vendredi, 14 mars 2014
José Bové et Daniel Cohn-Bendit : le féminisme « vieille école »…
Gabrielle Cluzel
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Chez les Verts, rien ne va plus. José Bové et Daniel Cohn-Bendit filent un mauvais coton. Jean-Luc Mélenchon les accuse de s’être alliés avec la « pire réaction », d’avoir « participé aux manœuvres de la droite et de l’extrême droite ». Libération sous-entend que leurs agissements ont servi « le camp conservateur ». Bové et Cohn-Bendit réactionnaires et conservateurs… Mais pourquoi pas ? Nous vivons une époque renversante.
L’objet du délit ? « Un rapport sur l’égalité hommes-femmes » – le rapport Zuber, du nom de la députée communiste portugaise à qui en revient l’initiative –, rejeté mardi par le Parlement européen à l’issue d’un vote serré, dont le résultat aurait été tout autre si un nombre importants d’écolos – dont nos deux stars françaises –, ne s’étaient … abstenus.
Bové et Cohn-Bendit, ces deux phallocrates rentrés, feraient donc obstacle à l’égalité hommes-femmes ? À la « garantie du respect du principe fondamental de l’égalité de rémunération à travail égal entre les femmes et les hommes, à l’interdiction des démissions forcées en cas de maternité, à la lutte contre les stéréotypes sexistes » que, d’après Libération, réclamait ce rapport ?
Mais Libération, sans doute par distraction, omet de préciser que le rapport Zuber ne se bornait pas à ces combats aussi consensuels. Dans une sorte de pot-pourri féministe, il y était également question de genre, d’IVG… ou encore de prostitution. Et c’est sur ce dernier point que les écolos ont botté en touche. Interdire la prostitution, et puis quoi encore ? Au moins aurait-il fallu distinguer la « prostitution volontaire » de la « prostitution forcée »…
Bové et Cohn-Bendit adorent le féminisme. Mais le féminisme vieille école. Le féminisme libertaire en mini-jupe et talons aiguilles né sur les barricades de Mai 68. Mignonnes, les petites, et pas farouches, enfin libérées de leur soutien-gorge et des contingences reproductives, elles se qualifiaient elles-mêmes de salopes pour signer tel manifeste et cela avait quelque chose de follement excitant. L’an passé, Cohn-Bendit s’est même prêté au jeu de Marie-Claire, pour lutter contre le sexisme, de poser en talons aiguilles rouges. C’est rigolo, ça ! Il peut même sans doute enfiler, si cela les émoustille, leurs bas sur ses mollets poilus. Sauf que, d’un coup, voilà que les féministes ne sont plus drôles. Prennent des mines de rosières outragées. On ne peut plus seulement tenter un petit compliment sur leur plastique sans qu’elles se drapent dans leur dignité, et voilà, surtout, qu’elles veulent interdire la prostitution… quand José et Daniel, eux, sont bien persuadés que nombre de filles font ça pour la beauté de l’art, par vocation ! Mais d’où sort ce féminisme puritain à face de carême ?
Et, au-delà de ce vote, d’autres inévitables dissensions se profilent. Bové a affirmé, il y a quelques jours, être opposé à la GPA/PMA. Difficile de militer pour la « production raisonnée » sans militer pour la « reproduction raisonnée »… Le site Slate fr ne vient-il pas de rapporter que deux jeunes Indiennes — au moins — seraient décédées, dans une « usine à bébé », du syndrome d’hyperstimulation ovarienne causé par les injections de gonadotrophine ?
Et si Bové et Cohn-Bendit étaient les hirondelles qui annoncent le printemps ? Un printemps qui verrait brutalement imploser ce que l’on croyait être pourtant un pléonasme – le féminisme de gauche ? Car le 8 mars dernier, Le Monde et Libération l’ont écrit peu ou prou : GPA/PMA et prostitution sont, pour le féminisme français, les ferments d’une discorde larvée inextricable. Avec aussi, disaient-ils, le voile islamique. Mais c’est une autre histoire…
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