bien sûr ! »

11:54 Publié dans La chronique de Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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