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mercredi, 04 juin 2014

La France : partir ou rester ?

etranger_partit.jpgMichel Lhomme

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Dans une vidéo mise en ligne sur le site BFMTV, Yannick Noah a fait part de sa tristesse et de sa honte à la vue du résultat des élections européennes. Auteur d’une récente chanson anti-FN, Ma colère, il a déclaré : « Je me suis réveillé le lendemain, ça n’allait pas fort. Oh la tristesse ! Quelle tristesse ! Je me sens insulté, je me sens déchiré, j’ai un peu honte quand mes amis m’appellent d’autres pays en me disant : ‘' qu’est ce qui se passe chez vous ? ’' J’ai un peu honte. Qu’est-ce que je peux faire de plus ?.. ». 

En fait, Yannick Noah, la personnalité préférée des Français est en phase avec bon nombre de jeunes français mais, pas pour les mêmes raisons. Le vote de dimanche ne nous aveugle pas : les jeunes Français ne voient plus du tout leur avenir en France. Comme toujours, c'est l’abstention qui a gagné. Elle a été très forte dimanche (plus de 57 %) si bien que le Front National, avec 4,6 millions de voix, obtient, en réalité moins de suffrages qu’à la présidentielle de 2012 ! Il faut garder la tête froide. La partie est loin d'être gagnée pour Marine Le Pen même pour 2017 ! Qu’ils aient 20 ou 30 ans, de plus en plus de jeunes ne croient plus du tout en l'avenir politique de leur pays et ne songent qu'à tenter leur chance en Europe, en Asie, ou aux États-Unis, en quête d'un dynamisme perdu.
 
Des États-Unis à l’Australie, en passant par la Chine, les indicateurs convergent. Près d'un Français sur deux vivant à l'étranger a entre 26 et 40 ans. Le nombre d’inscriptions au registre mondial des Français établis hors de France progresse régulièrement, à raison de 4% par an, et ce depuis dix ans (soit 100.000 à 150.000 inscrits chaque année). Interrogés sur leurs motivations, ils opposent à la morosité hexagonale l’attractivité des pays où tout semble possible mais où surtout ne règne pas la chape de plomb du totalitarisme de l'édredon ou de l'antiracisme ciblé. 

Au Canada, lié depuis dix ans à la France par un accord de mobilité sur les 18-35 ans, les demandes de visa de travail ont explosé en 2013 (+10%). En Australie, 20.000 Français ont débarqué en 2012 munis d’un visa vacances-travail (VVT) réservé aux 18-30 ans, soit + 50% en cinq ans. Même tendance en Corée et en Chine. En fait, ces Français tournent le dos à une France en crise identitaire car les jeunes, diplômés pour la plupart d'entre eux, cherchent moins l’aventure qu’une véritable alternative au pays des « cailleras ». Curieusement, ils ne recherchent pas l'Inde ou le Pérou, l'Afrique ou les Philippines mais des territoires comme l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, des territoires que l'on pourrait donc avec mauvais esprit qualifier de « blanc ». Ils ne recherchent pas la misère hugolienne.
 
Les profils des français qui partent sont souvent des profils prometteurs, curriculums de X, Centrale, Essec ou Sciences-Po. Ces derniers lorgnent avant tout sur les États-Unis (32%), le Royaume-Uni (23%), l’Allemagne (12%), le Canada (11%), la Suisse (7%) et au total, pas moins de 79% d’entre eux envisagent de partir à l’étranger pour chercher un emploi après l’obtention de leur diplôme.
 
Le bilan de la politique migratoire clairement énoncée depuis près de cinquante ans, c'est donc une fuite, une hémorragie des talents. Plus l’expatriation sera longue, plus il sera difficile pour ces jeunes français de revenir.

10:12 Publié dans Michel Lhomme | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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