mardi, 24 juin 2025
Le peuple est souverain ! Étonnant, non ?
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(article écrit par un être humain, sans recours à l’IA)
Il est de bon ton au sens de l’hypocrisie politique généralisée de qualifier le peuple français de « peuple politique », « peuple pas dupe, intelligent, avisé » etc. Bien sûr aucune personnalité politique ambitionnant une élection n’accusera jamais le peuple d’être veule, peureux et sans consistance. Le peuple a toujours raison. Officiellement et sans conteste. Sauf lors du référendum de 2005 pourtant ; c’est-à-dire qu’il a toujours raison lorsqu’il vote dans le sens que les élites dominantes espèrent.
Ce peuple si perspicace et intelligent en a fait une démonstration le 7 juillet 2024, au deuxième tour des élections législatives décidées par Emmanuel Macron le 9 juin et dont nous fêtons l’anniversaire. En effet le « Front Républicain » anti-RN, regroupant la quasi-totalité des partis politiques de l’extrême gauche jusqu’à une partie des LR, a permis que les projections de sièges du RN autour de 200 à 250 sièges sinon plus, donnent un résultat deux fois moindre. Et depuis, tous les journalistes et les politiques dans un bel ensemble rabâchent à l’envi que le Front Républicain a amené avec succès une Chambre des députés ingouvernable telle que nous la connaissons, la comparant même à une chambre élue comme « à la proportionnelle », c’est-à-dire reflétant fidèlement l’état de l’opinion.
Puis, dans une belle logique incompréhensible, on nous ressasse que la « France est à droite » car, dans les sondages, 70% des Français approuvent largement les positions du… RN après avoir voté, toujours à 70% le 7 juillet, contre les candidats du RN ! C’est à se tordre de rire devant de tels propos incohérents.
Mais en réalité, le « Front Républicain » n’était qu’une proposition faite aux Français qui n’étaient absolument pas tenus d’en suivre les consignes, puisqu’ils sont un peuple « souverain, intelligent, perspicace et indupable ». Puisqu’ils ont obéi aux injonctions de l’extrême gauche à la droite, c’est donc qu’ils les approuvaient « souverainement ». Ce « peuple de droite » a donc voté massivement à gauche, même à l’extrême gauche, au centre gauche ou au centre droit. Etonnant non ?
La France est en réalité à gauche ou au centre gauche le jour des élections et à droite le reste du temps, ce qui rend ce pays fou et en proie à tous les excès. Mais à qui en revient la responsabilité ? Pas au « Front Républicain », pas aux médias, pas aux « élites », pas à « l’Europe de Bruxelles » mais aux Français eux-mêmes dont la brillante intelligence devrait leur permettre de mettre leurs votes en cohérence avec leurs idées semble-t-il majoritaires. Mais ce n’est pas le cas : certains Français « de droite » ont voté pour un candidat socialiste ou LFI plutôt que pour celui du RN, brusquement sensé être un dangereux « nazi » en herbe camouflé. Etonnant, non ?
La politique française rend fou les Français eux-mêmes. Mais cela aucune personnalité politique n’osera le dire sauf à se mettre les électeurs à dos. Ce n’est pas en accusant les Français - ou en tout cas au moins 60% d’entre eux - de couardise et d’incohérence - de « veaux » disait De Gaulle -, qu’ils voteront pour eux ! Combien de Français aux idées parfois plus radicales que celles de Zemmour ou Marine Le Pen ne veulent pas voter pour eux, leur préférant l’apparente tranquillité d’un Macron ou même une lâche abstention pour des motifs ubuesques souvent. Raisonnements entendus cent fois. Pourtant, les mêmes, après les élections ne cessent de tempêter contre le pouvoir et les élites gouvernantes. On se prend à regretter le célèbre slogan de mai 68 : « Élections, piège à cons ». Etonnant, non ?
La France est désespérante et il faut la conviction redoutable d’un Philippe de Villiers pour y croire encore et espérer convaincre les Français de ce qu’ils refusent obstinément et avec une grande constance. On peut même se dire que si jamais ils portaient au pouvoir Marine Le Pen, ils regretteraient leur choix dès le lendemain et désapprouveraient toutes les mesures radicales qu’ils étaient les premiers à demander avant l’élection…dans les sondages, de peur des troubles potentiels attendus. Mieux vaut subir que de prendre quelque risque que ce soit. De même d’ailleurs si Emmanuel Macron pouvait se représenter, et malgré tous les sondages négatifs à son égard, il serait probablement réélu. Ce sera donc un équivalent qui l’emportera en 2027. Un Edouard Philippe par exemple ou son clone politique. Un Retailleau ? Pourquoi pas sur un malentendu et une nouvelle crédulité de Français influençables, et qui fera du Sarkozy : du karcher en paroles et du Kouchner dans les actes. Entendu d’une relation personnelle CSP+ il y a peu : « Marine Le Pen ne ferait pas mieux que les autres. Je préfère m’abstenir ! ». Réponse : « Mais si elle ne peut faire mieux que les autres, ce sera bien pire avec le macronisme ou la gauche ! ». Réponse : « Je ne crois pas ». Bel exemple de l’ « intelligence » française. Etonnant, non ?
Faut-il alors quitter la France et partir dans les pays de l’est de l’Europe dont les peuples, sûrement beaucoup moins intelligents et fins qu’au moins 60% des Français, votent de plus en plus massivement pour des idées similaires au RN français ou à Reconquête !, les portent de plus en plus au pouvoir, lorsque la pression, les ingérences - admirables celles-là- et les menaces de l’Europe ne les invalide pas toutefois.
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09:16 Publié dans Tribunes libres | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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