Le bloc note de Jean-Claude Rolinat
A propos de l’affaire libyenne, ma première réaction pourrait être, « mais que diable allons-nous faire dans cette galère », d’autant que Sarkozy avait léché, il y a peu, les babouches du Raïs de Tripoli en l’accueillant, lui et sa smala, avec tous les honneurs dus à un Prince des Mille et une nuit. Le Président a-t-il voulu redorer son blason à la veille d’élections cantonales qui semblaient, de toute façon, perdues d’avance ? Ou, comme ses prédécesseurs, en tant que « Chef des armées », a-t-il lui aussi voulu jouer au « petit soldat » ? Souvenons-nous, Giscard eut « son » Kolwezi, Mitterrand « sa » Guerre du golfe, Chirac « ses » ripostes à Sarajevo, en Serbie et en Côte d’Ivoire. Le Chef de l’Etat a mis toute son énergie pour emporter la décision d’une intervention dans le ciel libyen, tant aux Nations Unies qu’auprès des membres de la Ligue Arabe, même si ces derniers en véritables marchands de tapis, ont commencé à tiquer du keffieh dès les premières frappes.
En regardant la télé, je m’interrogeais sur le bien-fondé d’une opération aérienne aux suites hasardeuses. Puis, il m’est soudain revenu en mémoire, comme ça, les terribles images du crash du DC-10 d’UTA dans le désert nigérien du Ténéré, qui assurait le 19 septembre 1989 la liaison Brazzaville-Paris. Un an avant, le 21 décembre 1988, le colonel Kadhafi avait fait exploser en vol un Boeing-747 de la PANAM au-dessus de l’Ecosse (photo). A ces drames, se mêlaient des souvenirs de reportages sur le Tchad, vaste pays sahélien victime des manigances du « fou » de Tripoli, actions subversives qui nous coûtèrent des hommes et du matériel. Depuis, le « Guide de la Révolution » libyenne s’était racheté une conduite à coups de millions de dollars de dédommagements et de renonciation à son programme nucléaire. En pensant à tout cela, dois-je l’avouer, les images de ses blindés réduits à l’état de merguez fumantes, m’ont fait du bien ! Oui, du bien, comme une sorte de soulagement. Nos pilotes ont fait du bon boulot et, d’une certaine façon, ont vengé nos pauvres morts du Ténéré : 54 Français, passagers et membres d’équipage, ainsi que 120 autres victimes qui n’avaient rien demandé que de vivre et de retrouver les leurs. J’espère que les Mirages, Rafales et autres F-16 de la coalition ne rateront pas la carcasse du colonel ou, qu’à défaut, le peuple libyen en fera son affaire. Il est des moments où la raison ou la simple analyse géopolitique s’effacent derrière les sentiments et la nécessité de punir, de châtier comme il se doit un crime imprescriptible. Et tant pis si l’omniprésent, l’insupportable, le prétentieux, l’imbuvable BHL a été l’élément déclencheur de cette opération militaire. 22 ans après le crime du Ténéré, la punition est certes bien tardive. Mais la vengeance n’est-elle pas un plat qui se mange froid ? Avertissement sans frais aux Bachar Al Assad, Robert Mugabe et autre Kim-Jong-Il…
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