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vendredi, 30 janvier 2015

BLEU MARINE OU ROSE MARINE ? Le Front National : Un parti qui vise à être conformiste et normal

rbm_florian-philippot-photo-anthony-picore.jpgMichel Lhomme

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En interne, les mœurs de Florian Philippot étaient connues depuis longtemps puisque dénoncées ouvertement par des journaux ultra-catholiques comme Présent ou Rivarol (le premier outing de Philippot fut un entretien de Jérôme Bourbon sur le site intégriste e-deo en octobre 2010 soit il y a déjà plus de quatre ans !). De même depuis 2011, on sait que Steve Briois le maire frontiste d'Hénin Beaumont vit en couple avec un cadre dirigeant du cabinet de Marine Le Pen.

Interrogé au micro de RTL le mercredi 31 décembre, Jean-Marie Le Pen est revenu sur la présence d’homosexuels au FN, sur Sébastien Chenu, co-fondateur de GayLib, nommé au bureau du Parti en charge des dossiers culturels et le vice-président du parti, Florian Philippot,  avec un homme présenté comme son ami sur Closer. « Au Front national, il y a de tout. Il y a des gaullistes, il y a des homosexuels… », répond le président d’honneur. En gros, c'est une auberge espagnole et c'est bien ce que l'on avait compris mais la question n'est pas là. La question est : y a-t-il au Front National un entrisme bien particulier, un entrisme de la militance gay ?

Car à peine le fondateur de Gay-Lib, Sébastien Chenu, par ailleurs organisateur et maître d’œuvre de l’Europride 2013 à Marseille, était-il coopté par la présidente du FN à la tête d’un collectif culture que l’on apprenait qu’un ancien mannequin, Julien Odoul, ayant fait la une dénudé de magazines homosexuels masculins militants, l’un français, Têtu, l’autre allemand, Gab, qu'il rejoignait le cabinet de Marine Le Pen. Rappelons enfin qu'aux municipales de mars dernier, Marine le Pen avait propulsé comme tête de liste dans le IIIe arrondissement de Paris un certain Bruno Clavet, qui avait posé en slip de manière plus que suggestive deux ans plus tôt à New York pour une marque de sous-vêtements célèbre. Jusqu’à ces derniers jours, Julien Odoul proposait encore ses services sur un site Internet : « Je suis ouvert et prêt à étudier toute proposition sérieuse et rémunérée (photos, clips, vidéos, etc.) Habitant Paris, je peux me déplacer si les frais de transport sont pris en charge. Contactez-moi vite. » L’homme se disait disponible pour des photos « en lingerie, glamour ou érotique » ! Didier Lestrade le fondateur d'Act Up a écrit sur le site de gauche slate.fr que « dans certaines régions comme la Gironde, 50 % des militants actifs du FN sont gays. Vous tirez Philippot et c’est toute une volière de mecs qui déboule ! ».


Ces révélations croustillantes qui font vendre du papier et pipolisent le Front national, condition aussi plus que nécessaire de sa prochaine victoire électorale nous amènent à revenir sur une question plus large celle de la sexualité comme enjeu politique car l'homosexualité a de fait toujours été historiquement constitué comme un enjeu politique. Or justement sur la radio nationale, si Florian Philippot s'en prend à « l'américanisation de la presse torchon », il n'éclaire jamais sa question de fond : l'américanisation de son orientation sexuelle. D'ailleurs, le journaliste habile renvoie le numéro deux du Fn au fondateur Jean-Marie Le Pen qui avait qualifié l’homosexualité d’ « anomalie biologique et sociale » ? Philippot réplique : « Non, pas du tout. Il y a de tout au Front National, nous avons même cette chance de ne pas être dans une optique communautariste. Nous voyons des Français qui ont des convictions, une analyse politique, qui ne sont pas déterminés par je ne sais quel déterminisme social, sexuel, biologique ». A l'opposé, Laurence Pieau, la directrice de la rédaction de Closer, qui s’expliquait sur le coming out militant du journal disait dans « Le grand Direct des médias » de Jean-Marc Morandini sur Europe 1 : « Comment peut-on imaginer qu’un couple homosexuel doit être traité différemment d’un couple hétérosexuel dans la presse ? Comment peut-on imaginer que le numéro 2 du Front national, qui peut être appelé au pouvoir, si on en croit le FN, peut arriver à des fonctions sans avoir évoqué sa famille, ses relations privées, sans avoir d’épouse, d’amie, d’ami? Comment peut-on imaginer ça possible en 2014 ? ». Aussi la directrice du magazine estime-t-elle que cette information privée a forcément des incidences sur la politique mise en œuvre par le parti d’extrême droite au sujet du mariage pour tous. Et elle estime donc légitime de le dévoiler. Effectivement, nous nous devons nous poser la question : que cherchait à cacher Florian Philippot au Front National en ne se déclarant pas homosexuel si ce n'est un plan de carrière ou une stratégie inavouable ? Un chef de parti a-t-il le droit de berner ses militants ? Quel preuve de courage, l'homme Florian Philippot manifeste-il dans ces atermoiements ? Et surtout de quoi Florian Philippot aurait-il honte ? Ne pouvait-il tout simplement pas s'aligner sur les valeurs guerrières de Sparte et d'autres conquérants et se passer en boucle Les Damnés de Visconti ? Or non, car s'il s'agit de normaliser le Front, il s'agit aussi d'y avoir en étant que pédé une sexualité normale.

