Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 15 juin 2024

La gauche a toujours besoin d’un "fasciste" de service

Manif anti-RN.jpg

Didier Lecerf

Biberonnée au marxisme-léninisme, elle utilise cet épouvantail de façon récurrente. On le voit actuellement, on l’a vu en 2002… Il lui permet de surmonter ses divisions, de fédérer les siens, de tétaniser, neutraliser et diviser la "droite parlementaire" (ce qui, manifestement, marche beaucoup moins bien). Il lui permet ainsi de créer les conditions de la formation d’un "front républicain" ou "populaire", tout en marquant du sceau de l’infamie les "pelés", les "galeux" qu’elle veut discréditer, disqualifier, frapper d’indignité nationale, vouer à la mort professionnelle et sociale, voire, à l’imitation du Raoul Volfoni des "Tontons flingueurs", « éparpiller façon puzzle, disperser, ventiler »...

 Ce petit manège, pas très catholique mais proprement stalinien, dure depuis les années 1930. Il a un nom, l’agit-prop, qui consiste, comme l’a expliqué Lénine, par la répétition, à n’inculquer qu’une idée ou qu’un petit nombre d’idées à un maximum de personnes.

 Du Front populaire de Blum, Daladier et Thorez aux plus récents accords électoraux roses-verts-rouges (le "nouveau Front populaire" d’inspiration mélenchoniste étant le dernier en date), en passant par l’Union des forces démocratiques de 1958, l’Union de la gauche autour du Programme commun de gouvernement de 1972, ou encore la Gauche plurielle de 1996-1997, sans oublier les multiples ententes d’arrière-cuisines locales, l’un des ressorts du "rassemblement populaire", du "front uni" a été ou est, toujours, un responsable, un mouvement politiques, voire les deux à la fois, présentés comme une menace pour le peuple, pour la République, pour les libertés…

 François de La Rocque - le « comte fasciste » -, les Croix de feu puis le Parti social français (PSF) et, au-delà, les ligues des années 1930 furent les premiers. Mais Charles De Gaulle (dans une certaine mesure) et le RPF, Pierre Poujade et l’UDCA, les partisans de l’Algérie française, Jean-Louis Tixier-Vignancour, Jacques Chirac et le RPR, Nicolas Sarkozy, le Front national et son succédané, le RN, Jean-Marie Le Pen, puis sa fille Marine, ou encore Éric Zemmour, tous, tour à tour, jouèrent ou jouent ce rôle…

 « Fasciste ! » L’accusation, péremptoire, est censée tomber comme un couperet sur toute tête mal-pensante qui dépasse de la masse moutonnière sur laquelle veille jalousement les chiens de garde de la pensée conforme. Elle vise à maudire les déviants qui osent s’aventurer hors des sentiers balisés par les nouvelles ligues de (petite) vertu médiatiques, les culs bénis de la religion déconstructiviste, les apprentis sorciers du "toujours plus" progressiste (qui au passage, oublient un peu facilement que la révolution finit toujours par dévorer ses propres enfants). On connaît la suite du couplet. D’abord dans sa version germanopratine, sorbonnarde et science-porisée : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ». Ensuite dans sa version plus abrupte, « black broque » et punks à chiens, : « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos »…

 « Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises ».

 Depuis près de cent ans, la gauche française se veut l’arbitre des élégances, la grande dispensatrice des bons et des mauvais points, la sourcilleuse vigie guettant le moindre sursaut du ventre peut-être encore fécond de la bête immonde. Elle continue de se prétendre avec constance la porteuse du bien et de l’espérance, l’accoucheuses du progrès et de l’avenir. Mais quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit bien vite, qu’aujourd’hui comme hier, elle utilise volontiers, elle aussi (y compris contre certains des siens), les pratiques qu’elle reproche si fort à ses adversaires, et qu’en matière d’attaques personnelles, de sous-entendus, de calomnie, d’invectives, voire de "flicage", elle a même beaucoup à leur apprendre !

11:47 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.