samedi, 21 mars 2015
Pourquoi le FN pourrait perdre une partie de l’électorat catholique en 2017
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Hier sans surprise, l’Assemblée Nationale a voté la loi sur la fin de vie par 436 pour, 34 contre et 83 absentions. On savait déjà qu’il y a avait un large consensus entre gauche et droite malgré des voix discordantes, notamment à droite. Il ne faut pas tenir compte de l’abstention de la majorité des députés écologistes (ndlr : 17 absentions et un vote pour. Le groupe écologiste était donc au complet) qui estime sans aucun doute que la loi ne va pas assez loin, quand on connait leur position sur ce sujet. En revanche, on note une fois de plus l’absence des deux députés du FN comme lors de la première fois, une absence qui pourrait agacer un certain électorat catholique.
Malgré ses affirmations, le FN ne fait plus du sociétal une priorité car il considère qu’il y perdrait beaucoup trop de points et que cela pourrait mettre fin à ses rêves de présidentielles. On sait que sur le mariage homosexuel, la position du parti est beaucoup plus ambigüe qu’il ne veut bien le montrer. Marine Le Pen n’a pas voulu engager plus en avant son parti dans cette bataille et le bureau politique a été houleux pour savoir s’il fallait manifester ou pas. Au final, les élus frontistes ont manifesté mais la présidente n’est pas venue. Nous avons déjà écrit que la position du parti sur l’abrogation de la loi Taubira était très proche de celle de l’UMP, la différence se faisant sur la formulation. Le ralliement de Sébastien Chenu était un autre geste symbolique. Ces nouvelles orientations politiques ont déjà agacé certains tandis que les autres préfèrent fermer les yeux dans une indulgence qu’on aurait envie de qualifier d’hypocrite.
Sur la loi sur la fin de vie, le gouvernement a su habilement manœuvrer, agissant assez rapidement et ne parlant pas d’euthanasie. A part Alliance Vita, le collectif Soulager mais pas tuer et deux ou trois députés UMP, on n’a eu ni débat ni opposition. Les amendements dit euthanasiques, ayant été rejetés, il a été facile à la majorité socialiste de faire passer la loi Claeys/Leonetti dans la plus grande facilité. Le FN en a été totalement absent non seulement lors des deux votes mais aussi dans le débat. Il faut dire que cela tombe en pleine campagne électorale pour les départementales et que Marion Maréchale-Le Pen est sans doute trop occupée dans le Vaucluse, en pleine guerre avec Jacques Bompard. Ce n’est pas tout de dénoncer les absences des autres, encore faut-il être présent à moins qu’on ne juge que le dossier ne soit pas important. Certes le FN n’a que deux députés mais il a une certaine force de frappe médiatique que n’a pas un Jacques Bompard, par exemple. Résultat l’opposition est venue de députés UMP comme Jean-Frédéric Poisson ou Xavier Breton qui ont voté contre tout comme Hervé Mariton, Nicolas Dhuicq ou bien un certain Gérald Darmarnin, ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy lors de sa campagne pour la présidence de l’UMP. En tout, 25 députés UMP ont voté contre et 25 se sont abstenus. Les 144 autres présents ont voté pour. Ils n’auraient pas pu faire pencher la balance mais ils auraient, cependant, été plus nombreux à se prononcer contre si une véritable campagne avait été menée. Or sur ce sujet, ils ne se sentent pas du tout débordés par leur droite, bien au contraire !
On savait déjà que cette droite bourgeoise et catholique, qui a formé en majorité les rangs de la Manif Pour Tous, n’était pas très encline à voter FN. D’ailleurs, pendant longtemps, les élus FN se sont plaints d’avoir été ostracisés et cachés au détriment de l’UMP. Cela a bien été le cas surtout à l’époque Frigide Barjot et un changement s’est opéré à l’arrivée de Ludovine de la Rochère. Toutefois, sur le terrain des débats sociétaux, le FN est loin d’avoir gagné d’avance surtout avec la nouvelle génération au sein de l’UMP comme Sens Commun. C’est d’autant plus vrai que Marine Le Pen semble vouloir s’appuyer sur un électorat ouvrier et qu’elle adopte un discours plus proche de Jean-Luc Mélenchon : anti-capitalisme, anti-UE et euro. Son soutien à Syriza, dont un certain membre du gouvernement menace aujourd’hui de déverser des milliers d’immigrants sur l’Europe et la France, a été plutôt mal perçu. Elle s’en est sortie par une « pirouette » via un communiqué de presse, qui ne peut convaincre que ceux qui ne veulent pas voir la réalité, alors que d’autres observateurs reconnaissent que le nouveau gouvernement grec a obtenu des concessions lors des négociations. En attendant, lors d’un meeting à Belfort la semaine dernière, Nicolas Sarkoy n’a pas manqué de rappeler le soutien du FN à un parti pro-immigration.
Occupé depuis longtemps à sa conquête du pouvoir, le FN n’accorde plus la même importance aux questions sociétales, qui lui ont permis d’attirer un certain électorat catholique conservateur quand le parti était diabolisé. Se voulant défenseur de l’héritage chrétien tout en étant une barrière à l’islamisme plus qu’à l’islamisation, le parti prône une laïcité la plus stricte qu’il soit mais il n’est pas le seul parti à être en porte-à-faux sur ces questions de laïcité républicaine. Il n’en reste pas moins que Nicolas Sarkozy s’est toujours senti proche des questions relatives à la religion, notamment le christianisme, avec une part de sincérité mais aussi d’électoralisme. L’UMP est loin d’être battue même s’il a de plus en plus tendance à faire jeu égal avec le FN. L’électorat catholique est bien sûr loin d’être important au moment des élections mais il apporte toutefois des voix non négligeables. Marine Le Pen pourrait en avoir besoin pour 2017 !
14:24 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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