Florian Philippot est homosexuel comme tant d'autres mais là n'est pas le problème : il est gay. Or, ce n'est pas la même chose. L'homosexualité reste possible au FN mais à condition de rentrer dans le rang LGBT. Ainsi même par l'homosexualité, il s'agit d'épurer le Front. On  admet au front les homos mais à condition qu'ils soient  tous « arc en ciel ». 

Etre gay chez les Fachos

Car Philippot n'est pas sot. En entrant au Front pour faire carrière, il savait qu'il entrait au départ dans une officine classée d'extrême droite. Il savait qu'il aurait donc à y croiser souvent des adeptes fanatiques de la famille traditionnelle, des sacristies et des chapelets. Il savait pertinemment qu'il serait donc en porte-à-faux avec lui-même. Cela aurait pu être un signe de courage comme pour l'écrivain Renaud Camus mais cela ne le fut pas. C'est pour cela que son silence sent le calcul et la duperie. Ainsi, vous ne verrez sûrement jamais Philippot citer l'«homo-érotisme» de l'extrême-droite (http://www.camionnoir.com/?p=detail_livre&ID=345) car il est bien vrai que dans la réalité de la vie intime du fascisme, un courant «homo-nazi-nationaliste-identitaire» a bel et bien toujours existé. Il suffit de se rappeler les «orgies entre hommes» de la direction de la Sturmabteilung (SA), l'organisation paramilitaire du parti nazi d'Adolf Hitler. Si le IIIe Reich, tout comme le fascisme italien ou la dictature française du Maréchal Pétain, fera de la famille traditionnelle le noyau de base de la Nation, en coulisse, les « homos-nazis » maintiendront toujours discrètement, leurs comportements « marginaux ».

Mais à l'intérieur du Front national, il n'en serait bien entendu être question. Etre homo pour un nouveau frontiste, c'est se marier et avoir des gosses ! Philippot est homosexuel mais il a ses valeurs consuméristes : le modèle libéral et américanisé de l'homosexualité. Seuls les gays libéraux y sont admis, les skin head  ''différents'' du service d'ordre ont très vite été priés de dégager. Se faisant, le FN a aussi sur ce plan là perdu beaucoup. Il a perdu l'esthétique politique, cette charge érotique sous-jacente à ses anciens rassemblements, l'exaltation d'une jeunesse virile de crânes bien rasés et en blousons bombers. Or, les jeunes FN ne portent plus des Doc's Martens mais de vilains talons hauts. Ils se gominent les cheveux et achètent des produits de beauté chez Yves Saint-Laurent. Les jeunes militants gays sont priés de regarder Brokeback Mountain mais surtout pas Les Dieux du Stade ou Arno Breker. Florian Philippot soutient les gays mais ignore délibérément la culture du Mannerbund. Or, si durant de très nombreuses années, les homosexuels de l'extrême droite durent vivre cachée leur profonde intimité, à partir des années 1980 (un contre-effet de Mai 68 ?), des «homos de l'Ordre nouveau» s'affirmèrent de plus en plus. Pour eux, il était possible d'être pédé chez les fachos. Ceci ne remettait pas en cause le noyau familial traditionnel à la base selon eux de la Nation. L’homosexualité n’était pas seulement naturelle : elle avait fondé la civilisation. Cachés ou revendiqués, les homos nationalistes identitaires existent bel et bien. Mais ce n'est pas sur ce terrain miné que Philippot adhéra au Front National. Pour normaliser le FN, il fallait aussi normaliser l'homosexualité de droite.

