mercredi, 12 mars 2008
Elections municipales : le camp identitaire laminé ? Ce n’est qu’une épreuve.
Un bel exercice d’humilité nous est aujourd’hui infligé. Et c’est très bien ainsi. Car, après tout, nous l’avons un peu cherché.
Je ne parle pas des militants qui, partout en France et particulièrement à Strasbourg, n’ont pas ménagé leur peine : nuits de collage, présence permanente sur le terrain, leur ardeur combative dans un contexte de défaite annoncée force l’admiration.
Se contenter de désigner des coupables, en l’occurrence ceux au sein du FN qui ont plombé ce scrutin, procèderait d’une esquive indigne et réductrice des causes de cette magistrale déculottée si nous ne devions, ce faisant, décliner notre part de responsabilité.
Mais, puisqu’il faut en parler tout de même, commençons par les manquements écrasants du « parti de référence », le FN, ou plutôt de ses nouveaux responsables auto-proclamés au mépris de toute gouvernance démocratique. J’ai entendu Marine Le Pen se gargariser de scores plus miteux les uns que les autres, à commencer par le sien (sensée arriver en tête à Hénin-Beaumont pour emporter la mairie, c’est la ratatinade avec 15 points de moins que son rival divers gauche). Avec cette arrogance qui la caractérise, elle affirme, avec une désinvolture qui frise l’indécence, que les scores de ces élections municipales démontrent que le FN est en voie de redressement (!) La tartufferie et la dérobade ne font certainement pas bon ménage avec l’image de futur chef charismatique dont elle drape son égo ultra boursouflé et bassine le bon peuple depuis quelque temps.
Quid de l’absence évidente d’implantation locale et du refus borné d ‘envisager des alliances indispensables avec des candidats identitaires implantés ? Quid de la dispersion des idées phare du camp national, sacrifiées sur l’autel de la respectabilité dans un salmigondis idéologique désarticulé et illisible ? Valmy et Argenteuil auront servi de bois de chauffage pour cette crémation des fondamentaux, que l’UMP s’est empressée de reprendre à son compte pour ne rien en faire si ce n’est de capter un électorat déboussolé.
Dans cette perspective accablante d’échec, que fallait-il faire ? Y aller ou pas ? Trop tard pour y répondre.
A Strasbourg, par exemple, on a pédalé dans la choucroute. Robert Spieler, qui savait bien qu’il serait loin d’atteindre son score des dernières municipales (9,2 % pour sa liste et 7,5% pour celle du FN), aurait « sauvé les meubles » s’il n’avait pas été entravé par la liste du Front. Une liste FN inutile menée par un inconnu parti recruter ses colistiers dans les maisons de retraite de la ville dans le seul but de satisfaire les exigences de Jean-Marie Le Pen, prêt à tout pour empêcher Alsace d’Abord de conserver sa légitimité identitaire en Alsace. La dynamique identitaire n’avait aucune chance de sortir la tête hors de l’eau dans ces conditions, avec, pour ne rien arranger, la bipolarisation du scrutin rendue inévitable par le basculement annoncé de la mairie à gauche.
A Nice, même bazar. La liste de Philippe Vardon aurait pu résister à la débâcle avec tout de même l’espoir de franchir la barre des 10% dans une ville où le camp national devrait normalement se situer dans une fourchette de 25 à 30%, si là aussi la liste FN n’avait pas accompli son travail de sape. Les militants du FN niçois étaient eux-mêmes pour la plupart favorables à une liste commune avec Nissa Rebella. Pour toute réponse, ils ont eu droit à la visite d’un émissaire envoyé de Paris par le « paquebot » pour monter en catastrophe cette liste nuisible.
Quelques cas isolés tout de même de satisfaction, que j’ai le plaisir de saluer : Jacques Bompard vient d’emporter pour la troisième fois la mairie d’Orange. Avec un score de 60% au premier tour, c’est un plébiscite mérité pour sa remarquable gestion municipale. Il sera aussi réélu sans souci dimanche prochain au Conseil général et son épouse est en passe de gagner la mairie de Bollène au deuxième tour. Nos amis Christian Baeckeroot et Philippe Eymery, dans des circonstances particulièrement difficiles, obtiennent deux sièges pour chacunes de leurs listes à Tourcoing et à Dunkerque.
Dans un contexte politique désastreux, la défense de nos idées est aujourd’hui cadenassée par l’absence d’unité dans notre famille politique. Ce constat amer doit peut-être nous amener à reconsidérer la nature de notre engagement pour certains d’entre nous, en attendant (mais pas seulement, en ayant aussi la volonté d’y participer) la nécessaire recomposition du « canal politique » de notre camp qui devra bien surgir et le plus tôt serait le mieux : l’action politique ne peut pas se passer d’une structure politique. Et une structure politique, ce n'est pas une cour orientale !
Mais l’action politique s’accompagne aussi d’une démarche métapolitique, celle qui consiste à faire adhérer le plus grand nombre à nos idées par d’autres voies, complémentaires et indispensables. L’action sur le terrain, culturelle, sociale, musicale, a des vertus pédagogiques indispensables à la promotion du message identitaire. La conscience identitaire d’un trop grand nombre de nos compatriotes se caractérise par un vide abyssal qui laisse toute sa place à l’obsession matérialiste, à un individualisme contre nature, à une conception existentielle basée sur l’instant présent. Des bouts de chiffon idéologiques peu propices au sursaut et à la reconquête. On a du travail ! Et si l’action de terrain nous paraît aujourd’hui encore trop confidentielle, c’est justement là que nous avons du travail.
Chantal Spieler
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