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mercredi, 19 mars 2014

Le 19 mars ne peut pas célébrer la « paix en Algérie »

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Guillaume Zeller

Boulevard Voltaire cliquez ici

Le 19 mars 1962, à Évian, les autorités françaises signaient l’accord qui devait encadrer l’abandon progressif de la souveraineté républicaine sur l’Algérie au profit des représentants du FLN. En dépit de l’opposition quasi unanime d’un million de pieds-noirs, du sacrifice consenti par les harkis, de la faible représentativité du FLN, la République s’apprêtait ainsi à rédiger le chapitre final d’une histoire commencée en 1830. Moins de quatre mois après, le 5 juillet 1962, le processus entamé à Évian aboutissait à l’indépendance de l’Algérie.

Qu’on le déplore ou qu’on s’en accommode, le 19 mars ne peut être considéré comme l’anniversaire de la « paix en Algérie ». Pour des raisons objectives : les tueries ont continué malgré le cessez-le-feu annoncé. Faut-il évoquer le massacre commis le 26 mars 1962 devant la Grande Poste de la rue d’Isly à Alger, le début des purges au sein de la communauté musulmane, la multiplication des opérations aveugles de l’OAS ou encore l’immense chasse à l’homme anti-européenne commise le 5 juillet à Oran, journée la plus sanglante de toute la guerre d’Algérie, avec au minimum 700 pieds-noirs assassinés et escamotés en quelques heures ?

Pourtant, c’est cette date du 19 mars qui a été retenue par les parlementaires français en décembre 2012, non sans idéologie, pour devenir celle de la journée nationale du souvenir « des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie ». En dépit de cette décision, la fin de la présence française en Algérie demeure « un passé qui ne passe pas » et nombreux sont ceux qui s’insurgent contre les commémorations qui seront organisées demain, en particulier par la FNACA dont les accointances idéologiques originelles sont connues.

Ainsi, de nombreuses associations dédiées à la défense des rapatriés – en particulier le Cercle algérianiste, puissante organisation qui veille à la transmission de l’héritage culturel des Français d’Algérie – continuent d’interpeller le gouvernement. À Nice, le maire Christian Estrosi – vertement critiqué par une partie des pieds-noirs pour avoir fait ériger une statue de Charles de Gaulle dans la ville en 2011 – dénonce cette année un « déni de vérité » et refuse de pavoiser la ville, soutenu par Ali Amrane, président du Collectif des associations de harkis des Alpes-Maritimes. « Le 19 mars est une date atroce pour les familles de harkis massacrés entre le 19 mars et le 2 juillet 1962 », rappelle ce dernier. À quatre jours des élections municipales, les rapatriés d’Algérie ne négligeront pas la position de leur édile.

C’est aussi vers l’Algérie d’aujourd’hui que conduit ce débat mémoriel. Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, affaibli par un accident vasculaire cérébral, y brigue un quatrième mandat en dépit de ses hospitalisations successives… à Paris. La « candidature de trop » de cet ancien « moudjahidin » a déclenché une série de manifestations qui laissent deviner un fort besoin de renouvellement. « 52 ans, Barakat ! » (« Cinquante-deux ans, ça suffit ! »). Ce slogan qui résonne actuellement à Alger, porté par de jeunes militants sévèrement réprimés, pourrait fendiller la chape de plomb idéologique indispensable au maintien au pouvoir du FLN. La vérité historique, et donc la paix des mémoires, pourraient en être à terme les bénéficiaires de part et d’autre de la mer Méditerranée.

10:34 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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