Il faut écrire cela car c'est paradoxalement par son homosexualité qu'il devait sans doute considérer comme une tâche indélébile sur son cv politique que Florian Philippot est admis finalement dans la caste politique. « Immonde », a tranché l’ex-parlementaire socialiste, Jean-Pierre Michel, sur Twitter celui qui avait défendu la loi sur le mariage pour tous au Sénat et le PACS, à l’Assemblée en 1999. « Inacceptable », a renchéri le député PS Nicolas Bays. « Même si j’exècre ses idées, le droit à la vie privée est sacré ». Par contre, la Fédération Total Respect (Tjenbé Rèd) et la Fédération LGBT/OM (Fédération lesbienne, gaie, bi & trans des Français d’outre-mers et de leurs proches) défendent l' « outing » contraint  de Closer déclarant que « la révélation de l’homosexualité de personnages publics, membres de partis politiques violemment homophobes, est parfaitement légitime ». En somme, l'homosexualité de Philippot se retrouve défendue par les bourgeois blancs du PS, les Solfériniens et dénoncée au passage par les ''cailleras'' et les ultra-marins métissés. Dans un entretien accordé, il y a déjà quelques années, l’humoriste Dieudonné avait prédit, mi-sérieux, mi-rigolard, que Marine Le Pen finirait par danser nue sur un char à la Gay Pride ! De fait que Philippot soit « normalisé» par la caste, ne crée pas seulement une fracture sociale interne du FN mais dessine aussi par ceux qui défendent l' « outing » la fracture raciale française à venir. En fait, qu’il y ait de plus en plus de mosquées et de minarets en France ne gêne pas Marine Le Pen (elle a interdit à ses adhérents de participer aux actions de Quimper-Résistance), que des Français de souche se convertissent à l’Islam au sein de son mouvement ne l’indispose pas davantage (l’affaire Maxence Buttey), en revanche ce que ne supporte pas le RBM c’est que la montée de l’Islam en France remette en question les droits et privilèges concédés aux féministes et aux invertis. Il ne faut pas oublier à ce titre la déclaration pivot de Marine Le Pen du 10 décembre 2010 à Lyon:  « J'entends de plus en plus de témoignages sur le fait que dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même Français ou blanc ». Marine le Pen sera ainsi petit à petit dans la montée du conflit civil qui se profile le dernier porte-parole d'un certain Occident décadent, homosexualisé, féminisé et apostat. C'est bien pour cela que toutes les portes médiatiques finalement lui sont finalement assez largement ouvertes.

De fait, c'est au moment même où l'« outing » de Philippot est objet de polémique que Sébastien Chenu, secrétaire national de l’ UMP et co-fondateur de Gay Lib, a décidé de rejoindre le RBM.  Et cela va vite : il y est nommé président du Collectif Culture, promu assistant parlementaire accrédité d’un député européen FN à Bruxelles, contre rémunération. Ancien membre de l’UMP au sein de laquelle il a créé GayLib, passé depuis à l’UDI, Sébastien Chenu a effectué un parcours politique et idéologique pour le moins incertain, là encore mû de toute évidence par le carriérisme et l'envie de manger dans la gamelle (http://www.lentente.net/lettre-ouverte-a-sebastien-chenu/. « Je me sentais de plus en plus fortement en décalage avec l’UMP sur deux sujets. D’abord la question européenne - l’UMP a accepté une soumission totale à l’Europe technocratique - mais aussi sa position sur le mariage homosexuel, consternante. L’UMP est devenue le Tea Party français, un parti conservateur», a-t-il précisé. Dans une tribune publiée dans Les Echos, il a affirmé très justement que « Marine Le Pen a toujours pris soin de ne jamais provoquer ou ostraciser les gays » et pour Gilbert Collard, l’un des leaders du rassemblement Bleu Marine : « Son ralliement est la preuve de l’ouverture du RBM ». A l'inverse, le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy qui ne sait plus trop quoi faire pour rallier les « fachos » a nommé comme secrétaire nationale du parti Madeleine Bazin de Jessey, porte-parole de Sens Commun, une association née au sein de l’UMP dans le sillage de la Manif pour Tous ! On pourrait d'ailleurs se demander si l'opération Closer n'est pas une opération sarkoziste, les révélations du journal étant une manière détournée de glisser à l'oreille des conservateurs de droite que les défenseurs de la famille ne sont pas au FN mais à l'UMP. Vache fumisterie ! Notons qu'immédiatement après la promotion « sauna » de Sébastien Chenu, de nombreux cadres et élus du FN se sont opposés à une prise de responsabilité officielle de celui-ci au sein du FN. Des communiqués ont fleuri dans les fédérations dénonçant la mafia rose qui aurait mis le grappin sur le Front National, le parti prenant tout à coup la décision d’intégrer une politique communautariste et une ligne libérale qui va à l’encontre de tout ce qu’il représente depuis presque 40 ans

Dernière nouvelle du Rassemblement Rose Marine : Julien Odoul, 28 ans, vient de rejoindre le cabinet de Marine Le Pen.  Or, historien de formation, il était secrétaire général du groupe UDI au conseil général de Seine-Saint-Denis et il travaille aujourd'hui auprès de Philippe Martel, un ancien juppéiste. Accompagnant Marine Le Pen dans certains de ses déplacements, cet ancien assistant parlementaire d’André Santini, a été au bureau national des Jeunes centristes, après être entré, en mars 2006 au Parti socialiste, pour soutenir Fabius à la primaire. Il avait posé en couverture du magazine LGBT Têtu, ce qu’il considère comme « une fierté » ! Ainsi, c'est curieusement par le totalitarisme gay de l'édredon que nous sommes sur le point d’assister à une fracture historique de ce parti politique et à sa normalisation rapide à l'heure qu'il semble si près du but. Si la drauche le rejoint, c'est que justement, nous avions mal compris : il faut au FN des gays et des francs-maçons pour pouvoir prendre le pouvoir et entrer dans le système. La normalisation du FN est à ce prix.

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