vendredi, 13 avril 2018
Si les taux augmentent ou s’il y a le moindre krach, l’État français, et pas seulement l’Italie, sera en faillite pure et simple.
La dette publique française s’élève à 2.218,4 milliards d’euros, soit 97 % du PIB ; les intérêts s’élèveront à 42,1 milliards d’euros en 2018. Mais le drame, c’est que la dette réelle, selon la Cour des comptes, est de l’ordre de 6.000 milliards d’euros, soit trois fois plus que le chiffre médiatisé.
Il convient d’ajouter, en effet, à la dette publique les engagements hors bilan de l’État français, c’est-à-dire l’ensemble des engagements futurs de l’État et toutes les garanties et cautions qui s’activeraient en cas de défaillances ou de krach. Les futures pensions et retraites des agents en exercice de l’État sont estimées à 2.150 milliards d’euros, ce qui fait déjà passer la dette française à 200 % du PIB. Quant aux garanties et cautions accordées par l’État français à, par exemple, la Grèce, Areva, EDF, Dexia et le Crédit lyonnais, elles s’élèvent à 1.920 milliards d’euros.
La dette réelle publique française est donc bien, en fait, de l’ordre de 6.000 milliards d’euros, soit 300 % du PIB. Si les taux augmentent ou s’il y a le moindre krach, l’État français, et pas seulement l’Italie, sera en faillite pure et simple.
En zone euro, Draghi n’a fait que pratiquer la politique de la fuite en avant, pour sauver les meubles de la France et de l’Europe du Sud, en gonflant, par sa politique d’assouplissement quantitatif, le bilan de la BCE à 42 % du PIB. Au-delà de l’arrêt, en septembre, de cette politique et de l’inéluctable prochaine augmentation des taux d’intérêt, on comprendra mieux la catastrophe à venir liée à l’interconnexion des banques européennes en prenant pour exemple les conséquences en chaîne d’une simple défaillance italienne.
De nombreuses banques européennes ont une exposition trop élevée à la dette italienne. La banque publique belge Dexia, déjà sauvée deux fois de la faillite, détient des obligations italiennes qui représentent 320 % de son capital. La banque publique française Société de financement local (SFIL), créée après le sauvetage de Dexia, détient, elle aussi, des obligations italiennes qui représentent 480 % de son capital. D’autres banques européennes sont dangereusement exposées à la dette italienne : la banque portugaise Caixa Central, de Crédito Agrícola Mútuo, détient des obligations italiennes à hauteur de 200 % de son capital ; la banque espagnole Banco Sabadell 102 % ; les banques allemandes Deutsche Pfandbriefbank AG et Commerzbank respectivement 82 % et 42% ; BNP Paribas, 25 %. Le risque de contagion est donc énorme en Europe et dans le monde.
La vérité, c’est que les actifs cumulés de la BCE, de la Fed et de la Banque du Japon sont passés de 3.000 milliards, en 2007, à 15.000 milliards de dollars. Le comble de la folie contemporaine, c’est lorsqu’on apprend que le bilan de la BNS suisse comprend des dizaines de milliards de dollars d’actions technologiques américaines. La BNS est, en fait, devenue un fonds d’investissement spéculatif à long terme (« hedge fund »).
Cerise sur le gâteau : Pékin semble vouloir sortir l’artillerie lourde en surtaxant de 25 % 106 produits américains dont le soja et les automobiles, face à l’offensive protectionniste sur 1.300 produits chinois de Trump et son désir de faire respecter la propriété intellectuelle américaine.
10:44 Publié dans Tribunes de Marc Rousset | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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