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dimanche, 02 février 2014

102 ans au compteur et record battu ! Bob le magnifique, c’est lui !

Randa Philippe août 2010 Portrait.jpgLa chronique

de Philippe Randa

Il y a des champions qui ne peuvent laisser indifférent ! Parce que c’est gratuit ! Parce que c’est unique ! Parce qu’ils le valent bien !

Qu’est-ce que Robert Marchand aura gagné avec ses coups de pédale ? Rien, sinon de battre son propre record, soit 26,952 km en soixante minutes : 2,692 km de mieux que l’année dernière en Suisse.

Ses rivaux – ceux qui ont atteint comme lui plus d’un siècle d’existence et pourraient venir le défier – ne sont pas légion, on s’en doute…

Bob, 102 ans au compteur, est donc bel et bien obligé de se surpasser lui-même à l’âge vénérable où d’autres sucrent les fraises, du moins s’ils en sont encore capables (pas beaucoup) ou quand ils sont toujours de ce monde (encore moins !).


Et tout ça pour quelques applaudissements, certes enthousiastes et même passionnés : ceux de ses 300 supporters qui ont joué de l’accordéon dans les gradins et scandé des « Allez Robert ! » à pleins poumons pendant qu’il enchaînait les tours de piste…

Pourtant, en 1912 (une époque que les moins de cent ans ne peuvent pas avoir connue), lorsqu’il avait voulu faire métier de coureur cycliste, les professionnels de la pédale et les médecins d’alors l’en avaient dissuadé. Trop chétif, qu’ils disaient… mais tout de même plus résistant qu’eux, puisqu’il leur adresse aujourd’hui, dans l’au-delà qu’ils ont tous rejoint depuis belle lurette, un sacré « coup de pédale dans l’nez » !

« Les prédispositions génétiques ne jouent que pour 30 % des performances », explique la physiologiste Véronique Billat qui le suit depuis sa centième année… La fréquence cardiaque de Robert est celle d’un homme de 50 ans, capable de passer de 60 pulsations au repos à 157 dans l’effort…

Au-delà de la prouesse qui vaut largement celles de bien des champions nationaux ou olympiques et même davantage que celles de bien des « stars » qui paradent sur les podiums, l’exemple de Robert Marchand est riche d’enseignements…

D’abord, vis-à-vis des fatigués de nature et préposés à la fonction de « rond-de-cuir », chère à Georges Courteline… Dès leur prime jeunesse, ceux-ci n’ont de cesse de clamer leur droit à une juste retraite le plus tôt possible, après une vie de dur labeur : Bob le champion a pris la sienne, de maraîcher, à… 89 piges, après une jeunesse aventureuse de chauffeur de poids lourds au Venezuela et de bûcheron au Canada.

Ensuite, vis-à-vis non seulement de tous ceux qui se demandent, à chaque fois qu’ils font quelque chose, ce que cela va bien pouvoir leur rapporter, mais plus encore vis-à-vis de tous ces « dieux des stades », déguisés par la publicité en sapins de Noël et fiers de leurs juteux contrats dont ils clament sans vergogne les montants démentiels, prétextant que leur « carrière » est brève et qu’ils doivent ramasser un max au plus vite… Après ses exploits répétés, Robert Marchand, avec ses 800 euros de retraite par mois, n’envisage pas, lui, de quitter ses 25 m2 d’HLM à Mitry-Mory (Seine-et-Marne) dans lequel il fait lui-même son ménage…

Enfin, des esprits facétieux pourraient ajouter que Bob le désintéressé, avec sa tenue moulante jaune et violette, n’est pas forcément moins glamour pédalant avec conviction sur sa bicyclette sur la piste du nouveau vélodrome national, à Saint-Quentin-en-Yvelines… qu’un Fanfan Président normal, déguisé en Daft Punk, courbé à fond la caisse sur son scooter dans les rues de Paname…

Chronique publiée sur Boulevard Voltaire

18:15 Publié dans La chronique de Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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